Fort d'avoir transformé le jeu de rôle tactique avec
Valkyria Chronicles,
Sega ne se fait pas prier pour offrir un deuxième opus. Pourtant, un peu à la surprise générale, ce second épisode voit le jour sur
Playstation Portable, au regret d'une certaine catégorie de joueurs. Alors est-ce que ce choix portera ses fruits ? Réponse dans ce test.
La Guerre reprend de plus belle
Deux ans après les évènements du premier Valkyria Chronicles qui voyait la grande guerre se finir sur la victoire de la République de Gallia, ce petit état indépendant se reconstruit peu à peu. Entre temps la princesse Cordelia prend logiquement le trône, même si c'est une "Darcsen", ancien peuple pointé du doigt pour avoir été au centre de batailles sanglantes par le passé. Tout irait pour le mieux si certaines factions attachées aux valeurs de leur pays ne percevaient pas ce gouvernement comme scandaleux. Ces derniers décident donc de monter une armée en vue de renverser le pouvoir et de redonner, selon eux, les lettres de noblesse à leur patrie.
En parallèle, l'académie de Lanseal poursuit son programme pour former l'élite de demain. C'est sous cette présentation qu'Avan Hardins, qui vit tranquillement dans sa campagne, va être convié à rejoindre cette académie où jadis était son frère aîné, disparu depuis. Celui-ci, considéré comme un grand soldat et n'ayant plus donné de nouvelles, Avan veut savoir ce qu'il est devenu. Question à laquelle il n'aura pas de réponse, car les circonstances de sa disparition sont classées top secrètes. Avan décide malgré tout de rejoindre cette école un peu particulière dans un contexte politique encore friable.
L'histoire de ce nouvel opus est davantage centrée sur les relations "scolaires" d'Avan et de ses nouveaux camarades, au sein de la Classe G. Tout en poursuivant son apprentissage, notre héros va tenter de trouver des réponses sur la disparation de son frère en se rendant sur le champ de bataille, car la guerre fait de nouveau surface et les hommes sont un luxe dont le pays ne peut se passer. La narration va du coup alterner entre vie à l'académie et phases de scénario sur le conflit en cours, perdant du rythme assez souvent.
Cela dit, quelques séquences sont bien senties, les personnages attachants et c'est avec un certain plaisir que l'on suit cette histoire construite comme un animé, même si on aurait apprécié un peu plus de dramaturgie et d'intensité.
Réalisation performante
Le passage sur une plate-forme moins puissante laisse des traces, notamment vis à vis de la patte Canvas qui donnait ce rendu si particulier au premier jeu, et qui disparait presque totalement ici. Presque, car le jeu, qui garde son esthétique aguichante et sa structure en livre, est composé de nombreuses séquences animées de très bonne qualité et d'un nombre important de CGs, le tout avec l'effet Canvas. Le rendu est superbe et c'est toujours un plaisir lorsque des chapitres proposent un habile mixage des deux. Le jeu propose deux phases distinctes, la première est en visual novel et se concentre uniquement sur les CGs avec de nombreux dialogues assez courts, la seconde concerne les batailles proprement dit.
Rien à dire sur les graphismes du jeu particulièrement saisissants pour notre chère PSP, même si, on le redit, la patte Canvas n'est plus. Les textures pour les unités ou décors sont convaincantes, l'animation est plutôt bien décomposée et le jeu est fluide en toutes circonstances. L'emploi des divers effets ajoute encore plus de crédit, avec des missions proposant d'intéressantes variations climatiques d'un tour sur l'autre. Du beau travail.
Un soin notable fut apporté au level-design du jeu, ce qui n'était pas gagné au vu du support. Les développeurs ont en effet astucieusement opté pour de petites zones reliées entre elles plutôt que des environnements ouverts et imposants comme pour le premier
Valkyria Chronicles. Le résultat est très ingénieux et surtout parfaitement en adéquation pour un jeu sur console portable. Sega offre au final un jeu tactique très beau au creux de la main, chapeau bas.
Une redite discutableHitoshi Sakimoto revient sur le devant de la scène
Valkyria avec quelques nouvelles compositions dans le ton du premier opus, mais surtout une redite impressionnante des thèmes de ce dernier. Si le plaisir de retrouver une bande-son de qualité est appréciable, cela n'aurait pas été de refus d'avoir davantage de nouvelles pistes. Maintenant on garde toujours les sonorités habituelles de l'auteur qui donnent un souffle épique aux joutes tactiques et permettent une immersion savoureuse dans l'univers proposé.
