En 2017,
Nioh c'était
le jeu de son époque, qui sentait le
Dark Souls par tous les pores de sa peau à un moment où la comparaison matraquée était déjà lourde ; un moment où la reprise de ce genre en construction osait les variations de gameplay, en l’occurrence vers l'action pure et décomplexée ; un moment aussi où le
game as a service pouvait nous servir sept mois durant, avec des extensions plus ou
moins travaillées pour prolonger le plaisir. Une digestion des codes de la fin des 201X dont on se demandait bien avec le recul ce qu'elle pourrait apporter au média. Voir revenir la licence trois ans plus tard est donc une expérience aussi nostalgique que périlleuse.
Réécriture de l'Histoire
Japon, 1555. Période vachement troublée. Quelques années avant le débarquement de William sur l'archipel, une entité hybride humain.e /
Yokai vient au monde, qui en viendra à côtoyer les puissants. Surnommée
Hide, celle dont se défient les grands généraux se lie d'amitié avec le futur Toyotomi Hideyoshi, et combat aux côtés du jeune Nobunaga Oda contre les envahisseurs - comploteurs surnaturels. Tous, visant le contrôle des pierres d'Amrita, vont se mettre sur la gueule.
C'est là à peu près l'intégralité du scénario de
Nioh 2, qui ne brille pas par son originalité, ni par sa profondeur, et en vient même à contredire plus ou moins la trame ou les personnalités dépeintes dans le premier et ses extensions. Seule vraie idée, si l'on peut dire, le personnage principal est cette fois défini par un éditeur de personnage plutôt crédible, dont les traits seront finement intégrés dans les cinématiques de l'histoire.
Pour le coup on peut créer de jolis visages |
Pour savoir comment s'articulent les détails de la progression, faites d'un enchainement de missions au sein de tableaux plus ou moins imposants et ouverts où les raccourcis sont légion (
Dark Souls style), veuillez vous référer à
la review de l'original. Le fait est que rien n'y change et que l’intérêt du jeu est ailleurs.
Massacre à la faucille et au marteau
Venons-en aux divergences. Plus que jamais Hack&Slash, la licence pousse le joueur à se construire un build de personnage bien pensé, mêlant une ou plusieurs armes de prédilection, des
skills, et un type d'armure, au poids déterminant pour définir le style de combat personnalisé - les panoplies et leurs effets supplémentaires sont plus que jamais de la partie. Si du côté des techniques de soutien il faudra se contenter des traditionnels Ninjutsu et Magie Onmyô, ce second épisode apporte deux nouvelles armes à un arsenal déjà bien rempli en 2017 : aux côtés des Tonfas et Odachi désormais bien intégrés, voici le Glaive et les Doubles-Haches.
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Utilisées au corps à corps, ces dernières ressemblent beaucoup aux Doubles-Lames ; des techniques rapides et défensives mettant à profit la légèreté pour combattre sans relâche. A la différence des classiques, ces Hachettes peuvent toutefois être utilisées comme armes de jet : sur une cible proche, elles peuvent déséquilibrer l'adversaire en frappant ses pieds, tandis qu'à distance vous ferez jouer votre humour primesautier en leur fendant littéralement la gueule. La Posture utilisée joue toujours un grand rôle, puisque la Posture haute privilégiera la puissance de coups en charge, là où la basse sera plus précise. La moyenne pourra même faire tournoyer les hachettes dans les airs sur place, mais dans un monde où la magie et les yokais sont monnaie courante, on ne s'étonnera plus de rien.
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Côté Glaive, l'heure est un peu plus à l'originalité. La traduction française a laissé tomber le côté "switch" inhérent à la VA mais qu'on ne s'y trompe pas, la transformation est le maître mot de cette nouveauté. Le mode replié, en Posture basse, en fait un parfait outil de harcèlement, à base de coups de lame rapides. En Posture moyenne, la lame longue permet de maîtriser l'ennemi à mi-distance, mais c'est en Posture Haute que l'arme devient des plus menaçantes : sous la forme d'une lourde faux, on ressemble plus facilement à la Mort. Première arme à privilégier la magie pour augmenter ses dommages, le Glaive fera une paire idéale avec quelques sorts d'Onmyô. Mais c'est aussi, par nature, une arme qui pousse à maitriser les changements de Posture fluides et autres enchaînements guidés par l'arbre de compétence. |
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Gotta catch'em all
Reste à évoquer quelques modifications dans le fondement même du gameplay. Pour rester dans les menus, on remarquera un nouvel arbre de compétence au doux nom d'"Hybride" au milieu des anciennes
nodes. S'il est là ce n'est pas pour faire joli, mais pour mettre en avant les capacités de sang mêlé de notre avatar. Là où William rentrait en résonance avec ses Esprits Gardiens, la transformation de
Hide est beaucoup plus profonde car c'est sa moitié Yokai qui prend alors le pas sur l'humaine. Cette transformation peut, en jeu, s'exercer sur la durée comme une forme de combat bourrine, ou bien plus ponctuellement en puisant dans la jauge d'Anima pour contrer les attaques des yokais ennemis.
