Premier épisode de la saga sur consoles HD avec cinq longues années de développement à son actif,
Final Fantasy XIII se veut être l'épisode du changement. Malgré la capacité des
Final Fantasy à se renouveler sans cesse, la rupture de certains schémas bien ancrés dans la série instaurés par les épisodes Playstation, voire l'annihilation pure et simple de certains éléments du J-RPG, la présence de
Masashi Hamauzu à la bande son ainsi que la "casualisation" à outrance font de
Final Fantasy XIII ce qu'il est. Mais derrière ce sommaire en apparence peu aguicheur se cache une aventure humaine qui vaut amplement le coup d'être vécue.
Fate
Cocoon, estrade de l'humanité située dans les cieux, est en proie à d'étranges phénomènes. Le Sanctum, le gouvernement de Cocoon, organiserait des "Purges" consistant en l'exil de personnes qui auraient été en rapport de près ou de loin avec un certain fal'Cie de Pulse. Ce dernier s'avérerait être une entité en provenance du monde inférieur tant redouté et craint de tous et serait synonyme de misère, dévastation et apocalypse : Gran Pulse. Cette phobie de l'inconnu donne par conséquent lieu à cette expatriation abusive vers ces terres jamais explorées, phénomène qui est accepté par l'opinion publique, considérant cela comme un sacrifice nécessaire à la pérennité de Cocoon.
Lightning et Sazh, deux personnes prêtes à lutter contre ce destin funeste pour des personnes qui leur sont chères, se trouvent à bord d'un des trains qui mènent les "condamnés" vers les contrées désolées de Pulse. Mais c'est également le cas de Snow, Vanille ou encore Hope qui se situent tous au même endroit au même moment, à proximité du fal'Cie, l'être présumé maléfique, chacun luttant pour leur idéal ou tentant de survivre. Ce début in media res plutôt confus nous met donc aux commandes de la quasi totalité des protagonistes de l'aventure, au milieu d'un champ de bataille où les habitants de la cité de Bodhum se révoltent contre le sort réservé aux l'Cie déportés. Ainsi sont nommés les humains auxquels le fal'Cie a confié une tâche très floue à accomplir. En conclusion de cet assaut, les différents héros se regrouperont autour du fal'Cie afin de l'affronter mais se verront au final affublés de la marque des l'Cie, synonyme d'une traque incessante et d'une mort certaine.
Une fatalité, un destin inéluctable : la mort. Voilà le sort réservé à nos héros alors en perpétuelle fuite, tentant d'échapper d'une part au Sanctum mais surtout d'autre part, à leur terrible sort. Ne leur reste plus que le choix d'accomplir la tâche que leur a confié le fal'Cie. Mais déjà, des divergences d'opinions apparaissent, pourquoi satisfaire la volonté d'une entité malfaisante ? C'est dans ce cadre paradoxal où les individus sont reliés entre eux par le même futur mais dans lequel chacun tient à rester fidèle à ses objectifs et ses convictions que l'aventure démarre.
Cette ébauche de scénario laisse la place, en premier lieu, à de nombreuses interrogations, résultat de la confusion suscitée par ce départ en trombe de l'histoire. Mais bien vite, une narration de premier choix vient combler ces lacunes au fil de l'avancée. On aura donc notamment droit à de nombreux flashbacks très bien amenés et parfaitement mis en forme qui se chargeront de distiller les informations nécessaires à la compréhension. Mais comment ne pas parler ici du casting tant ces retours en arrière participent habilement à la caractérisation de chacun des protagonistes.
Final Fantasy XIII est la preuve même que les actes déterminent la personne. On retrouve ici l'un des meilleurs castings de la saga dans lequel les personnalités évoluent, tirent part de leurs expériences, se remettent en question et agissent en leur âme et conscience. Le tout magnifiquement accompagné d'un doublage convaincant aux petits oignons dans lequel on retrouvera par exemple
Troy Baker qui a déjà œuvré sur
Darksiders ou bien
Tales of Vesperia. Mention spéciale à Sazh, le papa chocobo à qui l'on doit quelques séquences riches en émotion.
Together or not ?
Vous l'aurez compris, dans l'adversité, les chocs et les affinités vont se créer entre nos héros. Et c'est là que le titre tire une partie de sa force. Là où
Final Fantasy VIII avait quelque part échoué en ne mettant en avant que les relations qui liaient un couple central,
Final Fantasy XIII reprend le flambeau en améliorant la formule et en étendant le phénomène à l'ensemble du groupe. Ainsi, le début du jeu se voit ponctué de séparations ou d'isolements par groupe de deux, ce qui peut donner une connotation assez réductrice au développement des personnages. Mais cette phase, dans laquelle sont traités l'intimité et la découverte d'événements passés, est tellement bien travaillée, qu'elle se révèle être un précurseur absolument indispensable pour la suite qui verra la réunion des héros se produire. De cette façon, de multiples liens relativement profonds se créent, délivrant alors un potentiel humain extrêmement puissant.