Les doublages anglais sont plutôt bons dans l'ensemble, et on se surprend même du choix des acteurs sur certains personnages, agréablement inspirés. Comme le casting académique est conséquent, c'est un atout qui n'était pas acquis d'office. Les bruitages sont identiques à ceux du premier opus et on apprécie toujours l'effort de variété pour au final une partie sonore aboutie à défaut de vraiment surprendre.
Le Blitz, c'est plus fort que toi
Le système de jeu de Valkyria Chronicles II reprend toutes les grandes lignes de son aîné, mais il les améliore presque toutes pour le meilleur, dont je commence la revue d'effectif. Tout d'abord la structure du système, qui s'étend sur une année entière, le but étant de faire des missions pour petit à petit débloquer des évènements qui amèneront à la mission scénario du mois, et ainsi de suite.
A chaque mois, vous avez accès à différents menus sur la carte de Lanseal. Il y a la chambre d'Avan, qui permet d'accéder à toutes les données du jeu, de renommer ses groupes ainsi que de (re)voir toutes les revues de presse ou diverses informations sur l'univers du jeu (très complet). C'est aussi là que vous pourrez revoir les pages des chapitres qui donnent accès aux cinématiques du jeu.
Ensuite on trouve une boutique qui permet d'acquérir les coupures de presse, des missions payantes et même des ordres spéciaux qu'on utilisera en combat. Le département recherche et développement offrira lui toutes les améliorations concernant l'équipement de vos unités et de votre tank. Un autre menu concerne le terrain d'entraînement où vous pouvez entrainer vos troupes via l'expérience et changer leurs classes. Enfin, le menu briefing permet de voir toutes les missions disponibles et d'éditer ses groupes.
Les menus les plus intéressants sont les trois derniers. Le département R&D vous permettra d'acheter les nouvelles améliorations de vos armes et par classe via une évolution possible par mois (sauf en post game). En plus des équipements classiques, vous avez la possibilité de récupérer des plans et des matériaux pour créer des armes spéciales à l'unité en abattant certains ennemis spéciaux. Vraiment très nombreux, les plans constituent une grosse partie du gameplay, puisqu'ils concernent aussi le tank. Ce dernier est modifiable comme un équipement classique, vous choisissez le gabarit, le type de canon, les différentes armures ou accessoires plus quelques artifices pour la décoration comme le camouflage et les stickers aux bonus divers. Le petit damier du premier Valkyria disparait au profit d'un système de poids beaucoup plus simple d'utilisation. Comme pour les infanteries, vous pouvez grâce aux matériaux et aux plans créer des équipements spéciaux pour le tank. Le département est aussi le lieu où vous pouvez choisir les états anormaux affublés à vos armes et réparer le tank en cas de destruction en cours de mission.
Le terrain d'entraînement permettra d'entraîner vos troupes par un système d'upgrade classique qui concerne toute une classe entière contre les points d'expérience, comme avant. En revanche un système de classe apparaît et il est très intéressant. Si on prend la classe "scout" qui offre un bon déplacement mais une puissance de feu réduite, on pourra par la suite, en fonction d'attributs à remplir en combat, débloquer soit des classes plus performantes de scout ou s'orienter vers les classes de sniper (sniper élite ou anti-tank par exemple). Chaque classe de base est régie par le même procédé et permet bien des fantaisies, un vrai plus.
On finira cette partie avec le briefing. Vous pouvez, au delà d'éditer vos groupes, éditer vos potentiels (compétences spéciales et aléatoires qui donnent des bonus en combat) et accéder à toutes les missions. Vous avez celles en cours, celles que vous avez déjà faites, celles qui sont payantes et celles, optionnelles, qui se débloquent en utilisant à répétition vos camarades de classe jusqu'à obtenir les évènements spéciaux. Choisir une mission vous fera entrer en combat.
Combats :
On retrouve le système Blitz amélioré. Pour mémoire il s'agit d'un jeu de rôle tactique en 3D intégrale, dans des environnements ouverts. A chaque tour, vous jouez toutes vos unités d'abord et l'ennemi en fait de même ensuite. Lors de la sélection d'une unité, vous passez d'une carte en 2D à votre position actuelle en 3D où vous pouvez vous déplacer librement en temps réel tout en tenant compte de la jauge qui gère vos déplacements. Pendant vos actions, les ennemis sont en position de vous tirer dessus, il ne faut donc pas trop foncer dans le tas sous peine de mauvaises surprises, même si le système de récompense a tendance à trop favoriser le tout-offensif dans cet épisode.
