Quand on parle de vampires, on pense à Dracula, Caïn ou Lestat. Du bon gros vampire bien classe qui aime le sang. Le vampire, c’est l’élégance et la bestialité à la fois. Mais dans le jeu vidéo, c’est une autre paire de manches. Si on y retrouve de l’Alucard et du Duc Dumas qui en imposent, on y côtoie aussi du Kid Dracula et du Shuggy… bien moins glamour. Et justement, c’est dans cette catégorie que se range notre jeu, The Twisted Tales of Spike Mc Fang. Un action-RPG pour les plus jeunes, une petite aventure sympathique… mais peut-être un peu trop simplifiée.
C’est le boxon à Batland
Loin de la civilisation humaine se trouve l’archipel de Vladamasco, trois îles régies par de grands chefs démons : le sage Dracuman, la magnifique Vampra et le malicieux général Van Hesler. La paix y règne depuis des siècles, mais un beau jour Van Hesler devient fou et monte une gigantesque armée de démons zombies. C’est une guerre éclair et en quelques heures, les leaders se retrouvent enfermés, l’archipel de Vladamasco appartient maintenant au vil Van Hesler.
Seul espoir : Spike McFang, le fils de Dracuman, qui a échappé aux griffes de l’armée zombie. Perdu dans la nature, il espère sauver son père et par la même occasion, l’archipel tout entier !
Spike McFang est ultra linéaire. Le scénario couloir par excellence. L’archétype de la trame qui se dévoile toujours au moment où... on s’y attend. Jamais de surprise, aucune prise de risque, c’est du classique vraiment peu efficace.
Mais ce qui est vraiment dommage, c’est que seule l’introduction arrive à nous vendre du rêve. Tout le reste de l’aventure se résume à des dialogues du type "Allez, allons libérer la ville suivante et tuer le roi démon régnant sur cette contrée démoniaque !". De plus, ils sont en très faible nombre et aucun développement n’est à espérer sur les personnages, l’univers ou autre.
Ah si, un passage sort du lot : l’arrivée à Batland Blizzard. Un semblant d’échange au second degré s’instaure entre Spike, Camelia et Rudy. Une pensée étrange traverse alors le joueur, le sortant de sa torpeur morbide : pourquoi ? Ce passage totalement raté et presque inexplicable n’a franchement pas sa place au sein de l’aventure… Malvenu et surtout mal mis en scène, il fait tache.
Mais rappelons-le : The Twisted Tales of Spike McFang a été pensé et conçu pour un très jeune public. Ceci explique cela, on lui pardonnera donc sa simplicité extrême et sa narration imbuvable pour se rattraper sur son gameplay, autrement plus addictif.
L’art du vide
Addictif certes, mais drôlement sommaire. Résumons la situation.
Le jeu se divise en quatre zones distinctes. Dans chacune, vous débutez toujours dans un petit village où il vous sera possible d’acheter des objets et de l'équipement, de sauvegarder et vous régénérer. Une fois cela fait, en environ une ou deux minutes chrono, vous vous lancerez dans le donjon qui y est accolé. Ce dernier est toujours divisé en deux parties, une zone en extérieur, faisant office d’entrée, et une portion en intérieur. Au bout, son boss à exterminer.
Voilà vous connaissez toute la structure du jeu, du début à la fin. Aucune surprise n’est à prévoir. À l’image du déroulement du scénario, c’est ultra redondant et prévisible.
Concernant les combats, là aussi on reste dans l’accessible simplifié.
Trois actions vous sont possibles : sauter, lancer son chapeau et donner un coup rotatif. Ce dernier étant destiné bien évidemment à tout ce qui est corps à corps. Mais attention, une petite subtilité vient s’y ajouter : si vous l’utilisez trop rapidement, votre Spike McFang sera étourdi quelques instants. Du coup, toute la subtilité du gameplay repose sur ce point : savoir doser ses attaques pour se retrouver le moins de temps possible inactif.
Cela peut paraître évident, mais même si le jeu se veut accessible aux plus jeunes, une certaine difficulté est à prévoir durant les premières heures de jeu. Vous serez assez souvent encerclé d’ennemis et la tornade sera votre seul moyen de vous en défaire. La maîtriser devient donc un des éléments clés du système de jeu.
Concernant le chapeau, il vous faudra charger le bouton d’attaque avant de pouvoir le lancer. Un bon point qui rajoute à la difficulté globale car dans les moments de rush, il peut être difficile de le sortir sans se faire toucher (et les PV partent vite). Une bonne gestion de ce dernier couplé avec la tornade est donc nécessaire. Simple, mais bien pensé.
Une dernière action vous est tout de même possible : utiliser des pouvoirs cristallisés sous forme de cartes. Ces dernières s’obtiennent de diverses manières, en les achetant, en les trouvant dans les donjons ou bien… au hasard dans des Grab Bag. Ces derniers sont à acheter en boutique pour une somme fixe, vous en retirerez une carte aléatoire à chaque fois.
