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Gothic II
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Gothic IILa légende du héros sans nom
La série Gothic a toujours été largement plébiscitée par la critique aux États-unis. Cependant, elle eut en Europe un succès beaucoup plus mesuré (comprendre échec critique et commercial). En effet, le premier opus de la série allemande n'a même pas été localisé et le second est parvenu dans nos vertes contrées prêt de deux ans après sa sortie aux USA en 2003. Gothic 2 est pourtant souvent comparé au mythique The Elder Scrolls III : Morrowind comme s'ils composaient le diptyque référence des jeux de rôle ouverts de l'époque, à la manière dont on comparera plus tard Gothic 3 à Oblivion. Retour sur ce deuxième épisode placé sous le signe du Dragon.
Un petit problème d'écailleLa barrière qui retenait les prisonniers dans la vallée des mines est tombée, le dormeur est vaincu, mais le héros anonyme à l'origine de tous ces chambardements n'aura pas droit au repos qu'il mérite. Coincé sous les ruines du temple du dormeur, il faiblit et se meurt. Cependant, le charismatique mais néanmoins énigmatique mage noir Xardas, arrive à le téléporter in extremis auprès de lui. A son réveil, le héros n'est plus ce qu'il était. Oubliez la belle armure que vous aviez à la fin de Gothic, vos compétences montées au maximum, car vous revoilà vêtus de haillons avec pour toute arme une dague récupérée sur le bord d'un chemin. Et c'est alors que Xardas vous annonce que le Dormeur était loin d'être la seule menace qui plane sur l'île de Khorinis et sur le continent : les orcs, serviteurs de Beliar le dieu de la destruction, sont en mouvement et assaillent l'île. Il vous informe également d'un léger détail : ces orcs sont sous les ordres de dragons, et vous remet un message pour le seigneur des paladins de Khorinis, pour l'avertir de la présence de ces gros lézards volants. C'est ici que commencera votre nouvelle quête. Une pomme par jour éloigne le docteur pour toujoursPassé ce petit briefing, voilà le héros sans nom porteur de la fameuse lettre adressée à Lord Hagen. Cela peut sembler assez facile pour une quête dont semble dépendre le sort du monde. Mais ce serait oublier de prendre en compte le sadisme de Piranha Bytes.
En effet, au début vous êtes insignifiant, et les développeurs vous le font bien comprendre, mais à leur manière : il est fort probable que la première bestiole rencontrée, passées les 30 premières minutes de jeu, vous envoie vers une mort rapide et vers votre premier game over. Cela dit, vous arrivez sans trop de problème à vous frayer un chemin jusqu'à l'entrée de la ville, mais vous ne pouvez pas y rentrer : les gardes refusent de faire rentrer quelqu'un qui a tout l'air d'un vagabond. Il vous faudra alors trouver du travail dans la petite ferme qui se trouve non loin pour gagner quelques pièces d'or et des habits décents, ou alors accepter l'offre d'un étrange marchand itinérant qui vous propose gratuitement, à charge de revanche, un laisser-passer, ou alors soudoyer les fameux gardes, pour enfin pouvoir pénétrer dans la cité... Bref, il reste le problème de votre personnage, complètement faiblard, qu'il faudra bien évidemment entraîner pour lui éviter des morts trop fréquentes. Et pour cela il faudra monter en niveau et donc réaliser des quêtes et tuer des monstres (et par là même ruser : ne pas hésiter à fuir et ramener un groupe de monstres vers des PNJ amicaux, se mettre en surplomb de monstres ne sachant pas escalader et tirer etc...). Le héros sans nom gagne une dizaine de points d'apprentissage par niveau qu'il faudra dépenser dans diverses catégories pour le faire évoluer. Il dispose de quatre caractéristiques : force, dextérité, point de vie et mana. Il vous faudra également vous entraîner aux armes (arcs et arbalètes liées à la dextérité, armes à deux mains et armes à une main liées à la force). D'autres compétences plus générales nécessiteront moins d'investissement de PA puisqu'il s'agit de compétences d'artisanat telles que la forge, la chasse, le crochetage, le vol à la tire, l'alchimie etc. Quid de la magie ? Seuls les joueurs qui se joindront à la faction des mages auront le privilège de bénéficier des plus puissantes runes et du système d'évolution par cercle de magie. Ceux qui se joindront aux soldats recevront tard dans le jeu une magie spéciale ne nécessitant aucune évolution mais somme toute assez anecdotique tandis que les mercenaires se contenteront du fracas des armes et des parchemins de sort (sorts à une utilisation). D'autres procédés vous permettent d'augmenter vos caractéristiques comme prier et faire des offrandes aux dieux ou manger certains aliments. Par exemple, il est amusant de constater qu'en mangeant dix pommes, la force du personnage augmente de un. La progression de Gothic 2 est laborieuse et guidée par les différents échecs que le jeu inflige au début pour devenir plus aisé par la suite, à mesure que votre personnage et votre compréhension du jeu évolue. La violence en ce bas mondeLe système de combat est loin d'être la plus grande force de Gothic 2, il est en effet assez spécial à prendre en main. Il faut enfoncer le bouton gauche de la souris et appuyer sur une des touches directionnelles du clavier pour donner un coup, plusieurs fois mais en rythme pour un combo, et sur le bouton arrière pour parer. Le système de lock est le même que dans Gothic 3 et se révèle être parfois un problème puisqu'il se fait automatiquement dans la direction du regard du personnage (par exemple trois orcs foncent sur vous et le lock s'est fait sur le plus lointain...). De plus ne pensez pas sortir votre potion de soin entouré de cinq ennemis car le jeu prend le parti du réalisme : il est possible de le faire mais c'est une action qui vous coûtera probablement la vie.
