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Tengai Makyou II: Manjimaru
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Tengai Makyou II: ManjimaruCe n'est pas sans une certaine retenue, un peu forcée, que nous sommes fiers de vous présenter la review de l'un des jeux les plus aboutis de son genre. Une famille de jeux qui devient aujourd'hui de plus en plus dirigiste, le RPG. Mais nous ne sommes pas ici en présence de n'importe quel titre gonflé à la synthèse et vide de tout sens. Non, nous allons découvrir l'un des plus grands ténors de sa catégorie. Un titre qui côtoie à égalité des Lunar: Eternal Blue, Final Fantasy VI ou Shining Force. Un jeu qui de par sa réputation même fait office de référence encore aujourd'hui. Mais pourquoi aujourd'hui ? Tout simplement parce que notre célébrité du jeu vidéo date de 1992, et que, encore aujourd'hui, il fait office de bombe en matière de profondeur, de scénario, de longévité... Vous l'aurez compris, ce titre, autant vous le dire tout de suite, possède une force de jeu qui en fait un mythe.
Ce RPG si convoité se nomme Tengai Makyo II Manjimaru dans son titre nippon et Far East Of Eden 2 dans le reste du monde. Ainsi, dans les lignes qui vont suivre, vous allez découvrir un RPG fabuleux, qui de par ses qualités, a été réédité dans une version modernisée sur Game Cube et Playstation 2, onze ans après. Preuve que le meilleur des jeux passera toujours les années sans encombres. Mais ici, point de graphismes "128 bits", nous ne parlerons que de la version d'origine, celle par qui tout a commencé. La PC-Engine, alliée à son Super CD-ROM², va vous faire voyager dans un royaume où humour et drame s'entremêlent avec brio. Alors, commençons notre voyage à travers le temps, direction 1992 !
Sengoku ? Oui, c'est moi, Sengoku Manjimaru. J'habite un petit village tranquille nommé Shirakawa situé dans la province de Hida de notre beau royaume de Jipang. On raconte beaucoup d'histoires sur moi. Il paraîtrait même que je suis un illustre descendant du clan du feu, celui-là même qui aurait terrassé les 7 Ankoku Ran, mais je n'en crois rien, ce ne sont que de vieilles légendes... Il faut dire que j'ai du tempérament, les gens du village m'aiment bien mais ont tendance à me prendre pour un voyou glouton et impoli. Mais ma chère mère sait bien que je ne suis pas ainsi. Aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres, c'est l'investiture de Tycoon, notre nouveau Roi, celui qui dirigera le royaume de Jipang. J'aimerais être à sa place, mais je ne suis pas un Roi. A défaut, moi et toute la bande ont à préparer un plan pour être aux premières loges, mais il y a un problème, je ne peux pas sortir, les gens du village me cherchent, encore une fois, ils ne savent vraiment pas s'amuser... Peu importe, je dois aller à Taka, c'est là que se passe la fête et je ne raterai ça pour rien au monde. Les autres m'attendent : comment sortir ? C'est simple, une corde, la fenêtre de ma chambre, et hop, me voilà auprès de ma chère bande. Les autres racontent partout que nous ne sommes qu'une bande de sales gamins, tant pis pour eux... Le temps de réunir tout le monde, ah oui, ne pas oublier le chien, et en route pour Taka ! Alors, vous me suivez ? Bienvenue dans le Japon féodal, oublions un instant la mythologie nordique du Seigneur Des Anneaux pour nous plonger dans l'Heroïc-Fantasy asiatique du royaume de Jipang, un monde où chaque village a sa personnalité, où chaque habitant a son "petit truc", sa petite blague pour détendre l'atmosphère. Un univers atypique qui fait de Far East of Eden un RPG des plus attachants, que ce soit par l'ambiance, la bande sonore ou même les dialogues pourtant parfois réduits à leur plus simple expression. Ici, pas de "bouiboui" philosophiquo-romanesque, pas de dialogues à rallonge pour augmenter artificiellement la durée de vie. Juste l'essentiel, droit au but et ça fait du bien. En effet, Tengai Makyo II fait partie des premiers RPG très élaborés au niveau de l'univers sans pour autant nous servir des cascades de détails inutiles à la progression du jeu. Cependant, cette qualité, qui n'en était pas forcément une en 1992, est aujourd'hui avérée. En effet, l'on est loin d'un Final Fantasy X au gameplay pré-calculé avec sa carte, sa flèche rouge et ses tonnes de texte. Ici, il faudra faire fonctionner votre bon sens et parfois votre jugeote. Votre imagination sera elle aussi mise à contribution, car si le monde de Far East of Eden II est riche, c'est parce-que votre promenade tout au long du jeu vous fera découvrir peu a peu les détails de l'histoire sans pour autant plomber le suspense ou allonger un scénario déjà bien rempli. Vous prendrez plaisir à l'histoire au fur et à mesure que l'on vous donnera de plus en plus d'éléments au fil du jeu. Le moindre village sera alors prétexte à une recherche vous poussant à vouloir connaître le fin mot de l'histoire. C'est ce qui fait toute la sève de Far East of Eden II. D'autant plus qu'il existe tout au long du jeu et de façon assez régulière des scènes cinématiques toujours prenantes, non pas pour le remplissage mais tout simplement pour vous montrer, vous expliquer ce qui ne peut l'être avec le moteur du jeu. Chaque scène est prétexte à vous en montrer plus, vous faire découvrir les tiques et petites manies rigolotes de vos compagnons et même celles des boss. La mise en scène du jeu tient une part très importante dans le déroulement. C'est tout à fait normal, mais ici, elle est très travaillée, pas uniquement au niveau du script qui s'avère plutôt classique dans son déroulement, mais l'effort fait au niveau des divers protagonistes du jeu est tout simplement affolant pour l'époque. Et même en japonais, le caractère des personnages transparaît malgré la barrière de la langue. L'un des boss, Nikuske, personnage vraiment cruel qui mange les Hommes en soupe a fait l'objet d'un doublage particulièrement opposé mais finalement très adapté à son image et possède une voix de Drag Queen à tendance fortement "cuir et fouet". Très drôle. C'est ce qui fait la force de Far East of Eden II, un scénario travaillé dans le jeu et non pas dans des scènes cinématiques passives. Cela dit, ce petit bijou ne s'arrête pas uniquement sur un scénario et une mise en scène bien ficelés.