Bref, tout l’aspect magique du soft se trouve là-dedans. Glace, feu, éclairs, soins, temps figé, etc., c’est grâce aux cartes que vous y aurez accès. Bon, soyons franc, finir le jeu sans avoir à les utiliser est tout à fait possible. Leur présence est presque anecdotique et force est de parier qu’elles resteront longtemps au chaud dans votre inventaire... Sauf celles concernant les soins, bien entendu !
On en vient donc à l’évolution de votre jeune vampire.
Jeu accessible signifie bien souvent une évolution pour le moins atypique. C’est ici le cas.
L’équipement n’apporte aucune statistique supplémentaire. D’ailleurs, il n’y en a pas vraiment… Seul le chapeau peut évoluer et uniquement son comportement se voit modifié. Si le premier, au début de l'aventure, ne se lance qu’en ligne droite, le dernier – acheté à prix d’or – fait office de véritable missile à tête chercheuse ! Cependant, il ne fera pas plus de dégâts.
Seul votre niveau global influera sur les dégâts. Et évidemment, il va falloir taper un bon gros nombre d’ennemis pour le faire monter. La récompense est qu'à chaque level-up, votre puissance va tout bêtement… doubler ! Chaque niveau pris se ressent énormément sur le gameplay. On tue bougrement plus vite les adversaires et on encaisse bien mieux.
Et c’est ici que Spike McFang réussit son pari de nous accrocher au pad ! La montée en puissance est tellement flagrante, tellement jouissive, qu’on se plaît très vite à farmer du monstre dès qu’une salle se présente, pour gagner en puissance et occire le boss du donjon sans le moindre problème.
La quintessence du RPG en somme.
Spike McFang c’est donc ça : une aventure ultra dirigiste, sans aucune liberté, où le gameplay est appauvri au strict nécessaire. Et pourtant, ça marche. Un certain plaisir se dégage de l’évolution de notre avatar et défoncer le vilain en quelques coups se révèle jubilatoire.
C’est nul, mais c’est bien. Vous en conviendrez.
Mignon tout plein
S’il y a bien un point qui fera plaisir à tous les joueurs, c’est bien l’aspect visuel. En 1993, ce titre a mis tout le monde d’accord : c’était beau ! Une animation plutôt réussie, des décors variés et des sprites assez conséquents faisant honneur à la Super Nintendo. Les détails sont nombreux et quelques effets visuels valent le coup d’œil. On pensera tout particulièrement au quatrième chapitre, dans la forêt, avec un
scrolling différentiel du plus bel effet. À vrai dire, plus on avance au sein de l’aventure, plus le Spike nous découvre ses atouts. Une réussite !
La seule ombre à ce tableau idyllique pourrait venir de la maniabilité, relativement déstabilisante durant les premières heures. Spike manque peut-être de réactivité et, couplé à une caméra trop souple, cela peut nuire à l’expérience de jeu. On s’y habitue, mais les plus exigeants ne manqueront pas de critiquer ce point.
Concernant la bande sonore, c’est un certain
Hisashi Matsushita qu’on retrouve aux commandes d’une OST très enjouée et colorée. Malheureusement, on y côtoie le très sympathique comme le moins bon… De manière globale, elle rappellera certaines sonorités issues de l’univers de
Koji Kondo (
Mario) et d’
Hiroki Kikuta (
Secret of Mana). Deux bonnes références.
Citons ainsi la piste la plus marquante, le fameux
Boss Theme, que l’on croirait tout droit tiré d’un
special stage de
Super Mario World ! Même topo pour l’excellente
Ratville Mountain Range, une des pistes les plus réussies. Une mélodie réussie, un rythme efficace pour un des meilleurs passages du jeu. La
Jungle of Mazes n’évitera pas de vous rappeler
Final Fantasy VI quand
Catch That Dark Spirit! vous flanquera une belle crise cardiaque tant le tempo est dingue !
Seulement voilà, il y a le reste… À l’image de
Kalala Desert, on nage dans du classique sans âme passe-partout.
Quelques bonnes pistes donc, mais qui ne seront pas suffisantes pour inscrire
Spike McFang au rang des bandes sonores incontournables de la Super Nes…
Twisted Tales of Spike McFang représente donc le minimum syndical que peut vous proposer un A-RPG de l’ère 16-bits. Une aventure linéaire et redondante au possible. Aucune liberté, aucune quête annexe, un simple couloir avec un scénario bourré de poncifs très maladroitement narrés. Seulement le plaisir de jeu est là, la montée en puissance palpable, et le gameplay suffisamment efficace pour vous garder éveillé au cours des cinq heures de jeu qui vous séparent de la fin. À réserver aux plus jeunes, certes, mais aussi aux plus grands nostalgiques d’entre nous.
08/07/2013
|
- Montée en puissance jouisive
- Très joli
|
- La linéarité
- La redondance
- Le scénario
|
TECHNIQUE 4/5
BANDE SON 3/5
SCENARIO 2/5
DUREE DE VIE 2/5
GAMEPLAY 3.5/5
|