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Ys I & II Chronicles
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Ys I & II ChroniclesRUSH !
Ys - alias l'une des séries les plus recyclées du RPG - vient faire un énième détour sur PSP dans un set qui porte un petit air de déjà-vu. Si c'est en effet loin d'être la première fois que les deux premiers opus de la mythique saga sont réunis dans un seul jeu, ce portage a le mérite de nous faire parvenir à nous occidentaux, Ys I & II Complete sorti en 2001 sur PC au Japon uniquement. Ceci étant, la PSP se prête-t-elle véritablement au gameplay d'un tel titre ?
Un scénario ? Qui s'en soucie ?Ce n'est une découverte pour personne, Ys premier du nom, tout comme le second dans une moindre mesure, fait fit du scénario pour se concentrer sur l'action pure. Point d'excès de zèle et de scènes grandiloquentes à l'horizon dans le titre de Falcom en somme. Toutefois, une ligne directrice peut-être trouvée, celle-ci se résumant, pour le premier opus comme pour le suivant, à l'anéantissement des démons qui peuplent les terres. Tandis que Ys I démarrera presque in media res avec la recherche des six "Book of Ys" sitôt qu'Adol sera remis des blessures dues à son voyage préalable, Ys II fait, lui, directement suite à son grand frère et se déroule dans les étendues moroses d'Ys, une parcelle de terre qui lévite dans les airs depuis 700 années grâce à la magie. Les démons représentant la face obscure inhérente à la persistance de la magie dans l'univers, il vous incombera de la faire disparaître afin de ramener l'ordre et la paix dans ce monde. Force est de constater donc, que les efforts des développeurs ne convergent pas vers une histoire particulièrement minimaliste.
Toutefois, malgré un récit plus que simpliste, les personnages hauts en couleur des deux titres parviennent à nous immerger au cœur de la quête d'Adol, leur simplicité et leur classicisme assumés participant grandement à l'élaboration d'une atmosphère des plus légères, et par conséquent particulièrement appréciable. Un game-designer ? C'est quoi ça ?Chez Falcom, on croit dur comme fer que c'est dans les vieilles marmites qu'on fait les meilleures soupes. Ainsi, on a pensé que conserver la technique du "je fonce dans les ennemis pour les frapper" - marque de fabrique des épisodes originaux – dans un remake récent serait une idée de génie. Malheureusement, après avoir gouté aux joies du martèlement de boutons via Ys Seven ou Ys: The Oath in Felghana sortis plus tôt sur le même support, on s'afflige devant la lenteur d'Ys I. Bien évidemment il s'agit là d'un portage de softs anciens qui accusent leur âge et qu'il faut savoir considérer à juste titre. Cependant, un simple calibrage de quelques points aurait pu rendre l'expérience plus addictive, entrainante, bien qu'elle demeure relativement courte pour Ys I, de l'ordre de la demi-douzaine d'heures.
