Inutile de préserver un quelconque suspense : la principale qualité de Monster Hunter Freedom est son ambiance. Parfaitement mis en valeur par la splendeur graphique du titre, le sentiment d’immersion se voit renforcé par un habillage sonore proche de la perfection. Saluons à ce sujet l’audace de Capcom qui, plutôt que de noyer le joueur sous des nappes orchestrales indigestes, a pris le pari de limiter les passages musicaux au minimum syndical. Ne restent alors que les effets sonores saisissants : chants d’oiseaux, vent soufflant dans les branchages, cris d’animaux, bruit apaisant d’un torrent de montagne… On se prend même à s’arrêter l’espace d’un instant, oubliant les ordres de mission, la faim qui petit à petit s’installe ou même un sanglier géant chargeant toutes cornes dehors. Là, face à cette vallée luxuriante, modélisée avec soin, à ce désert hostile, à ces ruines en pleine jungle ou sous la pleine lune dans un sombre marais, on est bien.

Et c'est presque à regret qu'on sort de cette torpeur pour s'attaquer au cœur du jeu: la chasse. Car Monster Hunter Freedom ne se contente pas de reprendre le bestiaire de la préhistoire, il en reproduit aussi fidèlement les impératifs : se nourrir, se défendre, survivre. En ajoutant une petite fantaisie personnelle : récolter un p***** d'équipement à faire pâlir de jalousie la Terre entière.

Au programme du chasseur "ou de la chasseresse" que vous incarnez : chasse, pêche (nature et traditions sont en option) mais aussi cueillette et activités manuelles. Si les trois dernières activités sont aisées (et même plutôt amusantes), la première nommée se révèle être la grande faiblesse de Monster Hunter Freedom. Chasser les grands herbivores du début du jeu est assez aisé voire plaisant. Ils ne se défendent guère, courent moins vite qu'une tortue au galop et fournissent gracieusement de la viande fraîche sans trop râler. Les choses se corsent en revanche lorsque arrivent les premiers carnivores. Vifs, rapides et coriaces, les Velocipreys font passer un très mauvais moment au joueur lorsqu'ils attaquent en groupe, non pas grâce à leur intelligence artificielle (celle-ci se révèle très limitée), mais parce qu'ils mettent cruellement en lumière le manque d'ergonomie du jeu, voire de la console elle-même. Le joueur doit déployer des trésors d'ingéniosité s'il veut déplacer la caméra (placée sur la croix directionnelle) en même temps que son personnage (dirigé avec le disque analogique). Et pendant ce temps, les créatures hostiles, cruellement insensibles aux problèmes de maniabilité du personnage principal, continuent d'attaquer inlassablement. Quelle impolitesse, vraiment... Et ce qui devait être une partie de chasse amusante se mue en calvaire pour le joueur, obligé de jongler entre potions de survie (concrètement inutilisables une fois l'arme dégainée), caméra capricieuse et ennemis féroces. Certes, le jeu est plutôt généreux en termes de barre de vie et le joueur bien préparé parviendra toujours ou presque à éviter le décès. Mais le plaisir de jeu, lui, s'évapore hélas bien vite.

Ce défaut de conception est d'autant plus regrettable que le reste du jeu se révèle de très bonne qualité. La richesse du système de combinaison d'objets, la variété des quêtes, l'esthétique réussie du bestiaire, la beauté des environnements... tout concourt à faire de Monster Hunter Freedom un excellent jeu. Si seulement le système de combat avait suivi le mouvement...

Ignis 11/06/2006

La qualité graphique L'immersion L'accompagnement sonore La profondeur de jeu

L'ergonomie manquée Répétitivité du mode un joueur

TECHNIQUE 4.5/5 BANDE SON 4.5/5 DUREE DE VIE 3/5