Près de huit ans après sa sortie originale sur Playstation, Breath of Fire III revient sur PSP avec un portage d'une (trop ?) grande fidélité. Un choix justifié quand on connaît le succès commercial de l'épisode, mais qui peut intriguer compte tenu de l'âge du titre et de son accueil mitigé...
Here we go again.
Un trio à la dérive
Le prologue du jeu nous entraîne au fond d'une mine, alors que des mineurs trouvent par hasard et déterrent un bébé dragon, créature depuis longtemps éteinte. L'occasion de faire un petit clin d'œil au premier épisode de la série. Réveillé, le pauvre petit dragon fait quelques victimes et tente de s'échapper, mais ne peut lutter bien longtemps, et finit par se faire attraper et emprisonner.
Quelques années se sont écoulées, et l'on retrouve l'inamovible héros de la saga, Ryu. Dans cet épisode, il est orphelin et a été recueilli par deux voleurs de bas étages : Rei et Teepo. Leur prochaine mission consiste à s'introduire dans le manoir du mystérieux chef du village dans lequel ils se trouvent, avec pour but de libérer la bourgade de son joug. Mais, trahis par leur commanditaire, le trio va se retrouver rejeté par les villageois et séparé. Le début d'une longue quête où les destins de chacun vont se croiser et se déchirer...
Les premières heures sont très prenantes et produisent une mélancolie assez unique. Puis, l'histoire perd un peu en intensité et en puissance au fil du temps, même si elle reste plutôt bien ficelée et porteuse de quelques retournements plus ou moins inattendus. Surtout, pour la première fois, on va suivre Ryu lors de plusieurs époques différentes, de l'enfance à l'âge adulte, et découvrir une nouvelle fois sa rencontre avec la belle Nina, et tout le reste du casting, plutôt efficace.
Fairies city
Le jeu se présente comme à l'accoutumée sous la forme d'un pur Classical-RPG dans lequel on alterne lieux, villages, et déplacements sur la carte.
La carte plutôt libre des premiers épisodes laisse ici place à une carte un peu plus dirigiste où l'on se déplace sur des chemins tout tracés, et sur laquelle on peut poser un camp pour se reposer, gérer les compétences des héros et même engager quelques petites discussions. Mais elle n'en exclut pas pour autant les fameux points de pêche (encore plus addictive) ainsi que quelques lieux cachés, abritant parfois des maîtres, qui permettent d'orienter les gains de statistiques à chaque niveau et d'obtenir de nouvelles techniques. Hélas, le système est tellement contraignant avec tous les allers-retours qu'il implique que seuls les plus motivés s'impliqueront vraiment.
L'exploration des lieux est plombé par une certaine lenteur des déplacements, alors qu'ils sont pourtant assez bien pensés et recèlent de mini-jeux et puzzles qui poussent à une certaine réflexion. Frustrant. Les villages, eux, sont assez vivants et contiennent leur lot de dialogues amusants, malgré la traduction française assez moyenne et parfois absurde. C'est aussi l'occasion de s’adonner à quelques mini-jeux, comme un cache-cache avec les petits mioches du coin. Bien sûr, on peut également y trouver l'équipement et des objets de soin, parfois assez chers, mais qui représentent un passage obligatoire compte tenue de la difficulté assez importante du jeu.
A noter l'introduction d'un petit village de fées que l'on devra gérer à la manière des vielles gloires des jeux de gestion (Sim City, Theme Park) pour le développer efficacement et en obtenir les bénéfices (boutiques d'objets rares, casino, duplication d'équipement...). Une idée plutôt originale et bien réalisée.
Morph !
Le système de combat reprend le tour par tour habituel de la saga, avec la possibilité d'avoir trois personnages par affrontement, mais aussi de nouvelles possibilités, comme changer la formation globale (pas forcément très utile) ou apprendre les techniques adverses. La fréquence des combats est assez élevée mais les gains assez faibles, ce qui, couplé avec la lenteur de déplacement et le prix élevé des objets, rend fastidieuse la progression dans le jeu. Dommage, car les affrontements sont plutôt intéressants et ceux contre les boss parfois dantesques, tandis que les transformations en dragons apportent un réel intérêt et une belle diversification.
Les transformations s’obtiennent en récupérant des cristaux dans les lieux, parfois bien cachées, incitant à une exploration méticuleuse. Le jeu en intègre deux types : celles imposantes qui remplacent toute l'équipe, et celles qui remplacent Ryu uniquement. Les transformation sont variées, et toutes les trouver constitue un aspect intéressant du jeu, qui pourra occuper de nombreuses heures. Je reste juste quelque peu dubitatif sur le fait que certaines d'entre elles sont autonomes et ne nécessitent pas l'intervention du joueur pour attaquer. Un pari audacieux mais étrange, par moment trop déroutant et à même de plomber un combat pourtant bien engagé.
When 2D meets 3D...
Séduisant graphiquement sur PSX, le jeu le reste sur PSP.
Les décors sont variés et très colorés, tandis que les sprites, qui s'intègrent la plupart du temps parfaitement, sont fins et bien animés. Mais ce qui impressionne le plus, ce sont les transformations, souvent énormes et magnifiques, avec un design superbe, sans que l’animation n'en pâtisse jamais réellement. Le design (refait pour l'occasion) du jeu est d'ailleurs globalement très bon, si l'on excepte Ryu adulte et Nina, un peu décevants.
La bande son est assez conventionnelle et bien dans le ton de la saga, avec de jolis thèmes de bonne qualité, même si l'on regrettera l'absence de thèmes réellement inoubliables. Elle ne soutient finalement pas la comparaison avec celle des précédents opus, notamment avec celle de Breath of Fire II, inoubliable. A noter que le son semble légèrement meilleur sur cette version, un bon point pour compenser les chargements intempestifs et les quelques lags introduits par le portage.
Enfin, sachez que le jeu occupe une grosse quarantaine d'heures, mais avec une grosse partie consacrée aux séances obligatoires de levelling, parfois longues et fastidieuses, tant le jeu présente des pallier de difficulté assez énorme.
Breath of Fire III est un épisode ambigu qui a divisé les joueurs. Avec ce portage, Capcom ne change pas grand chose, les quelques petits ajustement anodins ne justifient pas de s'y replonger, mais le jeu reste un titre solide qui pêche néanmoins toujours par un mauvais équilibre. En espérant qu'un portage du superbe quatrième épisode suive vite !
??/??/????
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- Beau mélange 2D/3D
- Le système de transforrmation en dragon
- Le scénario, par moment assez émouvant
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TECHNIQUE 4/5
BANDE SON 3.5/5
SCENARIO 4/5
DUREE DE VIE 4/5
GAMEPLAY 3/5
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