On est alors réellement lancé dans l'aventure à proprement parler au bout d'une petite dizaine d'heures après certaines révélations coup de poing, ou coup de cœur pour les plus émotifs. Du reste, le scénario de
Final Fantasy XIII réserve tout de même moult surprises et moments forts au sein d'un périple haletant pour le moins plaisant qui se conclut sur une fin assez démente bien qu'assez brouillonne et ce au bout de la cinquantaine d'heures.
Quant au background qui soutient cet univers typé sci-fi futuriste, on pourra se reposer tout le long du jeu sur un glossaire des termes, lieux et autres événements, plutôt riche qui aura vite fait de recadrer les notions incomprises. Il sera d'ailleurs directement mis à jour après chaque nouvel événement, une notification se montrera à chaque nouveauté ajoutée.
El Maestro
Inutile de se le cacher, Final Fantasy XIII regorge de cut-scènes et autres cinématiques aux effets visuels splendides hors du commun (bien que la version Xbox souffre de lacunes techniques par rapport à la Playstation 3). Qualité pour certains, défaut pour d'autres, cet opus, encore plus que les précédents, fait la part belle à l'aspect cinématographique et nous en met plein les mirettes. A la clé, des passages d'anthologie qui ne le seraient pas sans une mise en scène ahurissante de perfection et un accompagnement musical au poil, de telle sorte que lorsque la mélodie démarre, celle-ci arrive à déclencher une sensation, une émotion en nous. Certes il ne s'agit que de l'aspect superficiel, et parfois l'inconsistance de certaines scènes est évidente, mais avec toute cette maestria mise à l'œuvre, nul doute que la forme nous fait aisément oublier le fond pour nous faire prendre notre pied. On remerciera pour cela Masashi Hamauzu qui a su trouver les notes justes pour chaque situation. Cependant, s'il est vrai que les musiques sont en adéquation avec les cut-scènes, il en est tout autre des pistes jouées lors de l'exploration. Bien que de toute évidence celles-ci ne collent absolument pas au contexte dans lequel elles se trouvent, il s'en dégage néanmoins une poésie étrange et inexplicable. Ces musiques d'ambiance ont donc pour la plupart un charme singulier qui opère malgré cette inadaptation au milieu visuel. On est par conséquent parfaitement accompagné sur la longueur par une OST travaillée qui ne lasse jamais, mais qui ne relève pas non plus du domaine du mémorable. Ceux qui recherchent le registre épique dans une composition peuvent d'ores et déjà continuer leur route.
Inutile par ailleurs de dire que les décors sont en accord avec la prouesse visuelle générale du soft, c'est-à-dire magnifiques. On aura le plaisir de défiler dans des environnements tout aussi variés les uns que les autres, d'une jungle sauvage verdoyante à une cité futuriste éblouissante en passant par un Gold-Saucer like. On résumera donc en disant que l'enrobage du soft est une très belle voire magnifique réussite de la part de Square.
Mais malgré tout, en dépit de cet aspect film emprunté au 7e art, Final Fantasy XIII possède assez de substance pour ne pas être un simple "brainwasher sur rail".
Let's break
Le gameplay de cet opus prend la liberté de supprimer certains acquis des anciens
Final Fantasy et des RPG en général tels que les points de magie ou l'ATB directe. Ainsi, le but de
Final Fantasy XIII est d'évoluer vers un système plus dynamique. Détails...
Première notion à retenir donc, le contrôle d'un seul et unique personnage jouable en combat. Frustrant au premier abord, le joueur se rend vite compte que le système n'aurait pas permis le contrôle, ne serait-ce que d'un second protagoniste. En effet, une jauge d'ATB scindée en plusieurs segments qui se remplit en temps réel sur l'écran définit votre capacité à exécuter des actions. Sachant que vos ennemis possèdent le même système de leur côté, la gestion d'une seule jauge est bien suffisante et parfois assez stressante de cette manière. Afin d'exécuter une action (objet, magie, attaque, coup spécial...), il vous incombera de céder le nombre adéquat de segments de la barre d'ATB. Quoi de plus simple ? D'autant plus qu'une commande automatique qui choisit les compétences à employer selon la situation est mise à disposition. On notera l'IA assez remarquable qui prend souvent les meilleures décisions.
