Après plus de 25 ans d’existence, 8 générations de jeux étalés sur 20 jeux, Game Freak a décidé de bousculer une formule qui fonctionnait et faisait ses preuves et de changer tous ses codes. Un paris risqué et osé quand les opus précédents étaient parmi les plus vendus de leur saga. Mais ce nouveau titre est-il la révolution que tous attendaient tel le messie ? Ou un pétard mouillé aux trop grandes lacunes ?
On prend tout et on repart de zéro
La première chose que l’on remarque dans ce Pokémon, c’est qu’à l’instar d’un Breath of the Wild, il brise la grande majorité des codes de sa série.
Le jeu commence non pas avec le discours habituel du professeur, mais par Arceus lui même, nous expliquant notre mission, avant de nous lâcher du haut d’une faille dans un hisui des temps anciens. De là, au lieu de nous faire commencer par le choix du starter, le jeu nous familiarise avec le système de capture avec un petit tuto demandant d’attraper les 3 galopins.
Dès les premières minutes, Légendes Arceus nous met dans le bain, on ne joue pas à un Pokémon classique. On appréhende un espace ouvert telle une mini terre sauvage, on peut grimper les dénivelés, les commandes sont bien différentes des jeux pokémon (et même de la majorité des jeux), et une fois arrivé dans la première zone du jeu, après une petite séquence nous présentant les 3 types de comportement des créatures, l’infiltration, l’esquive, les combats, le craft, le jeu nous lâche dans ses zones ouvertes.
Et bon sang, que cette liberté d’action fait du bien !
Une ode à l’exploration… façon Pokémon !
Légendes Arceus ne se contente pas de juste bouleverser ses codes, son monde est clairement le point fort du jeu ! Les zones ne sont ni trop vides, ni trop remplies, avec des points d’intérêts, des recoins cachés et plein de Pokémon qui n’attendent que d’être attrapés… ou de vous attaquer !
A chaque nouvelle zone que vous découvrirez, le jeu vous permettra dès le départ de partir à son exploration. Vous pourrez totalement esquiver l’histoire principale et partir dénicher des éléments pour le craft, des Pokémon rares, et compléter quelques quêtes secondaires.
Chaque zone du jeu est en deux temps : une première partie vous fait accéder à une nouvelle monture et la deuxième vous fera affronter le monarque de la zone. Si la structure est assez redondante et prévisible, l’accession à une nouvelle monture est toujours un bon moment, rajoutant encore plus de possibilités d’exploration ! L’exploration devient d’ailleurs vraiment agréable à partir du moment où l’on récupère la première monture.
Et on attaque le plus gros point fort du jeu, sa fluidité ! Une simple pression de bouton vous permet d’accéder à votre monture, et au fur et à mesure que vous aurez accès à de nouvelles, le changement s’effectue tout seul, aucun menu où aller, passer de la terre à l’eau change instantanément de monture, coller une falaise vous propose de changer de monture juste en appuyant sur A, sauter dans le vide ou faire un haut saut vous propose de changer pour voler, fini le vieux système de CS ou celui de soleil et lune qui imposaient d’assigner des Pokémon aux touches (et il y avait plus de montures que de touches)
Idem pour la capture et les combats, tout se fait sans transition, plus de temps mort, vous pouvez fuir juste en vous éloignant, vous décidez d’où et quand vous lancez vos objets ou balls. Le jeu a un excellent flow qui rend son exploration et la capture de Pokémon plaisante. Toutes les actions s’enchainent de manière fluide et, très clairement, on ne peut que féliciter Game Freak qui ne nous avait pas habitué à cela. Ils font même bien mieux que certains gros titres.
Cependant, si l’exploration et la capture qui représentent le cœur du jeu, sont les éléments les plus réussis, tout n’est pas tout rose dans le royaume d’Arceus.
Des choix pas toujours optimaux
L’ergonomie de ce Pokémon est… particulière. L’assignement des touches risque de vous perdre au début, avec son menu sur une touche directionnelle, le bouton de course sur le stick mais le fait de s’accroupir sur le bouton B, et il vous arrivera souvent de lancer une ball de Pokémon au lieu d’une pokéball vide, et vice versa, vous faisant gaspiller des ressources inutilement, ou lancer des combats quand vous ne le souhaitez pas. On prend le pli, mais ce n’est tout de même pas intuitif.
Certains choix, même si compréhensibles, cassent légèrement le flow du jeu, en début de partie en tout cas. Les poches sont limitées en taille et vous arriverez très vite à saturation, devant alors faire régulièrement des allers-retours à un camps pour vous vider. Il y a moyen d’augmenter le nombre d’emplacements, mais le prix de ses derniers devient vite prohibitif.
