Nippon Ichi Software est l'un des éditeurs de RPG les plus prolifiques de ces dernières années. Entre les localisations réalisées par la branche américaine de la société et les jeux, assez nombreux, concoctés par la partie japonaise, il est difficile de passer à côté des productions de l'éditeur quand on est amateur du genre. Spécialisés initialement dans le T-RPG, le studio commence à se diversifier avec des titres tels que
Z.H.P. sur PSP ou
The Witch and the Hundred Soldiers à venir sur PS3. Parmi ceux-ci, attardons-nous sur
Classic Dungeon (ou
Cladun: This is an RPG dans sa version occidentale), un jeu proposant à la fois une approche et une esthétique différentes des autres titres de
NIS. Les habitudes changent, mais le savoir-faire reste présent.
8-bit style
La volonté d'émancipation des standards du RPG se ressent énormément dans Cladun, et ce dès les premiers instants. Le jeu est donc un Dungeon-RPG, adoptant une esthétique pixel-art très prononcée, qui si elle paraît un peu « lisse » aux premiers abords, convient parfaitement à l'ambiance et devient très acceptable une fois que l'on s'y habitue. Les personnages, malgré le manque de détails dû à cette approche graphique, sont reconnaissables et présentent un style plutôt attachant pour la plupart, et les lieux visités, bien que plutôt peu nombreux, réussissent à proposer une esthétique convenable. Bien entendu, pas de contemplation de panoramas ou de traits architecturaux ici, mais les fortes variations de tons entre les différents endroits permettent un minimum de dépaysement. En outre, un des avantages du style graphique employé est sa grande malléabilité, le jeu jouera d'ailleurs de cet atout pour nous proposer maintes possibilités de créations de personnage, ainsi que d'édition des PNJ. Car oui, vous teindre les cheveux en vert fluo, se combattre avec un Prinny, ou encore changer les vêtements d'un personnage trop ringard, Cladun le permet avec une simplicité d'action presque enfantine. Certes, ce type de modifications n'intéressera pas tout le monde, mais le degré de celles-ci était tout de même à souligner.
La claque sonore
Parlons maintenant de la bande-son, qui est une immense réussite. Le jeu possède un réel travail de fond dans le domaine, et est clairement l'un des atouts majeurs du jeu pour se démarquer et proposer une réelle identité. Tout d'abord, sachez que dès le menu titre, le jeu nous propose de pouvoir basculer en mode 8-bit afin de profiter des musiques avec les sonorités de notre enfance, collant parfaitement avec l'orientation du titre. Un bel atout, donc, pour ceux et celles qui jouent au jeu dans l'optique de faire un voyage dans les jeunes années du jeu vidéo. La bande-son originale, quant à elle, propose toujours ce feeling rétro, mais avec des compositions instrumentalisées et possédant plus de profondeur que l'OST 8-bit. Mais venons-en aux musiques en elles-même. Composées par
Zizz Studio, boîte composée de
Kaori Tsutsui et
Yoh Ohyama, compositeurs peu habitués aux bandes originales de RPG mais pas si inconnus au bataillon que ça (
Tsutsui ayant contribué à la bande-son de
Grand Knights History et de certains albums de remix de
Tales of Symphonia, tandis que
Ohyama possède à son actif des compositions sur l'anime
Higurashi no naku koro ni,
Fate/Zero ou quelques visual novels tels que le connu
Chaos;Head), les musiques surprennent par leur inspiration et leur patte significative. En effet, les compositions possèdent une consonance celtique assez prononcée, pour un résultat vraiment convaincant. Une véritable bonne surprise.
Et le scénario dans tout ça ?
Continuons notre tour d'horizon avec le scénario de Cladun. Autant ne pas vous le cacher, le jeu ne dispose pas d'un scénario vraiment étoffé, avec des personnages profonds et une intrigue poussée. Ici, il va pleinement respecter les bases d'un RPG à la Nippon Ichi, avec une situation de départ simple, puis en fournissant tout au long de l'aventure une multitude de situations plus rocambolesques les unes que les autres.