Mais le fait est que, vous n'attaquez pas sans but, celui-ci étant de choquer votre ennemi, non pas en lui montrant une photo de
Rotka nu sous la douche mais en faisant grimper une barre de "choc" à son plus haut pourcentage, ce qui vous permettra d'infliger de lourds dégâts par la suite. Et c'est dans ce choc que réside tout l'intérêt des affrontements, qu'il vous faudra boucler le plus vite possible afin d'obtenir les récompenses les plus intéressantes. Cependant, cette barre ne se remplit pas de n'importe quelle manière, c'est là qu'interviennent les stratégies. Chaque personnage peut obtenir jusqu'à six classes de combat différentes (avec plus d'affinité envers deux classes au départ de l'aventure pour chaque héros). Une classe correspond à une façon d'agir en combat et des caractéristiques particulières. Exemple : un défenseur aura une défense renforcée pour pouvoir encaisser les coups et privilégiera la garde tandis qu'un ravageur lancera des sorts de magie en masse et fera drastiquement augmenter la barre de choc. Ainsi, on retrouve les six jobs classiques qui sont ceux de : buffer (tacticien), debuffer (saboteur), soigneur, attaquant, caster (ravageur), et défenseur. Vous pouvez donc enregistrer jusqu'à six stratégies utilisables en combat, composées chacune de trois personnages avec chacun un job. Il faudra par conséquent extrêmement bien savoir comment s'adapter à la situation et réagir de la façon la plus optimale à toutes les éventualités qui se proposeront, les plus gros combats se résumant parfois à une succession incessante de changements de stratégie. Fort heureusement, l'IA alliée est d'assez bonne qualité et ne vous laissera que peu ou prou tomber. Toutefois, ce gameplay peut sembler restreint en apparence avec seulement six tactiques à disposition, le même nombre de spécialités et un système automatique. Il préfère en effet primer le dynamisme et la réflexion avant tout, cette dernière notion étant essentielle au vu des Game Over qui peuvent frapper à n'importe quel moment, bien qu'en moyenne la difficulté soit bien dosée.
Outre des boss plutôt appréciables, on notera la blague des invocations de
Final Fantasy XIII, les eidolons. Ces véritables Transformers (même une moto !) se joindront à votre partie une fois que vous les aurez vaincu en duel. Fondamentalement, elles ne divergent pas tant que ça des chimères de
Final Fantasy X : une fois invoqués, ces eidolons vous permettront de lancer diverses attaques spéciales dont le coût sera déduit d'un total précis de points. Bien évidemment, chaque eidolon possède son attaque finale qui écrase tous les méchants et il ne tiendra qu'à vous de les découvrir en direct live.
Point de points d'expérience ici, l'ancienne méthode du sphérier de
Final Fantasy X est appliquée, limite dupliquée afin de donner le crystarium, un arbre tridimensionnel d'acquisition de caractéristiques et d'aptitudes ou l'on évolue de façon plutôt (voire totalement) linéaire à l'aide des points récoltés en fin de combat. Rien d'extraordinaire en somme, mais toujours efficace. Seul bémol, le crystarium sera bridé en fonction de votre avancée dans le jeu et ne sera entièrement débloqué qu'une fois le new game + entamé.
Alors oui, on le voit clairement, ne serait-ce qu'à travers l'automatisation des attaques sélectionnées et le crystarium, le gameplay de
Final Fantasy XIII est designé pour du casual, mais l'expérience reste néanmoins assez jouissive pour satisfaire un bon nombre de joueurs.
Where is Final Fantasy ?
Question indécente s'il en est, je le concède. Mais pour parler plus franchement, le treizième épisode représente-t-il à ce point une rupture dans la série ? Où est-ce un prolongement logique par exemple de Final Fantasy X avec qui il présente quelques similitudes, en partie l'univers, l'ambiance, l'OST ou encore la linéarité ?
Parlons en justement plutôt de cette linéarité, celle qui déplait tant et enlève le charme du J-RPG. Il est certes dommage d'avoir perdu toute interaction, les villages et PNJ ou ne serait-ce qu'un level-design travaillé. Mais tout cela se fait au profit du rythme de l'aventure menée tambour battant et de l'enchainement des événements qui ponctuent l'histoire. L'impression de vivre ce voyage se fait alors ressentir et l'immersion n'en est que plus renforcée, là où elle aurait pu l'être d'une autre manière par les éléments pré-cités. Final Fantasy XIII est par conséquent un jeu très dirigiste, hormis le passage situé aux alentours de la trentaine d'heures où les premières quêtes annexes se font voir, mais elles se résument malheureusement pour la grande majorité à du bash pur et simple de mob.
Pour conclure, je dirais que le craft n'est pas très clairement expliqué dans les tutoriaux, et donc s'avère plutôt aléatoire à première vue, mais une fois les trucs et astuces bien assimilés, la personnalisation n'aura plus de secret pour vous.
NB : La critique faite ici est totalement indépendante de l'avis présent sur la fiche Playstation 3 du titre. Le but de cette démarche étant seulement le désir d'exprimer un point de vue différent sur un jeu qui a divisé l'opinion.
Au final, plus qu'un simple RPG pour découvrir le genre, Final Fantasy XIII arrive tout de même à procurer une certaine jouissance à travers son système de combat bourrin à souhait, bien que partiellement bridé, une fois le cap du middle game atteint. Mais c'est avant tout et surtout des scènes qui marquent, une bonne expérience humaine, des mélodies enchanteresses et LA claque graphique de l'année. On regrettera toutefois l'écueil des eidolons et des quêtes annexes inintéressantes. Comme quoi, la linéarité n'est pas toujours un tort.
26/09/2010
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- Mise en scène de pure folie
- Casting hétéroclite
- L'aspect relationnel
- Juste beau
- Les pistes planantes d'Hamauzu
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- Les eidolons
- Les quêtes qui comportent peu d'intérêt
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TECHNIQUE 4.5/5
BANDE SON 4/5
SCENARIO 4/5
DUREE DE VIE 4.5/5
GAMEPLAY 4.5/5
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