Tout d'abord, l'absence de touche action supprime une bonne partie de la dynamique d'un action-RPG, réduisant par là l'interaction avec le joueur, c'est une évidence. Puis, la façon dont les monstres sont disposés de manière un peu trop éparse empêche à la sensation de "marravage de mob" en série de faire son apparition. Enfin, la facilité aberrante à one-shoter n'importe quel monstre une fois l'équipement adéquat en sa possession apporte une certaine ponctualité dans le gameplay, empêchant encore une fois d'enchainer à foison ses adversaires. Tout ceci, vous l'aurez compris, contribue à inhiber ce ressenti qui nous permettrait de nous prendre pour un fou furieux en manque d'action. Il me faut néanmoins nuancer mon propos. En effet, avec Ys II, Falcom semble progresser et répare quelques unes de ses erreurs commises dans Ys I. A commencer par la concentration au m² des ennemis, plus nombreux, plus résistants, plus violents. Conséquence directe : le bash fait vraiment son apparition, même si l'absence de touche action demeure encore et toujours un frein à l'expression totale de la sauvagerie du joueur. A noter également une progression des aptitudes d'Adol bien mieux calibrée que précédemment, ce qui limite la toute-puissance divine que le héros aux cheveux flamboyants semblait posséder et renforce l'intensité des duels. Ainsi on assiste à une amélioration sur deux titres d'un gameplay quasi-identique. Quasi car Ys II introduit la magie, un plus non négligeable, pour ne pas dire indispensable, qui se place au cœur du système de jeu et qui donne toute sa richesse au second épisode. Les allers-retours c'est mon dadaCe défaut était présent dans les versions d'origines, il allait de soi qu'il se retrouve dans ce portage PSP. Pour Ys I comme pour Ys II, les allers-retours sont monnaie courante, résultants de choix de game-design peu judicieux, d'un univers mal achalandé, ou/et d'une volonté de prolonger artificiellement une durée de vie assez faible. A cela ajoutons la maladresse des renseignements donnés quant au chemin à prendre pour continuer l'aventure et l'on peut très vite se sentir frustré ou lassé, ainsi poussé à jouer par petites sessions malgré le caractère addictif du gameplay. Ys I & II Chronicles se tire donc une balle dans le pied qui nuit gravement au but qu'il recherche : susciter l'assuétude.
Peu de choses à redire en revanche sur les donjons très bien ambiancés du soft. A la fois très divers, dépaysants et animés par un bestiaire très bien fourni, on parcoure avec grand plaisir les couloirs des cavernes et autres tours, ceci malgré la relative austérité graphique qui se dégage du jeu. En définitif, le charme old school, bien qu'impliquant le fait que l'enrobage soit peu enluminé et peu sophistiqué, fait son petit effet et réussit à nous transporter suffisamment pour apprécier l'expérience. D'autant que l'on peut compter sur une bande-son de qualité qui rythme le jeu d'une très juste façon, déclinée en trois tonalités différentes. On retrouve effectivement les pistes endiablées de la Falcom Sound Team jdk dans leurs versions PC-88, Complete ou bien Chronicles, cette dernière réalisée par Yukihiro Jindo étant représentative du travail d'orfèvre des compositeurs du studio nippon. Par ailleurs, outre ce dernier point, l'interface remaniée du soft et les artworks mis au goût du jour, le jeu est le même que Ys I & II Complete sur tous les aspects. Le mystère du dernier donjonEn plus de boss-fights tous plus jouissifs (et frustrants) les uns que les autres, les gars de chez Falcom excellent dans un autre domaine : les derniers donjons. Des riffs qui feraient pâlir de honte Jimi Hendrix, un level design parfaitement étudié, des boss en veux tu en voilà, une ambiance saisissante et des décors soignés, le tout pendant l'équivalent de la moitié de la durée de vie du jeu, voici ce qui semble composer la recette miracle pour faire oublier au joueur tout ce qu'il a pu subir jusqu'à maintenant et l'obliger à se concentrer sur un challenge de taille. Arrivant de manière assez précipitée et incongrue dans le déroulement de l'histoire, ces donjons finaux contrastent totalement avec le reste du jeu et semblent avoir été peaufinés jusqu'au moindre petit détail. Et, cerise sur le gâteau, avec la magie d'Ys II, on aurait presque le droit à des énigmes décentes dignes de ce nom !
Tantôt agaçant, tantôt addictif, Ys I & II Chronicles, malgré ses quelques ajouts par rapport à la version Complete, demeure mal équilibré. Entre un donjon final ultra jouissif, soigné, et un début d'aventure en demi-teinte, on pourrait ne pas savoir quoi penser du soft de Falcom. Ceci dit, l'ambiance toute particulière se dégageant de la simplicité et de la légèreté des aventures de notre Adol national prendront le pas sur notre frustration, et on gardera le souvenir d'une bonne expérience qui met un peu de temps à se mettre en place à travers les deux volets.
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