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Genei Toshi - Illusion City
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Genei Toshi - Illusion CityHong Kong in the future
Il est souvent difficile de s'essayer à des RPG old school sur des supports marginaux ou trop vieux, tels que la MSX ou les consoles / ordinateurs conçus par NEC dans les années 80-90. Par quel jeu commencer, comment se procurer le matériel nécessaire pour le faire fonctionner ? Nous essaierons de montrer pourquoi Genei Toshi Illusion City sur PC-98 mérite que l'on fasse cet effort.
Une histoire de matosGenei Toshi : Illusion City est un jeu sorti en 1991, d'abord sur MSX, puis sur NEC PC-98, pour finalement atterrir sur le Mega-CD de SEGA en 1993. La version PC-98 semble la plus aboutie pour plusieurs raisons. D'abord, elle est celle qui propose la résolution la plus haute, la MSX et le Mega-CD étant des consoles destinées aux écrans cathodiques classiques. Ensuite, cette version PC permet l'utilisation d'une carte son MIDI. La version MSX permettait aussi cela, à condition d'acquérir une version extrêmement chère et rare de la console : la FS-A1GT, seul modèle permettant également de faire fonctionner le jeu sans ralentissements. Aujourd'hui encore, le calcul est vite fait : pour une FS-A1GT accompagné d'un décodeur MIDI compatible (comme le CM-64 ou le MT-32 de Roland), et le jeu Genei Toshi lui-même qui se fait rare, vous en aurez pour 140.000 yens (~1100€) au mieux. Pour un PC-98 équipé d'une carte MIDI, d'un décodeur et du jeu, vous ne dépasserez pas les 50.000 yens.
Bref, commencer à jouer à Genei Toshi nécessite d'abord une certaine maîtrise de machines datées et bien plus complexes (mais aussi intéressantes) que nos actuels PC / consoles. Ça prend du temps, de l’énergie, mais ça fait clairement partie du fun. Midgard en 2DOuf ! On lance enfin le jeu ! Les disquettes vrombissent (sept au total !), et nous envoient une introduction bien hardcore dans la tête. Un chasseur de prime marche dans une ville moderne plongée dans les ténèbres, dans laquelle cohabitent humains et monstres, à la manière d'un Urotsukidoji. La musique de l'intro est fantastique, et on est littéralement happé par l'univers cyberpunk du jeu en quelques secondes. Alors oui, tout est écrit en japonais incompréhensible. Ceux qui n'y pigent rien pourront trouver des résumés et autres aides sur le net. Ceux qui étudient un peu le japonais pourront profiter du jeu, mais sans pour autant tout comprendre : il y a vraiment des passages de scénario difficiles, et de nombreux Kanji illisibles. Personnellement, j'ai pu apprécier le jeu en comprenant environ 40 % des textes. Que vous compreniez ou non le japonais, vous vous rendrez vite compte des similitudes entre Genei Toshi et le début de Final Fantasy 7. La ville (Hong-Kong, dans un futur proche, dirigée par une société nommée SIVA) dans laquelle évoluent les personnages , leurs missions, le design de certains ennemis, et l'esthétique en général, ne laissent planer aucune doute : il n'y aurait peut-être pas eu de Midgard sans Genei Toshi. C'est sûrement cette inspiration qui donne un coté si mature aux premières heures de FFVII. L'intégralité du jeu se déroule à l'intérieur de la mégapole. Pour pourrez voyager entre les différents quartiers en empruntant des vaisseaux qui rappellent les voitures volantes de Blade Runner ou du Cinquième Élement. On pourra reprocher aux concepteurs du jeu de ne pas avoir proposé d'installation sur HDD (possible techniquement dès la fin des années 80 sur PC-98), ce qui nous force à introduire une nouvelle disquette à chaque changement de zone. (les maniaque du "floppy disc" apprécieront cependant…) Le jeu est aussi pas mal marqué par la tendance "CLAMP" des années 90 : un habile mélange de SF et de fantasy, des relations amoureuses et d'amitié atypiques et souvent tragiques (façon "X" de CLAMP ou "Darkside Blues" de Hideyuki Kikuchi). Les gens qui apprécient le genre risquent de bien s'éclater. Et puis sur PC-98, pas de tabous. Les développeurs ont eu carte blanche : de la chair et du sang. Mais jamais de façon gratuite. C'était mieux avant !Parlons un peu graphismes maintenant. Genei Toshi Illusion City est l'un des plus beau RPG en 2D que j'ai pu voir. Les détails et l'animation sont impressionnants, surtout lorsque l'on compare le jeu à d'autres sortis à la même époque. Micro Cabin a fait un travail extrêmement précis sur les gestes des protagonistes. Un personnage fait pivoter une chaise, il pose son manteau, s'assied, croise les jambes, se met à fumer. Tout ça en l'espace de deux ou trois secondes, et avec l'aide de quelques pixels seulement. Le jeu a également fait l'objet d'un très très gros travail d'illustration. On savait designer un jeu à cette époque ! La couv' est magnifique, les manuels également, avec plein de croquis de boss, d'armes, etc. Le chara designer; Nakata Koushi, a travaillé sur quelques dessins animés (Super Robot Wars Original Generation: The Inspector) et autres jeux de la même firme (XakIII). Facile... mais difficile.Le système de combat, au tour par tour, est bien dynamique et fun, à condition encore de bien comprendre ce qu'on est en train de faire. Les menus sont malheureusement peu intuitifs, comme la plupart des jeux PC-98. Vous vous retrouverez souvent face à des fonds noirs avec pleins de signes chinois incompréhensible. Encore une fois, Google (ou votre brillante capacité d'analyse) sera votre meilleur(e) ami(e) pour tenter de résoudre ce problème d'accessibilité. On est face à un système de combat classique, avec une équipe qui peut inclure jusqu’à quatre personnages. Chacun maîtrise un type d'arme (armes à feu, épées, griffes, etc), et il faudra soigneusement comparer les stats et l'efficacité de chacune pour augmenter vos chances de gagner. Encore une fois, ce n'est pas très pratique, mais le descriptif des armes n'existant pas dans le jeu, vous devrez lire la notice ou vous renseigner sur le net pour optimiser votre équipement. Certains criseront, d'autres prendront leur pied à éplucher la notice, et grappiller des informations par-ci, par-là. Un plaisir qui n'existe plus malheureusement aujourd'hui. Pour le reste, nous sommes en terrain connu, puisqu'on a affaire à un pur classical-RPG sans aucune fioriture. Level-up à chaque fin de combat, gestion d'un petit groupe de trois personnages, qui nous sont imposés pour les besoins du scénario. On évolue dans Hong-Kong de la même manière que dans Midgard : de quartiers en quartiers, certains étant des lieux de quête et de ravitaillement, d'autres des zones de combat. L'accès aux quartiers se fait par l'intermédiaire d'autorisations plus ou moins légales (acquisition de pass) ou le sabotage (à la manière encore une fois de FFVII). À part les questions d'accessibilité, on peut dire que Genei Toshi n'est pas un jeu trop difficile et se termine en une vingtaine d'heures. Genei Toshi Illusion City est un exemple de ce que le PC-98 a pu produire de mieux en terme de RPG. Original dans tous les sens du terme, bien désigné, techniquement irréprochable, mais également très difficile d’accès, tant au niveau matériel (PC-98) que logiciel (japonais). Cette difficulté est le prix à payer pour s’essayer à des jeux qui n'ont de limite que l'imagination de leurs créateurs.
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