Les combats sont donc assez exigeants et aux antipodes de certains action-RPG orientés "matraquage de boutons". Après l'effort, le réconfort : dans la foule de quêtes annexes très bien écrites proposées par le jeu, certaines vous permettront de garder votre épée à la ceinture et votre arc en bandoulière, et se dérouleront uniquement en ville via des dialogues (qui sont d'ailleurs tous à choix multiples). Vous découvrirez rapidement un monde très vivant où les PNJ disposent tous de leur agenda, où le cycle jour/nuit n'est pas qu'accessoire (comme cela pouvait malheureusement être le cas dans Morrowind) puisque les PNJ vont se coucher ce qui rend plus aisé certains larcins. Et ce n'est là qu'infime partie des richesses que propose Gothic 2. On y retrouve également les transformations en animaux qui, outre nous fournir les caractéristiques de ladite bestiole, nous permet de nous fondre dans la faune locale, ou des sorts de sommeil permettant d'endormir les PNJ, etc. En effet comme dans le reste de la série, la liberté est totale. L'art GothicLe mot bug n'est toujours pas apparu dans cette review mais pas d'illusion, n'espérez pas pour rien car c'est maintenant chose faite. Gothic 2 fait sans doute parti des jeux les plus buggés de tous les temps avec les Elder Scrolls. Si je n'ai eu que très peu de crashs (2 sur au moins 60 heures de jeu), les bugs d'IA et de pathfinding (les monstres ou les PNJ qui bloquent contre un rocher ou un mur) sont légions, être bloqué dans un décor survient aussi assez régulièrement, et certaines quêtes ne se lancent pas ou ne se finissent pas. On n'oubliera pas non plus le fameux patch du jeu qui permet de reconnaître la souris car, à la base, ce n'est pas le cas, et l'obligation de télécharger quelques librairies DirectX, pour entendre les musiques in-game sur Vista SP1.
Comme pour parachever tout ça, les menus sont un exemple d'ergonomie ratée et le jeu est moche : les personnages sont affreusement anguleux et les textures sont disgracieuses. Sorti en 2005 chez nous, Gothic 2 est globalement aussi beau qu'un Deus Ex, c'est dire... Cependant, même si techniquement le jeu est totalement à la rue, les paysages sont plutôt bien pensés et bien travaillés ce qui suffira à les rendre immersifs. Côté sonore c'est le constat inverse : les dialogues sont tous accompagnés d'un doublage anglais de bonne facture, bien qu'un peu surjoué, mais qui soutiendra particulièrement bien le jeu, et Kai Rosenkranz, grâce à son style assez marqué, livre de superbes musiques d'ambiances accentuant le sentiment d'immersion. C'est toujours la même rengaine avec les Gothic. On peste contre les bugs, on peste contre l'ergonomie, on peste contre les graphismes, on peste contre moult défauts qui n'occultent qu'à peine le grand jeu de rôle qu'est Gothic 2 et dont le plus grand défaut est finalement d'être sorti si tard chez nous. La trame passionnante, bien narrée et la richesse du système de jeu affreusement addictive transportent le joueur jusqu'à une fin en grande pompe annonçant avec panache le non moins passionnant Gothic 3.
Gothic II
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