Le plaisir d'un Far East of Eden II se retrouve aussi dans son gameplay, classique, sans fioritures mais efficace, parfois même un peu trop à l'ancienne. En effet, pour ce qui est des déplacements, vous avez à votre disposition une carte du monde avec les divers endroits où vous pouvez vous rendre. Le monde de Jipang est composé d'une douzaine de régions gardées par des postes frontières qu'il vous faudra franchir. Le problème est que ceux-ci ont été envahis par les Ankoku Ran et qu'il vous faudra les détruire pour pouvoir passer d'une région à une autre. La progression est donc très classique si ce n'est que vous n'avez pas de chemins prédéfinis ou de quêtes à faire "obligatoirement" car vos déplacements sont totalement libres et il vous arrivera parfois d'errer dans le monde de Jipang parce que vous aurez oublié de parler à quelqu'un ou de prendre un item-clef. Car si vos déplacements sont libres, il existe tout de même une limite et l'ordre dans lequel vous aurez à franchir les postes frontières reste tout de même prédéfini. Mais ce défaut passe finalement inaperçu puisque vous ne vous en rendrez pas compte au vu des nombreuses actions à accomplir. Vous serez rarement perdu et même si le Japonais reste une difficulté, il vous suffira de parler à tous les personnages et votre progression sera "débloquée". La liberté de progression est bien là, elle est juste guidée par un scénario. Mais que donne Far East of Eden II au niveau gameplay ? Le gameplay de Far East of Eden II est classique, les combats se font de façon aléatoire et vous ne voyez pas vos ennemis. Ceux ci sont assez dynamiques malgré leur trop grand nombre, et le peu de points d'expérience distillée par le jeu. Pour cela, il vous faudra passer par un levelling fréquent et presque imposé par la quête de vos pouvoirs magiques qu'il vous faudra avoir obligatoirement si vous voulez vaincre un boss ou passer un endroit particulier sur la carte. Ces magies peuvent se gagner mais la plupart du temps, elles vous seront apprises à la manière d'un Zelda II et ce sera à vous de les trouver. Les combats se déroulent de face, système hybride entre Phantasy Star pour l'affichage des ennemis de face, et Final Fantasy pour le tour par tour. L'interface des combat est simple et compréhensible facilement malgré le Japonais. Le système de magie est des plus classiques mais propre à Far East of Eden, tout comme l'interface des combats. En effet, certaines magies auront la possibilité de toucher plusieurs ennemis sans vous prendre plus de points magiques, pratique mais pas paramétrable. A vous donc d'utiliser la magie la plus adaptée à votre situation. En général, les boss ne sont pas trop coriaces même si sans certaines techniques vous ne pourrez pas les battre. Car en plus de vos magies, vos personnages ont des aptitudes bien particulières. Gokuraku Tarô par exemple est une brute en combat, mais vous aurez toutes les difficultés du monde à l'équiper correctement. Certains autres protagonistes de votre "party" seront spécialisés dans la magie comme Kinu qui se trouve être trop chochotte pour frapper ses adversaires, seule la magie sera son alliée. Comme vous pouvez le constater, le gameplay reste classique mais souvent relancé par d'autres éléments bien sympathiques.
