Saga très en vogue au Japon, Tengai Makyou (aussi connue sous le nom de Far East of Eden) a débuté en 1989 avec Tengai Makyou: Ziria sur NEC, a continué toujours sur PC Engine avec Tengai Makyou 2: Manjimaru en 1992, et a enfin enchainé avec Tengai Makyou Zero sur Super Famicom dans la série pure. Le quatrième épisode, Tengai Makyou: The Apocalypse IV sortit en 1996 à la belle époque de la Saturn (juste avant Shining Force 3 et Grandia !) et connut un relatif succès. C'est pour le moment le seul de cette série pleine d'humour à se dérouler hors du Japon, le seul à être jamais sorti sur Saturn, mais surtout le plus noir de la saga. Tout ça à la fois, rien que ça.
Tengai Makyou débarque aux USA !
Jusque là, Tengai Makyou rimait avec Jipang, un Japon féodal fictif qui accompagnait chaque épisode de la série. Mais cette quatrième apocalypse se permet une petite infidélité, et non moindre !
Le jeu se déroule ainsi dans des États-Unis fictifs - ou presque, les états réels étant respectés - et totalement décalés de la fin du 19ème siècle, dans lesquels il faudra affronter la horde de démons qui pourrissent la contrée.
On incarne Rizing, un jeune chasseur de démons qui apprend tout de son maître, Red Bear. Au cours d'un périple en Alaska pour aider son mentor, Rizing ne peut empêcher l'accident avec son embarcation et chute lourdement au fond d'un ravin. Il va alors se remémorer sa mésaventure quelques années plutôt, lorsqu'au fin fond de la Nouvelle Orléans, lui et ses amis ont assisté au réveil d'un puissant démon dans l'obscurité d'un manoir que l'on disait hanté...
Sauvé et recueilli par des Inuits, Rizing va découvrir son destin : éteindre tous les feux sacrés à travers les USA et vaincre les démons qui cherchent à faire s'abattre l'apocalypse sur le monde.
Ainsi démarre la quête enchanteresse et démoniaque de ce RPG mythique, à travers tout le pays de l'oncle Sam, dont la société est parfaitement caricaturée et constamment tournée en dérision, avec de très nombreuses références en tout genre.
Les fans de la saga connaissent le principe par cœur, et c'est toujours avec plaisir que l'on se replonge dedans.
Le scénario peut sembler classique, mais il est mené de main de maitre et pousse le joueurs à avancer pour en savoir plus, non seulement car le rythme ne retombe jamais, mais aussi car les scènes cultes se succèdent avec une grande constance. L'humour reste bien évidemment le point fort de cette épisode, avec de nouveau un casting puissant et très développé, il n'y a pas vraiment de seconds couteaux. Si Tengai Makyo 2: Manjimaru avait Kabuki Danjuro, celui-ci possède Ace, le comique de service, provoquant d'innombrables situations grotesques, et l'élève égale presque le maître. Il faudra malheureusement une très bonne maitrise du japonais pour profiter de toutes les subtilités des dialogues, souvent à double sens.
Cependant, même si l'humour tient une place prépondérante au sein du jeu, le scénario laisse aussi la place à des moments graves, avec quelques passages bien noirs. L'alternance est vraiment réussie : parodie, humour, tristesse, situations absurdes et ambiance apocalyptique se mêlent élégamment sans jamais paraitre hors propos.
Belle 2D à l'ancienne
Après la claque des diverses présentations - d'une qualité excellente pour de la saturn - montrant une ambiance très dark pour la première puis le héros voguant sur... la neige de l'Alaska dans la deuxième (accompagné par une musique dantesque), on commence le jeu, et première chose qui saute aux yeux sont les graphismes : on retrouve l'ambiance des derniers jeux Super Nes, avec des graphismes en 2D très colorés, fins et détaillés. Ça sent bon la nostalgie !
Les décors sont très jolis et on a souvent droit à du scrolling différentiel, ce qui reste assez rare sur les RPG 2D de l'époque, et chaque lieu/village possède son propre cachet qui colle parfaitement à la région traversée.
La world map n'est pas en reste, très colorée et fine tout en restant toujours parfaitement lisible.
Si les phases d'exploration sont jolies, les combats sont eux magnifiques !
