Bien avant la série
.hack et les diverses adaptations de
Naruto en jeux de combats que nous lui devons aujourd'hui, le studio
CyberConnect2 a développé sur la Playstation première du nom.
Tail Concerto fut le premier projet de l'équipe, pour lequel les développeurs se sont offert le luxe d'employer le talent de
Nobuteru Yūki, renommé pour la série
Vision d'Escaflowne entre autres, mais aussi pour son travail de chara-design sur des jeux tels que
Seiken Densetsu 3,
Dragon Force II, ou
Chrono Cross.
Retour sur un jeu qui laissera une trace à jamais sur votre manette (ou votre téléviseur).
Mickey et ses copains font la fête
Prairie est un nom original pour un royaume qui l'est tout autant : des îles flottantes surplombant l'océan constituent ce pays où hommes-chiens et hommes-chats doivent se côtoyer. Vous incarnez un de ces canidés humanoïdes qui remplit la fonction de policier et est censé défendre les concitoyens. Un beau jour, alors que Waffle est en congé, il se voit chargé d'une mission de la plus haute importance : se lancer à la poursuite d'un sombre groupuscule aux intentions douteuses et très certainement maléfiques, les Chats Noirs. Au nombre considérable de trois, ces filles vont mener la vie dure à notre héros et lui en faire voir de toutes les couleurs. Du chapardage à l'affrontement d'un robot chat, elles ne manqueront pas d'idées pour vous barrer la route ! Et, c'est à peu près tout. En effet, le jeu se résume dans les grandes lignes à une course poursuite incessante avec les malfaitrices du gang, bien que quelques évènements ponctuels, totalement anecdotiques pour la trame principale, viennent rythmer l'aventure.
Enfantin à souhait, Tail Concerto fait dans la simplicité et la facilité avec un scénario conventionnel très cliché. Cependant, même s'il ne brille évidemment pas par son intrigue, il a le mérite de nous faire plonger dans un univers mignon et coloré qui plaira aux enfants. On ressent d'ailleurs cette niaiserie à tous les instants. Pour simple exemple, Waffle, en plus de jouer le rôle du gentil policier, ira même jusqu'à endosser la tâche d'assistante sociale avec les personnes qu'il poursuit, en les réconfortant au lieu de les mettre sous les barreaux ou de leur faire tâter l'acier de la guillotine. Certains pourront néanmoins voir en Tail Concerto (avec une très bonne vue) une ode contre le racisme où les hommes-chats représenteraient la minorité opprimée et les hommes-chiens la majorité dominante.
Vous l'aurez donc compris, nous sommes ici face à un jeu dans lequel de nombreux dilemmes philosophiques seront abordés et où le héros introverti, torturé par son passé et par les questions existentielles auxquelles il n'a pas de réponses, connaitra un développement psychologique travaillé au fil du temps.
Le ridicule ne tue pas, bien au contraire
Et bien qu'à première vue, il semble que seuls les arriérés peuvent apprécier le jeu, c'est non sans compter sur un certain humour omniprésent. Pour qui saura s'amuser de peu de choses, Tail Concerto lui réserve quelques fous rires bien sentis. Certains passages donnent en effet l'occasion d'assister à des situations toutes plus cocasses les unes que les autres. Le ridicule des scènes arrive alors tant bien que mal à nous faire décrocher un sourire et parfois on se surprendra même à rire à gorge déployée. De même, les bruitages des ennemis, déjà pitoyables en soi, parachèvent le caractère saugrenu de ces bestioles et il faut admettre qu'il est difficile de rester de marbre devant tant d'absurdité.
D'autre part, certains dialogues laissent la place à quelques ambigüités qui feraient pâlir les parents d'un enfant jouant au jeu. Sans en dire plus, de nombreux sous-entendus sont disséminés dans les discussions et c'est sans grande peine qu'on les déniche, même si bien évidemment, les plus jeunes n'y verront là que du feu.