La base de l'histoire est donc simple. Pudding, adolescente de 15 ans au caractère bien trempé se trouve atteinte, pour des raisons inconnues, d'une maladie un peu spéciale : si elle se met à rire, elle mourra. Autant dire que la situation est handicapante, et qu'il faut qu'elle trouve un remède au plus vite. C'est ainsi qu'accompagnée de Souma - un garçon du même âge mais possédant un comportement aux antipodes de Pudding - elle se rendra à Arcanus Cella, un village magique censé réaliser le vœu de quiconque arrive à en sortir en vie. Ce village est gardé par Despina, une sorcière puissante mais quelque peu misanthrope, qui pendant longtemps sera totalement isolée chez elle, pour éviter les contacts avec le monde. La ville est également peuplée par des Hiyojis, sorte d'oiseaux qui vous prodigueront toutes les astuces nécessaires à votre survie dans ce monde. Mais Arcanus Cella est forcément une ville qui attire beaucoup de monde, et beaucoup de personnes de différents horizons arriveront sur Arcanus Cella au cours de l'aventure. Parmi ceux-ci, on rencontrera de nombreuses personnalités différentes, comme Coco, un homme poursuivi par la malchance mais optimiste en toutes circonstances, le couple Sunday/Battleblo, rivaux respectivement à la recherche de l'épée ultime et du bouclier ultime, Bob, un passionné de mode ou encore Crosstine, un chat parlant assez mystérieux. En bref, une véritable multitude de personnages créant des situations réellement ubuesques et totalement inattendues. Doatche par exemple, le barman bien poilu et viril du village, est en réalité une ancienne princesse venue à Arcanus Cella pour pouvoir changer de vie !
Un gameplay aux multiples composantes
Venons-en au système de jeu. Cladun possède un gameplay assez simple, mais largement mis en valeur par une dimension RPG non-négligeable. En effet, les phases d'exploration de donjon sont en vue du dessus, et se jouent plus ou moins à la manière d'un Zelda 2D. Les possibilités offertes par ces derniers seront toutes réalisables dans ce jeu, comme courir, vous protéger, sauter ou encore attaquer à distance. Le jeu possède en outre une gestion de magies, qui vous permettra, au fil des niveaux, d'apprendre de nouveaux sorts pour mieux s'en sortir dans le combat à distance. Attention cependant, seules trois magies peuvent être utilisées en même temps par un personnage. Il sera donc de mise de choisir judicieusement son set de magies avant de se lancer dans un donjon. De plus, le jeu possède une gestion des équipements proche d'un RPG classique. C'est donc par le biais du magasin présent dans le village principal, ou via les objets lâchés par les ennemis que vous vous procurerez des armes, armures ou boucliers pour mieux vous en sortir. À noter que les armes disponibles dans le jeu sont de trois sortes : les épées, les haches et les bâtons. Les épées sont un bon compromis entre puissance de frappe et vitesse. Les haches, elles, sont plus lentes, mais plus puissantes et peuvent étourdir l'ennemi quelques secondes. Les bâtons, quant à eux, ne sont pas efficaces au corps à corps, mais permettent d'avoir des magies plus puissantes tout en réduisant les coûts en MP. Ajoutez à cela des armures et boucliers qui favorisent l'une ou l'autre des orientations, des titres pour chaque équipement leur conférant un avantage ou un inconvénient particulier (bonus d'attaque, résistance à la glace par exemple), un changement de job à la
Disgaea avec des tiers déblocables, et vous avez déjà un bon aperçu de la personnalisation qu'offre le jeu.
Mais
Cladun va encore plus loin pour nous proposer une gestion des compétences, en incorporant à son jeu un élément inédit : les Magic Circles. Derrière ce nom étrange, se cache ni plus ni moins qu'un véritable travail de stratégie adapté à l'approche que vous souhaitez donner à votre personnage.