Lorsque vous avez votre unité, vous pouvez figer l'action pour viser votre ennemi ou choisir les autres compétences de vos unités en fonction de leurs caractéristiques (déminer, placer une échelle, reconstruire des abris...). Vous pouvez aussi interagir sur le décor si la mission l'exige, vous cacher ou progresser en utilisant tout ce que le terrain propose (ramper dans des herbes hautes...). Chaque sélection d'une unité coûte un CP, les points d'action attribués à chaque début de tour, et le coût du tank est variable selon son gabarit. Les CP sont aussi les points demandés pour l'utilisation d'ordres spéciaux (guérir toutes les unités d'une zone, renforcer l'attaque ou la défense, sauver automatiquement un allié tombé...) qui s'obtiennent soit par l'expérience soit en boutique. Si vous décidez de passer votre tour sans jouer, les CP des deux tours s'additionnent ce qui permet de jouer plus souvent. Rien ne vous empêche également de sélectionner plusieurs fois la même unité, mais il faut retenir que la capacité de déplacement est moins importante et que certaines armes sont à munitions limitées par tour.
Les nouveautés concernent le level design dont on a déjà parlé, avec une structure de plusieurs petites zones reliées entre elles, ce qui permet de combler plus ou moins le faible nombre d'unités (six dont le tank) en combat. Le tank ou certaines classes permettent aussi des facéties, puisqu'en fonction des équipements vous pourrez construire des ponts, dresser des échelles, poser des mines et j'en passe, ce qui offre des atouts stratégiques très intéressants. L'autre atout majeur est la présence d'un mode en ligne qui permet des affrontements versus et du coop selon diverses possibilités. Le coop offre de surcroît le plaisir de profiter d'alliés puissants pour les missions les plus difficiles.
Le principal souci du système vient du niveau de difficulté un peu trop accessible hormis les maps scénario. On regrette également la redite des objectifs et le nombre impressionnant de maps de remplissage. Maintenant il faut aussi tenir compte du support, et il faut reconnaître tous les efforts pour un jeu sur console portable, avec des missions assez rapides, nombreuses, qui sont à la fois tactiques et dynamiques. En somme on retrouve la quasi totalité des ingrédients qui ont fait le succès du premier Valkyria avec de nombreux ajouts de gameplay intelligents.
Sous-quêtes
Comptez environ entre 30 et 40h pour la quête principale en ligne droite. Vous pouvez doubler ce nombre si vous faites les nombreuses annexes. Bien sûr, le mode en ligne rallonge considérablement la durée de vie si vous y êtes sensible.
Recrues/Missions optionnelles : au cours de votre progression et à force d'utiliser vos alliés, vous débloquerez des évènements spéciaux qui offriront toujours une map spécifique au personnage à la fin, et changera pour lui un potentiel négatif en positif. Vu le nombre important d'alliés, vous avez largement de quoi faire.
Boutiques/plans/upgrades/classes/Récompenses : entre les plans à récupérer, la collecte des matériaux nécessaires, toutes les classes à débloquer, les revues et les ordres à obtenir, sans oublier les missions payantes ou optionnelles, les médailles de récompense... Les développeurs vous en donneront pour votre argent.
Post game : une fois le jeu terminé, vous repartez avec tous vos acquis mais également de nombreux bonus. On y retrouve en effet de nouvelles recrues (dont certaines croustillantes) et donc de maps supplémentaires, il y a de très nombreux nouveaux équipements, de nouvelles missions (payantes ou non), de nouveaux ordres...
Sega ne s'est pas reposé sur ses lauriers avec ce deuxième Valkyria sur portable qui inspire le respect. Parfaitement réalisé, bien adapté au support et très généreux aussi bien dans les nombreux ajouts que le contenu, il comblera sans peine les passionnés de jeux de rôle tactiques et les amateurs du premier opus. Il ne lui manque finalement qu'une histoire digne de ce nom pour entrer au firmament de la catégorie, mais il fait dorénavant partie des meilleurs investissements sur PSP et il serait dommage de s'en passer. Espérons que le troisième opus saura faire aussi bien et qui sait, mieux encore.
24/01/2011
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- Bien adapté au support portable
- Système amélioré
- Les classes
- La réalisation
- Contenu optionnel copieux
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- Scénario pas assez enlevé
- La partie aventure ne plaira pas à tout le monde
- Trop de maps de remplissage
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TECHNIQUE 4/5
BANDE SON 3.5/5
SCENARIO 3/5
DUREE DE VIE 4/5
GAMEPLAY 4.5/5
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