La plus grande modification est également liée à cette condition peu enviable, et concerne directement les monstres. Lorsque l'un d'entre eux meurt, il peut arriver que son âme se cristallise ; le joueur peut alors la récupérer et l'associer à son Esprit Gardien pour bénéficier d'apports d'attaque et de défense, des modifications de stats, et surtout pouvoir déclencher des attaques spéciales qui lui correspondent. À terme, ce sont jusqu'à trois attaques qui peuvent être équipées et déclenchées à la volée, et ce simple fait change finalement beaucoup la teneur de certains combats. Utiliser l'esprit d'un simili-
Yamata-no-Orochi dans un espace restreint en conjonction avec un build avantageant les attaques de poison devient excessivement efficace, et ce n'est pas la seule trouvaille qu'on ne manquera pas de tester.
Pour être complets, signalons également la présence désormais d'armes
Bénies ou
Corrompues dans l'inventaire, qui viennent infliger des
buffs et
débuffs sous certaines conditions. Ou bien la possibilité d'affilier aux
skills des modificateurs (bonus d'attaque, diminution de l'utilisation du
Ki, etc.). Le fait est que la richesse du gameplay du jeu joue à la fois pour et contre lui. On ne pourra que saluer la diversité de builds et de manière de jouer rendue possible par le nombre de variables, qui plus est influencées par la RNG. D'un autre côté, comme beaucoup de jeux du genre,
Nioh 2 est perclus de déséquilibres, que le développeur devra gérer sur le long terme à grand coup de patchs correctifs. Pour reprendre l'exemple des Noyaux d'âmes, ceux obtenus sur les boss seront ultrapuissants au moment de leur obtention mais n'évolueront pas au cours de l'aventure, du fait de leur niveau fixe, tandis que ceux des ennemis normaux peuvent être récupérés en de multiples exemplaires et fusionnés pour en booster les effets ; une
feature à deux vitesses donc, complexe à ratisser pour éviter les
game breaks.
L'inquiétante étrangeté
Voilà pour un passage en revue des principaux réajustements "mécaniques" entrepris dans cet épisode. Passons désormais au
game design environnemental, au travers d'un changement qui saute aux yeux : la présence de zones spéciales en plein cœur des niveaux, comme si la présence d'une bête maléfique venait littéralement altérer la réalité tangible du lieu. Une fois à l'intérieur, la vision de notre personnage prend alors le trouble de celle d'un adolescent s'étant enfilé une demi-douzaine de shots dans sa première boum, et certaines stats, telle la régénération de Ki, s'en voient diminuées. C'est évidemment dans ces zones que les yokais privilégieront les attaques par vagues, donc mieux vaut être prévenu. En revanche, vaincre le chef des lieux permettra d'éradiquer le handicap à jamais.
Si les niveaux sont toujours autant peuplés d'Oni et de squelettes, on trouve cette fois-ci un peu plus de Yokais originaux, telles les venimeuses
Nure Onna, ou les
Ippon Datara enflammés. Les boss ne sont pas en reste, et si le jeu
semble un peu plus simple qu'alors, un Kamaitachi peut toujours se montrer un redoutable adversaire. Étrangement les anciens yokais pacifiques sont finalement bien moins voyants que dans l'original (on croise peu de coffres à
Mujinas), mais ont été rejoints par les Sudamas bien cachés, qui échangeront vos objets surnuméraires contre d'autres de même niveau, et les mignons petits Scampuss qui vous octroieront des bonus temporaires en ronronnant. Avec toujours les fameux Kodamas à chercher, il y a de quoi faire.
Seulement voilà,
Nioh 2 ressemble parfois à une grosse extension du premier épisode. Volume mis à part, l'étoffement du scénario et le rajout d'armes étaient déjà le pivot des trois DLC, c'est exactement ce que propose ce nouvel épisode, ni plus, ni moins. Ou plutôt, soyons honnêtes, il propose quelques idées et réajustements mais rien de bien signifiant : le feeling, le rythme, les fonctionnalités
online, l’intérêt aussi - bien présent - sont en tout point identiques à l'aventure d'il y a trois ans. Ce n'est pas un hasard si certains niveaux du premier refont ici leur apparition, dans des versions souvent tronquées, certes noyés dans un paquet de nouveautés plus peaufinées, mais une facilité quand même.
Si l'on se fie purement à la somme de contenu qu'il propose, Nioh 2 est plutôt un bon cru. Dense, âpre mais malléable, avec un visuel rehaussé depuis la dernière fois. Mais pas spécialement différent, et c'est un peu le problème. Il garde son feeling particulier de "jeu à wiki", au contenu aussi complet que répétitif.
On sent bien que la Team Ninja cherche à nous occuper quoiqu'il en coûte, et ça marche. On prend toujours plaisir à battre la campagne japonaise des heures durant, ramassant les armes par poignées qui rejoindront un inventaire embouteillé que l'on triera sans vergogne avant de repartir en chasse. Plaisir à trouver sa voie du sabre, de la hache ou du Kusarigama jusqu'à la maitriser. Une jouissance à se mesurer aux plus difficiles quêtes, mais qui ne laissera pas le goût marquant d'un jeu culte.
26/11/2020
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- Deux nouvelles armes sympas
- Les pouvoirs yokai
- La création de perso amène une nouvelle finesse
- Richesse de gameplay toujours au top
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- Sort du même moule que le premier
- Toujours hyper répétitif
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TECHNIQUE 4/5
BANDE SON 3.5/5
SCENARIO 2.5/5
DUREE DE VIE 4/5
GAMEPLAY 4/5
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