En 1992 au Japon, et l'année suivante en Europe, sort un jeu qui va marquer une génération de joueurs et les fans de Tactical. Ce jeu, c'est
Shining Force: The Legacy of Great Intention.
Développé par
Sonic! Software Planning avec l'aide de
Climax, tout comme
Shining in the Darkness (le premier de la série sorti un an plus tôt), le jeu va faire date par son système complet mais simple à jouer, et ses phases d'exploration.
Le début d'une saga culte.
Une invasion sur fond de sommeil millénaire
Il y a 1000 ans, une grande guerre eut lieu entre l'armée des ténèbres du "Dark Dragon" et les guerriers de Rune, le continent dont les démons veulent obtenir la suprématie. Le grand démon vaincu et scellé, il promit dans un dernier souffle de briser la barrière 1000 ans plus tard et de venir se venger.
Un millénaire s'est écoulé, et le continent de Rune traverse une période de paix apparente. Mais, en coulisse, le royaume de Runefaust (je vous rappelle que Faust est le traître) s'active et prépare l'invasion des pays voisins, dans un but qui semble obscur, surtout depuis que le roi a placé DarkSol comme conseiller, un étrange mage dont personne ne connaît l'origine.
Guardiana, l'un des royaumes visés, va donc dépêcher une petite troupe pour essayer de percer le mystère et d'empêcher l'invasion.
Vous incarnez Max, le leader de cette petite troupe, qui a été adopté par le royaume après avoir été retrouvé sans mémoire des années auparavant.
Gameplay simple mais du défi
Shining in the Darkness avait séduit par son système simple d'icônes, et par une ambiance attachante. Shining Force reprend tout ça, pour une prise en main simple et immédiate. Les combats ne sont pas séparés en phases distinctes où l'on joue son tour avant de passer la main à l'ennemi comme c'est souvent le cas dans le genre (notamment à l'époque !). Ici, les unités jouent les unes après les autres selon leur vitesse.
Une fois une unité active, on peut la déplacer selon sa zone de mouvement (chaque "race" possède la sienne) directement à la manette. Oubliez les Tactics dans lesquels on pointe l'endroit où aller avant d'annuler et recommencer, ici tout est question de simplicité, de fun. Ce système, depuis repris par de nombreux représentants du genre, est une des raisons du succès du titre. Mais si le gameplay est simple à jouer, il n'en reste pas moins riche et le jeu est assez dur. Chaque zone des cartes donne des malus ou des bonus de mouvement. Les troupes auront ainsi du mal à se mouvoir dans des régions montagneuses ou de forêts. Il faudra donc être vigilant au bon déplacement commun du groupe, pour ne pas laisser isolée une troupe, proie facile pour des ennemis assez intelligents dans leurs choix.
Les combats sont également l'occasion de chercher les différents coffres qui parsèment les champs de bataille, pour récupérer de nouvelles armes et, pourquoi pas, des objets d'amélioration de statistiques, permettant de contre-balancer les points faibles de certaines troupes (déplacements des nains, défense des oiseaux, points de vie des jeteurs de sorts...). Mais il faut aussi prévoir d'en garder un petit paquet pour le héros, dont la mort n'entraîne pas un game over, mais tout de même la perte de la moitié de l'argent accumulé...
En parlant des jeteurs de sorts, les magies (puissance et zone de dégât) évoluent avec les niveaux, et l'on peut à tout moment choisir à quel niveau on souhaite les utiliser, très pratique et bien penser pour ne pas consommer plus de MP que nécessaire. Le héros possède le sort qui permet de se replier à tout moment en conservant tout ce qui a été gagné en combat, très utile pour ne pas rester bloqué indéfiniment sur un combat!