Si l’ambiance sonore du jeu est réussie, son ambiance musicale, elle, est plus contrastée. Les musiques sont de bonne facture, mais très peu présentes. Très souvent, vous n’entendrez que le bruit de la nature, et leur présence semble presque aléatoire. C’est dommage de ne pas pouvoir davantage en profiter, surtout qu’elles peuvent très vite être remplacées par le thème des Pokémon agressifs, que vous entendrez très souvent, ou celle des barons. On se retrouve à entendre quasiment toujours le même thème en boucle, thème un peu répétitif, et c’est vraiment dommageable, certaines musiques étant superbes, les réorchestrations discrètes de diamant et perle étant bien rendues.
Les combats de Pokémon ont aussi été revus en profondeur, et le résultat est mitigé ; très peu de dresseurs, un système de tours confus, des attaques retirées, le fait que vous pouvez vous faire agresser par 4 Pokémons en même temps, les combats sont peu nombreux, peu intéressants, et vous préfèrerez largement capturer les Pokémons de manière furtive qu’en les combattants, le jeu ne vous y incitant pas vraiment (hormis pour spammer des attaques et styles pour les taches du pokédex). En parlant de style, la nouveauté de cet opus, ces derniers s’avèrent finalement être un pétard mouillé, très souvent le style rapidité ne vous permettra pas d’attaquer deux fois d’affilée, mais parfois le style combat ne vous coutera que 2 PV, sans aucune autre contrepartie. Cela rend ce système plutôt confus et la frustration pointe vite le bout de son nez quand le Pokémon adverse nous attaque 3 fois d’affilée sans que l’on puisse rien faire pour s’en prévenir. Les anciens combats de la série étaient bien plus équilibrés à ce niveau là (en plus d’offrir tout un panel stratégique ici absent)
Notons tout de même les combats contre les monarques, basés exclusivement sur l’esquive et le lancer de « boules pacifiantes ». Tel un dark souls, le jeu vous imposera d’apprendre un pattern et de comprendre les ouvertures de votre adversaire pour ne pas vous prendre de coups. Certains combats sont particulièrement ardus, la zone d’esquive étant restreinte ou bien lorsque le Pokémon a des attaques vous suivant. Un vrai plaisir pour le coup, qui offre un vrai sentiment de satisfaction une fois terminé (pour les plus jeunes, il y a moyen de reprendre au moment de sa « mort », mais vous pouvez reprendre le combat de zéro) Un peu de difficulté dans un Pokémon, c’est assez peu commun pour être souligné. Pour le reste du jeu, cela dépendra de plusieurs facteurs, le farm étant bien évidemment la réponse à tout. Parlons maintenant du vrai sujet qui fâche…
Une technique juste honteuse
Et là, le bât blesse. Légende Pokémon Arceus a tout simplement une technique indigne de son support et de son temps. On pouvait reprocher des choses à ce sujet pour Pokémon Epée et Bouclier, mais si la distance d’affichage des Pokémon et éléments interactifs est meilleure pour légendes, pour le reste, EB fait mieux. Au delà d’une vingtaine de mètres, plus rien. Plus d’arbres, plus de rochers, plus aucun élément, juste des montagnes et rivières vide aux textures pas très belles qui se répètent de manière très visible. Et si ce n’était que les éléments qui apparaissaient proches du joueur, mais les ombres sont affectées, et surtout, les falaises ! Vous verrez les falaises de ce jeu changer de forme en permanence ! Cette distance d’affichage ridicule fait que le monde paraît vide, ironique quand on a l’un des Pokémon principaux les plus vivants qui soit.
Quoi que vivant est peut-être un terme un peu fort. On voit des Pokémon se balader dans des zones spécifiques, parfois dormir, mais au final, ils n’interagissent pas entre eux, ils errent comme ça, parfois presque au hasard. Ils réagissent au joueur, mais si vous vous prenez à les observer dans leur environnement, vous verrez des pokémon grimper aux arbres, ou se prendre des murs / sauter en arrière sans raison, on ne sait même pas si c’est l’IA qui a du mal, le décor qui vient d’apparaître, ou si cela est normal. On notera aussi que plus un Pokémon est éloigné, plus sa fluidité et son nombre de polygones baisse. Et pour certains Pokémon, la différence de polygones est très visible. Tout comme ceux animés sur 3 fps dans le fond, ça se voit.
On notera également des assets multipliés dans une même zone, des herbes 2D qui pivotent sur elles même (l’herbe d’épée et bouclier était mieux faite, on est loin du résultat de breath of the wild), des éléments de décor qui volent, pas de traces de pas dans le sable ou la neige, des shaders bugués, de l’aliasing de toute part, des textures buguées sur l’eau, des trous dans des parois des grottes donnant sur le void (quasiment aucune grotte dans le jeu d’ailleurs), et un effet de brouillard quand on quitte la zone qui n’a aucun sens. Heureusement que la direction artistique sauve un peu les meubles !