Far East of Eden II trouve son originalité de par la scénarisation alliée au gameplay. Pendant votre aventure, vous serez donc amené à visiter les régions qui composent le royaume de Jipang. Chaque région est prétexte à relancer votre intérêt pour l'histoire et le jeu en lui-même. Vous traversez une région désertique ? Qu'à cela ne tienne, on mettra à votre disposition un carrosse, rien que ça, il sera attelé à des... Araignées qui se feront un plaisir de vous conduire à bon port. Mon préféré restant le bateau en papier. C'est plus d'une dizaine de moyens de locomotion qui vous seront proposés, chaque région possédant ses coutumes et son moyen de déplacement. A chaque changement, vous serez dépaysé et charmé par autant d'imagination de la part des développeurs. Tout comme dans Popful Mail, vous aurez l'occasion de voir les "bad boys" de l'histoire se délecter de vos péripéties au travers de cinématiques toute aussi bien réalisées et formidablement bien doublées. L'attrait majeur de Far East of Eden II est surtout ce savant mélange entre drame et humour. Votre compteur émotionnel fera des bonds à coup sûr. Techniquement, le jeu fait honneur à la petite console de NEC. Sans pour autant exploser la prouesse technique, Far East of Eden II met à contribution toutes les capacités de la PC-Engine et de son Super CD-ROM². Graphiquement, le design reste sobre et mignon, les personnages sont attachants même si les sprites sont un peu petits lors des déplacements, cela dit, tout ce petit monde s'intègre parfaitement bien dans ces décors typiquement japonais, colorés de dominantes rouge, verte et jaune. Graphiquement, le jeu est chatoyant. Les cinématiques ne sont pas en reste avec un dessin stylé propre à la série, seul bémol, l'animation des séquences cinématiques a un peu vieilli, le système d'image par image est là un peu dépassé et le doublage par piste audio trouve ses limites à cause, parfois, d'une certaine désynchronisation entre les images et le son, mais cela reste très rare. L'animation lors des combats reste très sommaire, clignotements et autres effets de couleur, ça reste assez décevant. Seuls les boss ont bénéficié d'un meilleur soin. Il faut savoir tout de même qu'à l'époque l'animation dans les RPG n'était pas le point le plus important pour les développeurs. Nous passerons donc l'éponge sur cet aspect. Au niveau sonore, c'est un mélange de pistes audio lues directement sur le CD, de musiques et voix générées par la console et le Super CD-ROM². Pendant le jeu, les voix sont en PCM, ce ne sont pas des pistes audio. Le doublage est parfait et l'élocution tout à fait audible. Mais le Super CD-ROM² accuse de son âge et de ses faibles capacités sonores. Les doublages "in game", malgré leur qualité, ont une tendance à vous rappeler votre vieux "mange disque" et le son typique des vinyles. Rien de bien méchant. Les musiques, quant à elles, ont fait l'objet d'un soin très particulier et ont sans doute leur importance dans l'ambiance fantastique de ce jeu. Là aussi, il y a 2 types de musiques. Les pistes audio et les musiques générées par la PC-Engine. Quelques pistes ont été composés par Joe Hisaishi, le compositeur vedette de Kitano et Miyazaki, on reconnait sa patte. De plus, même le "synthétique" des musiques (par Hirohiko Fukuda) générées par la console arrive à avoir un charme particulier. Far East of Eden II, c'est du tout bon techniquement. Les graphismes sont agréables malgré l'âge du jeu, les musiques n'ont pas vieilli et les déplacements des personnages ainsi que l'animation des scrollings ne se traînent pas, et l'on n'est pas à pester contre des personnages trop lents.
Vous l'aurez compris, Far East of Eden II est un titre qu'il faut connaître absolument pour tout fan de RPG qui se respecte. Il subsiste un léger défaut qui n'en n'est pas réellement un, c'est la langue. En effet, ce RPG aussi bien soit-il, reste en Japonais. Ceci n'est pas gênant pour les divers menus que l'on situe très vite, ou la progression qui est plutôt instinctive, mais pour l'histoire qui, dans tout RPG, tient une part importante du jeu, ça devient plus ennuyeux. Cependant, ne vous découragez pas, car même si la langue reste un obstacle pour le joueur lambda elle le sera moins pour un habitué du RPG, surtout pour un jeu aussi classique et prenant que Far East of Eden II. Les grandes lignes du scénario sont toutes palpables sans une once de texte. Il reste tout de même dommage que cette "Mona Lisa" du RPG reste inconnue de la plupart des adorateurs du genre, c'est à vous de faire l'expérience et de vous plonger dans le monde de Jipang et surtout, dans le charisme extraordinaire de tous ses personnages. A la manière d'un Dragon Quest, Far East of Eden II nous fait rêver et surtout nous prouve que malgré toutes ces années, les belles histoires ne disparaissent pas avec le temps. Far East of Eden II possède cette force qui fait des meilleurs jeux vidéo des œuvres uniques qui traversent les époques et les modes tout en continuant à nous faire rêver. I Will Protect You Telle l'Orchidée à laquelle l'on prête tantôt la plus belle robe ou le plus maléfique des poisons, c'est tout le charme et le mélange d'un Tengai Makyo II, superbe et envoûtant à la fois.
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