Au final, Shining Force brille par son système complet mais simple, tout en proposant des batailles ardues et bien variées. Un bel exemple de dosage et bon équilibrage, si l'on excepte les gains par niveau totalement aléatoires (un même personnage peut être nul ou bon selon les parties, assez troublant) et l'expérience perdue à chaque passage de niveau. Un niveau requiert 100 points d'expérience, mais une fois le niveau passé, on reprend à zéro, que l'on ait eu 60 points ou 99 avant de monter.
La force de l'exploration
Mais Shining Force n'apportait pas un vent de fraîcheur au genre que par son système de combat, loin de là.
En dehors des combats, le jeu proposait des phases d'exploration. Entre les combats, on peut se balader librement dans les villes comme dans tout RPG classique pour converser avec la populace locale, s'acheter des objets, fouiller le moindre bout de poussière (ça veut rien dire, ok) et dialoguer avec ses troupes dans son quartier général.
"Quel quartier général" ? Véritable institution de la série présent dès le premier épisode, le QG permet de converser avec ses troupes, choisir lesquelles participeront à la bataille (il faudra trancher pour prendre 12 personnages parmi la trentaine disponible) et prendre des conseils de son mentor. Dans chaque ville on aura ainsi son petit QG.
On peut également citer les églises, d'une importance capitale. Si un personnage tombe au combat, subit une altération de statut que vous ne pouvez soigner ou si vous voulez sauvegarder votre partie, il faudra vous y rendre. Puis, plus tard dans le jeu, le prêtre vous permettra également de promouvoir vos personnages qui ont atteint le niveau 10. Si les personnages ont accès à des armes plus puissantes et évoluent plus vite une fois promus, ils perdent également pas mal en puissance au moment de la promotion, aussi surprenant que cela puisse paraître. Compte tenu de la difficulté générale du jeu, il conviendra de bien répartir ses promotions pour ne pas avoir tous les personnages faibles au même moment, et de monter un peu plus que niveau 10 avant de sauter le pas.
Enfin, dans les villes se cachent aussi de nombreux persos optionnels, qu'il serait dommage de rater, chacun étant atypique.
A noter que le jeu est découpé en huit chapitres.
Une bande-son inoubliable
Shining Force a marqué toute une génération de joueur par son gameplay, certes, mais pas uniquement! Le jeu a aussi marqué par sa bande-son, absolument magnifique, avec des thèmes dynamiques, variés et marquants. Des années après, on se surprend encore à siffloter de temps à autre une musique de ce titre de légende.
Masahiko Yoshimura a signé ici un véritable travail de maître, en exploitant au mieux le processeur sonore (limité) de la 16 bits de Sega.
La bande-son au top, le design n'était également pas en reste. Les trente personnages designés par
Yoshitaka Tamaki sont vraiment superbes, et certains sont inoubliables. La diversité est également de mise, avec toutes les classes de l'heroïc-fantasy présentes. Le tout est parfaitement rendu à l'écran, avec des villages et cartes simples mais claires et colorées, et des scènes de combats vraiment magnifiques, malgré une animation un peu rigide.
Bref,
Shining Force, c'est du lourd. Le scénario a également contribué à donner ses lettres de noblesse au jeu, avec une histoire certes classique, mais intéressante et bien menée, et surtout des ennemis vraiment charismatiques, que l'on a vraiment envie de poutrer.
Le jeu prend une grosse trentaine d'heures pour être complété.
Malgré quelques défauts de jeunesse, Shining Force a su s'imposer comme l'un des meilleurs Tactics de sa génération. Gameplay au top, bande-son excellente, ambiance envoûtante, phases d'exploration intéressantes et scénario travaillé en font encore un incontournable aujourd'hui.
Le début d'une série mythique, tout simplement.
01/06/2008
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- Gameplay simple et efficace
- Scénario efficace
- Bonne IA
- Bande-son
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- Gestion étrange de l'expérience
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TECHNIQUE 3/5
BANDE SON 4/5
SCENARIO 4/5
DUREE DE VIE 4/5
GAMEPLAY 4/5
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