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Secret of Mana HD
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Secret of Mana HDÉcoutez mon secret
On serait bien ambitieux de prétendre présenter Secret of Mana par le biais de cette refonte intervenue plus de 20 ans plus tard. En revanche, étant donné l'accueil plus que mitigé qu'elle a reçue en son temps, il n'est pas inutile de se poser la question de savoir ce que vaut vraiment cet opus «HD». Avec un peu de provocation, nous pouvons même nous demander s'il ne s'agit pas, tout simplement, de la meilleure version de ce soft légendaire. Ce dont nous nous souvenonsSecret of Mana occupe une place tout à fait singulière dans l'histoire personnelle de nombreux gamers ayant flirté avec la dizaine dans les années 1990. En ces temps lointains où la meilleure console strictement française pour les amateurs de RPG s'appelait peut-être bien la MegaDrive (déposez votre réclamation ici > ...), l'aventure colorée de Squaresoft aura captée le regard de quiconque le croisa, même dans les pages d'un magazine en proposant l'interminable soluce. Et je parle, pour le coup, en connaissance de cause puisque je me rappelle l'étonnement, l'émerveillement provoqués par les simples images de ce périple qui semblait une incroyable épopée. Et quand nous le voyions tourner : ô miracle onirique ! ô mélodies sublimes ! Enfin, il faut bien redire que le fait de pouvoir jouer à deux voire à trois joueurs fut une plus-value non-négligeable, promettant des nuits blanches pleines d'amitié et de découverte pour ceux qui eurent l'audace de négliger les examens afin de se lancer dans la conquête de l'Épée Mana.
Secret of Mana, pourtant deuxième épisode d'une série dont le premier est aussi sorti chez nous, n'est pas qu'un grand souvenir : c'est un mythe. C'est le jeu que l'on évoque les yeux s'enflammant, dans les conversations entre crânes dégarnis ! Et il faut bien admettre que le colosse en avait sous le capot : sprites énormes, paysages variés, musiques destinées à se graver pour l'éternité dans les mémoires (les premires notes de l'exploration, les boss, les villages...), épopée s'étendant sur plusieurs dizaines d'heures, pics de difficulté résonnant comme de véritables rites de passage... Lorsque nous nous retournons, nous entendons avec nostalgie le tocsin de notre jeunesse. Ce que le remake nous rappelleL'avantage d'un remake aussi fidèle, c'est qu'il nous donne l'occasion de nous retrouver à nouveau face à un jeu auquel nous avons accordé, au fil des années, une valeur affective grandissante. Or, lucidement, les premiers défauts qui s'en dégagent sont... les défauts du jeu d'origine !
Nous procéderons par ordre, sans état d'âme, afin que se présente au jugement de l'histoire un monument déjà passé à la postérité. Du côté du système de jeu, malgré quelques gimmicks sympathiques comme le très pratique et très esthétique anneau de commande, Secret of Mana est un A-RPG relativement banal se distinguant dans le mauvais sens par un rythme relativement mou, du fait de cette sempiternelle barre – que les épisodes suivants effaceront peu à peu. Par ailleurs, si les magies sont nombreuses, il faut bien reconnaître que le farming prend beaucoup de temps : ceci étant associé à une difficulté parfois farfelue, l'aventure dans sa totalité se retrouve hachée du fait de séances quasi obligatoires consistant à répéter toujours les mêmes sorts afin d'augmenter la puissance des éléments. Toutefois, si nous nous souvenons de Secret of Mana, c'est principalement pour son univers, que le remake assez cheap retranscrit plutôt bien (nous reviendrons en particulier sur le cas de la bande-son). Les premiers pas aux alentours de Poto se révèlent toujours aussi enivrants mais... n'avions-nous pas banni de notre mémoire que, en plus d'un scénario aussi épuré que sybillin (du fait d'un projet avorté puis transformé ?), l'atmosphère du périple se dégrade dans la seconde partie du jeu ? Le pinacle n'est-il pas atteint dans la forêt des quatre saisons pour s'enfoncer ensuite dans un mélange urbain bien plus fadasse ? On aurait tort, sur ce point, d'accuser une reprise qui sonne comme un simple refrain. Finalement, si ce remake a été si mal accueili, n'est-ce pas parce qu'il nous mettait devant le nez ce que Secret of Mana était vraiment, et ce que nous étions vraiment, à savoir de jeunes joueurs peu habitués aux grandes productions japonaises, alors même que son petit frère allait l'enterrer quelques années après ? Surtout le Pour; le Contre aussiBien que Visions of Mana soit venu nous rappeler récemment (dans le sillage d'une reprise bien calibrée de l'épisode roi) que Secret of Mana soulevait quelques nuages de poussière, cette version HD nous gratifie en réalité de quelques qualités au premier abord insoupçonnées. Évidemment, une refonte plus profonde de certains aspects dont l'équilibrage des magies aurait sans doute été un vrai progrès. Bien sûr, la nouvelle bande-son présente, concernant certaines pistes, des choix étrangement criards (comment pardonner les notes accompagnant l'intérieur du Fort Mana ?). On ne cachera pas non plus que l'absence d'un mode multijoueur a tout simplement amputé Secret of Mana de son option maîtresse. Toutefois, aussi paradoxal que cela puisse paraître après ces lourdes critiques, cette version (pour peu que l'on joue tout seul) est probablement la meilleure. Je m'explique. Du côté esthétique, passée la légère déception de ne pas avoir affaire à une refonte en 3D charmante, l'impression est finalement bien agréable. Par ailleurs, le style du jeu original est largement respecté, malgré des couleurs dont l'effet est moins chatoyant que ne le fut celui de l'époque : des passages critiques comme la forêt des quatre saisons, ou encore les différents palais élémentaires parviennent encore à ravir. On notera même une animation d'une qualité infiniment supérieure au jeu Super NES. Attention, sur ce point, aux souvenirs trompeurs ! Les personnages de Secret of Mana se mouvaient avec raideur et descendaient les escaliers de façon... peu aérienne ! Reste la question épineuse de la musique : l'OST arrangée est moins mauvaise qu'elle n'en a l'air et il est toujours possible d'écouter l'ancienne. Concernant le gameplay, les quelques retouches ayant été apportées vont dans le bon sens : la difficulté est plus cohérente, quoique l'équilibrage des magies ait tendance, cette fois, à rendre le jeu trop facile (chacun se retournera vers son miroir pour tenter de comprendre pourquoi il a tout de même fait progresser toutes ses magies jusqu'au niveau maximum). Cela se révèle toutefois plus agréable que de se casser systématiquement les dents sur les boss ! Par ailleurs, le jeu est légèrement plus souple dans ses collisions et les alliés un tout petit peu moins bêtes – il faut dire qu'il y avait une sacrée marge ! On notera également l'ajout de petites saynètes à l'occasion des nuits à l'auberge : le joueur pressé y verra des tentatives de remplissage, le passionné sera heureux de voir développer un peu les caractères de personnages dont, à l'époque, nous connaissions à peine le nom. L'absence de mode multijoueur rend fièrement service à la version d'origine qui reste, pour l'heure, la seule permettant d'entretenir de puissants liens d'amitié. Pour tout le reste cependant, si l'on excepte le mode «turbo», cette version est une amélioration de l'original sur de nombreux points. On en aurait voulu encore plus et, rétrospectivement, le Trials of Mana a montré qu'il y avait sans doute mieux à faire pour mettre en valeur les qualités de cette série. À un nouveau joueur, toutefois, qui ne serait pas particulièrement versé en grosses cartouches, je ne saurais déconseiller de s'essayer à cette itération, plus fluide et plus équilibrée.
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