La vue adoptée est une vue de dos à la manière des Phantasy Star ou encore des Dragon Quest, avec des héros non visibles. Heureusement, lors des attaques spéciales on peut les admirer sous toutes les coutures lors de séquences animées d'une incroyable qualité. Les ennemis sont parfaitement dans le ton, énormes et superbement animés, dans le style atypique de la série.
Sans faire d'étincelle, le jeu se place comme l'un des plus beau RPG 2D de la machine, et saura régulièrement surprendre le joueur.
Un système de jeu fidèle à la saga
Au niveau du système de jeu, on retrouve le principe de jeu classique de la série, avec la traditionnelle alternance villages/combats/scénario et surtout exploration, que la série a toujours érigé en fondation essentielle. Le jeu est avant tout un appel à l'aventure et la découverte, tant pour le héros que pour le joueur.
Dans les villages, on trouve évidemment l'auberge, les boutiques ou encore les villageois pour profiter du folklore local, avec des dialogues particulièrement savoureux. Mais le plus important est certainement la guilde, où l'on peut aller forger divers objets, dont bien sur de nouvelles armes. En effet, à la fin des combats, on récupère des matières premières telles que des cornes ou de la peau, et en allant ensuite les apporter à la personne adéquate, elle les utilisera pour forger des armes et armures.
Lors des combats - en tour par tour, évidemment - on dispose des options classiques pour le genre, à savoir attaquer, utiliser une magie, déclencher une attaque spéciale ou encore utiliser un objet. Les combats sont particulièrement rythmés et dynamiques, et si on les finis la plupart du temps assez facilement, il ne faudra jamais sous-estimer les boss, qui proposent toujours un minimum de challenge.
Les attaques spéciales se gagnent au fur et à mesure de la progression des personnages, et les magies se récupèrent en trouvant les chefs indiens répartis dans tout le pays, sur la carte. Oui, les développeurs ont remplacé les bon vieux ermites traditionnels afin de coller a la thématique du jeu, et le résultat est excellent.
À noter que l'on voit les ennemis se promener dans les lieux et sur la carte, et que l'on peut en conséquence essayer de les éviter, un peu à la manière d'un Lunar. Les lieux ne sont pas très complexes, comme dans les autres Tengai Makyou, il suffit juste de trouver le bon chemin et d'aller au bout. Le jeu ne regorge pas d’énigmes, et normalement il est dur de se retrouver coincé, à part dans la progression générale, à cause de la barrière de la langue. Comme on dispose rarement d'un moyen de transport, de nombreuses heures de randonnées pédestres seront au programme.
Bref, avec un gameplay classique bien éprouvé agrémenté de quelques nouveautés intéressantes, le jeu fait mouche.
Une balade (musicale) à travers les USA
Il serait injuste de finir l'article sans souligner l'excellent travail
Toshiyuki Sasagawa pour les compositions.
Musicalement, c'est magnifique, avec une alternance de superbes thèmes symphoniques (le thème de Rizing, magnifique), de thème aux sonorités midi très prononcées, voire de pseudo techno. Les musiques sont toujours fort à propos et jamais en retrait, c'est aussi par elles que l'ambiance si particulière du soft se créée. Le jeu fait presque aucune fausse note de ce côté, à l'exception d'une musique de combat qui manque de personnalité et un peu molle.
À noter que quelques doublages de grande qualité accompagne les scènes clés du jeu, et les personnages inoubliables de cet opus en finissent presque par prendre vie. Le jeu est d'ailleurs relativement accessible même pour qui ne parle pas japonais, la plupart des situations étant très explicites.
Il n'y a rien à jeter dans ce grand RPG, dont la durée de vie n'a pas non plus à rougir. Il faudra compter plus de 40 heures pour venir à bout des 2CD, et nul doute que certains replongeront dedans avec bonheur afin de revivre quelques scènes mythiques.
La délocalisation de la série aux USA accouche du meilleur épisode de la saga, avec des références et des parodies bien plus accessibles pour nous, pauvres joueurs européens. Malheureusement, seul l'univers a été transposé, mais pas le jeu, sorti encore une fois uniquement au Japon.
Un must de la machine, un de ces RPG qu'on ne lâche plus une fois entamé.
07/07/2004
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- L'ambiance générale, l'humour
- Ace
- De nombreuses scènes animées
- Les musiques !
- La durée de vie
- Le système de forge d'armes
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TECHNIQUE 4/5
BANDE SON 4.5/5
SCENARIO 4/5
DUREE DE VIE 4.5/5
GAMEPLAY 4/5
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