Légende Pokémon Arceus a des défauts, et fait presque office de prototype. Ses ainés font souvent mieux sur plusieurs points, mais il possède tout de même des qualités et un charme certain. A défaut d’être un excellent jeu, il propose une bonne base pour le futur de la saga. Une base à améliorer, étoffer, compléter avec des fondamentaux de la série, une base qui nous promet un avenir intéressant pour la saga. Un renouveau véritablement plaisant.
06/04/2022
Un monde plus vivant que jamais…
Une fluidité de jeu rendant l’exploration très agréable
Un jeu moins dirigiste que d’habitude
Beaucoup de contenu annexe…
De meilleures animations, des personnages plus expressifs
Arceus est un prototype d'une nouvelle forme de Pokemon qui d'un côté est rafraichissante mais de l'autre ne fonctionne pas encore par manque de polish, budget, et itérations de design.
Arceus est un prototype d'une nouvelle forme de Pokemon qui d'un côté est rafraichissante mais de l'autre ne fonctionne pas encore par manque de polish, budget, et itérations de design.
J'avais vendu du rêve à mes filles en leur promettant avec ce jeu un Breath of Pokémon, elles qui adorent la liberté offerte dans le dernier épisode des aventures de Link et qui ont beaucoup apprécié Pokémon Epée (malgré ses défauts indéniables).
Pour faire court, le système de jeu de ce Pokémon n'est pas désagréable mais on a l'impression de découvrir un jeu prototype pas terminé et plutôt moche (les décors en tout cas) avec un scénario inachevé.
Malgré tout je me suis laissé prendre par l'envie de compléter le Pokédex et par certaines mécaniques (par contre je n'ai pas apprécié le système d'initiative où la vitesse ne donne plus l'assurance de jouer en premier).
C'est une bonne chose d'avoir voulu renouveler la recette, une belle prise de risque je trouve, mais beaucoup de points restent à perfectionner.
Les cartes manquent de secrets à découvrir, de donjons, d'explorations, de surprise.
Un jeu vite rangé une fois terminé.
J'avais vendu du rêve à mes filles en leur promettant avec ce jeu un Breath of Pokémon, elles qui adorent la liberté offerte dans le dernier épisode des aventures de Link et qui ont beaucoup apprécié Pokémon Epée (malgré ses défauts indéniables).
Pour faire court, le système de jeu de ce Pokémon n'est pas désagréable mais on a l'impression de découvrir un jeu prototype pas terminé et plutôt moche (les décors en tout cas) avec un scénario inachevé.
Malgré tout je me suis laissé prendre par l'envie de compléter le Pokédex et par certaines mécaniques (par contre je n'ai pas apprécié le système d'initiative où la vitesse ne donne plus l'assurance de jouer en premier).
C'est une bonne chose d'avoir voulu renouveler la recette, une belle prise de risque je trouve, mais beaucoup de points restent à perfectionner.
Les cartes manquent de secrets à découvrir, de donjons, d'explorations, de surprise.
LPA est une tentative intéressante de donner un coup de neuf à une licence qui n'avance que par à-coups depuis son commencement, mais il ne faut pas trop forcer pour craquer le vernis et en voir les limites.
La nouvelle approche de la formule combat / exploration, sur laquelle on a collé du craft et du semi-monde ouvert marche plutôt bien et est addictive, tout s'enchaine bien du début à la fin, mais passé les premières heures on voit que le jeu aime bien se mettre des bâtons dans les roues : entre les idées qui se contredisent (les failles), qui manquent de polish (les boss, les nouvelles mécaniques en combat), qui ne fonctionnent tout simplement pas (toute la partie aquatique), l'épopée cumule les petits agacements tout le long. Et je ne parle pas de celles qui sont une régression ; voir l'outil communautaire réduit à peau de zob fait mal, et c'est l'incompréhension de voir un système de boites autant à chier, encore plus dans un jeu qui se focalise autant sur la capture et la gestion des pokémons (il manque aussi un équivalent à la pension, tiens). L'ergonomie en générale est pas ouf, d'ailleurs.
