J'avoue ne pas être fan des
Lufia. L'univers ne m'a jamais particulièrement intéressé, le gameplay me paraissait un peu fade et les personnages pas franchement intéressants. Cette réécriture (car
Estpolis n'est pas un remake contrairement à ce que l'on aurait pu croire) avait, cependant, des chances de me plaire. En effet, le jeu est maintenant plus court, plus direct, sans pour autant perdre l'âme des épisodes originaux chers aux fans de la série. Le pari est-il gagné ? Réponse dans ce test.
Il était une fois sur Elcid
Le jeu commence
in medias res en vous mettant dans la peau de Maxim, jeune héros fougueux à la chevelure éclatante, accompagné de son ami et professeur déjanté, Rexas. Ils se dirigent vers l'île de Soma où réside Gades, un "Sinistral" terrorisant toutes les contrées avoisinantes. Il sera malheureusement bien trop faible et sera obligé de fuir afin de rassembler ses forces et demander de l'aide aux îles qui entourent la sienne.
Que l'on ne se méprenne pas : l'histoire d'Estpolis est extrêmement convenue. Et justement, son plus gros avantage est que le jeu en est parfaitement conscient, ainsi, les scènes relatives à l'histoire sont expédiées plutôt rapidement et durent rarement plus de quelques minutes. Mais ceci n'est en rien un défaut car on se rend très rapidement compte que le scénario n'est qu'au service des personnages, à la manière d'un
Mana Khemia : nous avons ici droit à un casting très attachant accompagné par des NPC plus loufoques les uns que les autres. Le joueur pourra donc contrôler six personnages, tous hauts en couleur, et chacun évoluant au fil de l'histoire. Le jeu s'étend sur une période de temps plutôt longue, ce qui permettra d'apprécier les changements de chacun de nos personnages : certains se marient, ont des enfants, d'autres préfèrent voyager pour trouver un sens à leur vie, etc...
Les personnages d'
Estpolis sont avant tout humains, et leur présence est indubitablement l'un des plus gros points forts du jeu.
Puzzle RPG
Le gameplay du jeu est quelque peu particulier. Là où la majorité des autres RPG se concentrent plus sur les combats et l'évolution des statistiques de nos personnages avec des puzzles pour ne pas trop alourdir les phases de donjons, ici c'est exactement l'inverse. Les visites des différents endroits ne sont rien d'autre qu'un prétexte afin de faire fonctionner les neurones du joueur, en mettant quelques ennemis à abattre sur son chemin pour briser la monotonie. Les puzzles sont très divers, mais ils ont surtout la particularité d'utiliser tous les personnages, et c'est ici que les caractéristiques inhérentes à chacun apparaissent. Prenons Selan par exemple, dont l'arme est un
chakram que l'on peut contrôler à sa guise une fois lancé (un peu comme un boomerang télécommandé). Il est alors possible d'atteindre des leviers éloignés ou tout autre appareil hors de portée. En apparence simples, ces particularités permettront souvent la mise en place de mécanismes complexes qui nécessiteront alors toute votre attention pour les résoudre. Il y aura également des occasions où il faudra régulièrement changer de personnage au cours d'un puzzle pour sa résolution.
Sinistral May Cry
Au niveau des combats en eux-mêmes, nous avons ici droit à un Action-RPG plutôt classique. Chaque personnage possède deux types d'attaque : un combo standard ainsi qu'une capacité spéciale (qui sert tant aux puzzles qu'aux combats). Il est possible de charger les deux types d'attaque afin d'infliger plus de dégâts, mais cela réduira votre vitesse de déplacement. Il est également possible de sauter ou d'effectuer des roulades. Et il faut avouer que le tout forme un ensemble efficace et il est très agréable de tuer les ennemis qui s'offrent à nous. Il est seulement dommage qu'ils soient en si petit nombre dans les donjons, mais ce n'est au final pas si dérangeant que ça.
Si le gameplay dans son ensemble est plutôt bien ficelé, il en est tout autre de la programmation. En effet, le jeu nous donne parfois l'occasion d'assister à de jolis bugs qui semblent s'y trouver intentionnellement. Exemple : après être tombé à terre, notre personnage profite d'un "recovery time" où il est invincible pendant quelques instants, mécanisme très populaire et qui est très souvent présent dans les jeux d'action en général. Mais ici, l'apparition de ce recovery time est extrêmement aléatoire, de telle façon qu'à certains moments, les ennemis ont largement le temps de nous attaquer plusieurs fois de suite pendant que l'on se trouve à terre. Sachant que l'on est limité à neuf exemplaires d'un objet, il est parfois frustrant de gaspiller toutes nos potions alors qu'un boss des plus ardus nous attend à la fin.
Mets ta pièce !
Pour finir sur la partie dédiée au gameplay, il convient de parler du système de "stone board". Exclusif à cette version DS, il s'agit tout simplement d'un type de sphérier (très populaire en ce moment), qui est commun à tous les personnages et sur lequel on peut déposer des pierres magiques nous permettant de débloquer de nouvelles capacités, ou d'améliorer nos stats. Chaque personnage possède son propre "compartiment". Les pierres utilisées ont des formes différentes et il conviendra de les placer en fonction de cette forme. De plus, si une pierre est déposée sur une bordure séparant les zones d'évolution de deux personnages, il est possible de mettre en commun des capacités entre les deux personnages en question.
Technical Deficiency
Techniquement, le jeu possède une 3D plutôt correcte pour la DS. Cela signifie que c'est un peu moche et assez grossier. Les modèles de nos personnages sont méconnaissables et les différents effets visuels plutôt pitoyables. Cependant, le character design du jeu est d'une grande qualité, et il est très agréable de noter que chaque personnage un tant soit peu important possède son propre portrait durant les discussions. Certes, il ne correspond peut-être pas exactement au design que certains s'imaginaient lorsqu'ils ont fait le jeu il y a une dizaine d'années, mais j'aimerais que ces personnes se posent la question : n'aiment-ils pas le design parce qu'ils le trouvent réellement mauvais, ou parce que les personnages ne ressemblent finalement pas à ce qu'ils espéraient ? À méditer.
Musicalement, le jeu s'en tire fort bien grâce à des remixs explosifs qui, étonnamment, ne souffrent pas de la qualité sonore de la DS. Les mélodies si agréables des épisodes SNES sont ici parfaitement recomposés, et tous les fans seront assurément comblés d'écouter leurs pistes favorites une fois le jeu en main.
Estpolis est donc un très bon jeu, proposant un casting mémorable et attachant, un gameplay addictif, un design somptueux et une excellente bande-sonore. Les quelques défauts du jeu ne devraient dissuader quiconque de se le procurer, car on tient là un des meilleurs RPG de la DS !
28/03/2010
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- Les personnages
- Le gameplay
- Le design
- Les musiques
- Une bonne replay value
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- Quelques bugs
- Une histoire un peu trop banale
- Une 3D quelconque
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TECHNIQUE 3/5
BANDE SON 4/5
SCENARIO 3.5/5
DUREE DE VIE 3/5
GAMEPLAY 4/5
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