Fail Concerto
Trois comprimés antidépresseurs, deux boules anti-stress à portée de main (une pour chaque) et une vitre "BulletProof©" devant votre télé, voici l'attirail nécessaire afin que vous puissiez passer une séance de Tail Concerto dans le calme et la sérénité. Le gameplay est une calamité sans nom. En plus d'être très limité, il est plombé par une caméra désordonnée, une rigidité et une maniabilité affreuses. Pour faire simple, vous passerez la majeure partie du jeu dans une sorte d'armure mécanique à attraper des chatons en les emprisonnant préalablement dans des bulles d'eau. Mais attention, gare aux chatons volants qui lancent des bombes d'en haut, qui sont, eux, juste impossibles à viser de par les angles que prend la caméra. Et comme pour enchainer en faisant les pires choix de game-design et de level-design possibles et imaginables, les développeurs ont décidé d'implanter bon nombre de passages de plateforme qui sont pour la plupart évidemment injouables à cause de cette fameuse caméra à cent lieues d'avoir le bon angle de vue, et d'un gameplay trop approximatif. Devenu crispé et frustré, l'envie d'envoyer valser toutes sortes de choses sera alors insoutenable. Mention spéciale au donjon de fin; une horreur, tout simplement. Comme le dit si bien le message d'avertissement pour la santé de la Wii : "Assurez vous d'avoir assez d'espace autour de vous pour jouer". Ajoutez à cela des énigmes dignes d'Adibou et vous obtiendrez un mélange des plus savoureux.
Par ailleurs, étant donné que le monde est disloqué en plusieurs îlots, on aurait pu espérer que le bateau volant de notre cher héros touffu soit utilisé dans des phases de vol, il en est malheureusement tout autre. La mappemonde se résumant basiquement à une carte sur laquelle on déplace l'icône du dirigeable d'île en île, un bien triste choix, comme la plupart de ceux qui ont été fait lors du développement du soft semblerait-il. Mais en contrepartie, il existe une zone spécifique du jeu dans laquelle le joueur peut vadrouiller dans les airs avec un jetpack solidement fixé sur son dos. Ainsi transformé en Dogman, notre canidé volant pourra se promener à loisir. Totalement inutile, cette phase est sans nul doute la plus jouissive en terme de gameplay et de sensations ressenties, à l'extrême opposé du reste du jeu.
Ying-Yang
Autant le dire de suite, les scènes animées sont magnifiquement réalisées et parfois même émouvantes ou drôles. Les développeurs fournissent un travail d'une qualité indéniable de façon à ce que l'on oublie presque la phase de jeu atroce aux graphismes assez pauvres que l'on vient de subir au préalable. Que dire de plus si ce n'est que l'OST qui garde une certaine constance au fil de l'aventure accompagne parfaitement le jeu et son ambiance "épopée enfantine". On y retrouvera quelques thèmes prenants et rythmés que l'on suivra, voire fredonnera, sans peine. Pour continuer sur la bande-son du titre, il est important de noter que le jeu est entièrement doublé en japonais et sous-titré en français, de quoi réjouir les puristes en quête de compagnie animalière.
Pour finir, de par la durée de vie très faible du titre (de l'ordre de la dizaine d'heures en trainant) et de sa facilité, il s'en ressort une impression de superflu, les péripéties et les évènements ne semblant alors jamais être traités en profondeur et avec intérêt. Il est donc au final bien difficile de s'immerger dans le titre de CyberConnect2.
Tail Concerto est un titre des plus inégaux. Alternant entre phases de gameplay imbuvables et passages parfois loufoques, on ne sait plus trop quoi penser du soft dans sa totalité. La seule chose qui pourra marquer le joueur sont les extraits d'animation très agréables à visionner. Mais si vous êtes désireux de garder votre intérieur intact, il n'est guère conseillé de s'atteler à un tel jeu. On en vient même à se demander si les enfants auxquels le soft est destiné ont réussi à en venir à bout sans encombres.
24/05/2010
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- Loufoque
- OST convenable
- Univers coloré et mignon
- L'animation
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- Gameplay atrocement rigide et mal agencé
- Un jeu inégal
- Graphismes in-game passables
- Scénario anecdotique
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TECHNIQUE 3/5
BANDE SON 3.5/5
SCENARIO 1.5/5
DUREE DE VIE 2/5
GAMEPLAY 0.5/5
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