Outre le fait LP: Arceus est dégueulasse techniquement, et bordel que la liste des tares est longue, il manque surtout de vie : sorte de Terres Sauvages v2.0, Hisui est pas très joli ni très impressionnant à visiter, le sound design laisse à désirer, les bestioles errent au pif sur la carte, n'attendant que de se faire capturer ou combattre. Je trouve d'ailleurs que c'est est le plus gros échec du jeu : ce premier Pokédex de l'histoire va se construire à grands coups de capturer X fois, utiliser X fois une capacité, etc, on étudie la nature en lui tapant sur la gueule et en faisant grimper des jauges. Le niveau 0 du gamedesign quoi, "heureusement" la plupart des objectifs se font naturellement durant l'aventure, mais avoir un bilan comptable à remplir comme objectif principal rend difficile l'exercice d'immersion. C'est dommage que Game Freak n'ai pas cherché à mieux imbriquer cet aspect prétendument zoologique à la progression, aux quêtes annexes par exemple, qui elles aussi ne volent pas bien haut. Du coup on en vient vite à se contrefoutre de l'évolution du village, censé refléter la naissance des liens entre pokémons et humains, car tout n'est qu'objectifs chiffrés. Et on s'en coutrefout aussi car tous les NPC se ressemblent, sont cons comme des balais et n'ont aucunes animations. Une connerie qu'on retrouve dans l'histoire, très bavarde pour ne rien dire, et qui montre encore une fois que le studio n'a toujours pas saisi la nuance entre enfantin et infantile.
Ah oui et toutes les formes spécifiques à Hisui sont moches.
LP: Arceus fait un peine à voir, il ressemble plus à une espèce de prototype qui fonctionne de façon hasardeuse (et jamais vraiment en bien), mais j'ai vite fait grimper le compteur d'heures et il a fallut les dernières heures du post-game pour que je sois vraiment lassé. Donc c'était pas si mal, j'imagine ? Et peut être qu'il va être la première pierre vers une évolution de la série, en tout il en pose de bonnes bases. Je l'espère en tout cas, et l'espoir il faut au moins ça tant que Game Freak restera aux manettes et que le mastodonte commercial Pokémon dictera tout, sans opposition aucune.
LPA est une tentative intéressante de donner un coup de neuf à une licence qui n'avance que par à-coups depuis son commencement, mais il ne faut pas trop forcer pour craquer le vernis et en voir les limites.
La nouvelle approche de la formule combat / exploration, sur laquelle on a collé du craft et du semi-monde ouvert marche plutôt bien et est addictive, tout s'enchaine bien du début à la fin, mais passé les premières heures on voit que le jeu aime bien se mettre des bâtons dans les roues : entre les idées qui se contredisent (les failles), qui manquent de polish (les boss, les nouvelles mécaniques en combat), qui ne fonctionnent tout simplement pas (toute la partie aquatique), l'épopée cumule les petits agacements tout le long. Et je ne parle pas de celles qui sont une régression ; voir l'outil communautaire réduit à peau de zob fait mal, et c'est l'incompréhension de voir un système de boites autant à chier, encore plus dans un jeu qui se focalise autant sur la capture et la gestion des pokémons (il manque aussi un équivalent à la pension, tiens). L'ergonomie en générale est pas ouf, d'ailleurs.
Outre le fait LP: Arceus est dégueulasse techniquement, et bordel que la liste des tares est longue, il manque surtout de vie : sorte de Terres Sauvages v2.0, Hisui est pas très joli ni très impressionnant à visiter, le sound design laisse à désirer, les bestioles errent au pif sur la carte, n'attendant que de se faire capturer ou combattre. Je trouve d'ailleurs que c'est est le plus gros échec du jeu : ce premier Pokédex de l'histoire va se construire à grands coups de capturer X fois, utiliser X fois une capacité, etc, on étudie la nature en lui tapant sur la gueule et en faisant grimper des jauges. Le niveau 0 du gamedesign quoi, "heureusement" la plupart des objectifs se font naturellement durant l'aventure, mais avoir un bilan comptable à remplir comme objectif principal rend difficile l'exercice d'immersion. C'est dommage que Game Freak n'ai pas cherché à mieux imbriquer cet aspect prétendument zoologique à la progression, aux quêtes annexes par exemple, qui elles aussi ne volent pas bien haut. Du coup on en vient vite à se contrefoutre de l'évolution du village, censé refléter la naissance des liens entre pokémons et humains, car tout n'est qu'objectifs chiffrés. Et on s'en coutrefout aussi car tous les NPC se ressemblent, sont cons comme des balais et n'ont aucunes animations. Une connerie qu'on retrouve dans l'histoire, très bavarde pour ne rien dire, et qui montre encore une fois que le studio n'a toujours pas saisi la nuance entre enfantin et infantile.
Ah oui et toutes les formes spécifiques à Hisui sont moches.
LP: Arceus fait un peine à voir, il ressemble plus à une espèce de prototype qui fonctionne de façon hasardeuse (et jamais vraiment en bien), mais j'ai vite fait grimper le compteur d'heures et il a fallut les dernières heures du post-game pour que je sois vraiment lassé. Donc c'était pas si mal, j'imagine ? Et peut être qu'il va être la première pierre vers une évolution de la série, en tout il en pose de bonnes bases. Je l'espère en tout cas, et l'espoir il faut au moins ça tant que Game Freak restera aux manettes et que le mastodonte commercial Pokémon dictera tout, sans opposition aucune.