Cladun, derrière son côté Dungeon-RPG aux allures rétro, reste un jeu
NIS. Et qui dit
Nippon Ichi, dit forcément ribambelle de personnages hauts en couleurs. Car oui, malgré le fait que le jeu soit limité à un village principal et aux nombreux donjons qui l'entourent, le jeu sera ponctué de pléthore de scènes durant lesquelles de nouveaux personnages feront leur apparition, personnages qui seront presque tous disponibles en tant qu'alliés. Et c'est là que rentre en compte le concept de Magic Circle. Le Magic Circle est représenté sous la forme d'une série de liens autour du personnage principal, celui que vous choisirez pour traverser les donjons. Sur chacun de ces liens, un personnage (rencontré dans le jeu donc) pourra être mis en place afin de renforcer le personnage principal. Ces cases peuvent en outre posséder un bonus ou un malus en fonction des Magic Circles, comme des points d'expérience doublés ou des HP divisés par deux. Aux personnages secondaires peuvent être attachés des artéfacts qui, à la manière des équipements, peuvent être trouvés sur les ennemis vaincus ou dans la boutique. Les artéfacts sont des bonus pouvant augmenter toutes sortes de caractéristiques, des HP des persos principaux ou des alliés aux points d'attaque, tout en passant par des modifications plus subtiles telles que le temps de lancement d'une magie, le pourcentage de coups critiques etc. Bien entendu, on ne peut pas se créer un grosbill dès le début du jeu, et les premiers Magic Circles débloqués feront intervenir dans un premier temps très peu de personnages, et également peu de cases d’artéfact. De plus, une autre composante rentre en compte dans l'évolution de ces Magic Circles : le Mana.
Presque tous les artéfacts proposés dans le jeu nécessiteront un certain nombre de Mana pour être placé dans le Magic Circle. Plus ces derniers sont puissants, plus ils nécessiteront de ces points Mana, points qui sont définis par une caractéristique sur chaque personnage, qui évolue avec le niveau du personnage, ou par l'utilisation d’artéfacts qui permettent d'augmenter les points de mana d'un personnage secondaire gratuitement. Deux limites se posent à ces artéfacts : ils vont utiliser un emplacement qui aurait très bien pu être utilisé pour un boost d'attaque par exemple, et ils deviennent vite très cher. Pour optimiser un Magic Circle, il faudra donc utiliser les bonus de Mana judicieusement, en les plaçant dans les cases les moins gênantes (un bonus Mana peut être placé n'importe où, au contraire des autres bonus dont les emplacements sont définis par la nature du Magic Circle), et en privilégiant les bonus +10 aux bonus +3 par exemple, pour ensuite faire rentrer les artéfacts augmentant les stats voulues en utilisant un maximum des points de Mana à notre disposition par le personnage choisi. Toute une gymnastique en somme.
Mais tout n'est pas aussi facile, il va maintenant falloir préserver les atouts du Magic Circle ! En effet, chaque personnage en jeu dans un Magic Circle est représenté sur l'écran de jeu en haut à droite, et possède une barre de vie. Ils serviront en fait au cours de l'aventure de boucliers humains, protégeant chacun d'une attaque prise par le personnage en fonction de l'orientation relative du dégât subi. En fait, un personnage prendra les dégâts pris sur la gauche, un autre sur la droite, un troisième devant et un quatrième derrière. Il sera donc judicieux de placer le personnage avec le plus de points de vie en avant, car c'est de là que viendront la majeure partie des dégâts subis. Dans le cas d'un Magic Circle à plus de quatre personnages, les persos non représentés sur l'écran de jeu prendront le relais après la mort de l'un des autres alliés. De plus si un dommage est subi face au personnage principal et que seuls les alliés sur les flancs sont disponibles, alors ce seront eux qui prendront les dégâts à la place du personnage principal. Mais attention, un allié mort fait perdre tous les bonus qui lui sont attachés dans le Magic Circle. Et en donjon, cette particularité peut vite faire la différence. Il n'est en effet pas rare que tous les bonus de magie soient placés sur le même personnage, et se retrouver sans ressources magiques suite à la mort d'un allié peut vite être préjudiciable.
Du contenu à foison
Comme souvent chez Nippon Ichi, Cladun proposera encore une fois un contenu gigantesque, pour rassasier même les fans les plus hardcore. Tout d'abord, parlons de la popularité. Le jeu possède en effet un système de réputation, dont les points peuvent être obtenus en refaisant les donjons relatifs à l'histoire. Chaque donjon du scénario possède un temps de référence, et lorsque vous finirez un donjon, pour chaque seconde passée sous le temps de référence de celui-ci, vous gagnerez un point de réputation. Ces points vous permettront d'accéder à des équipements de VIP bien plus performants que les objets de base (mais bien plus chers), ou de parler à des PNJ qui vous feront plus confiance une fois que vous avez une réputation suffisamment grande.
De plus, le jeu possède deux donjons aléatoires. Le Rangeon tout d'abord, est un premier donjon aléatoire disponible dès le milieu de l'histoire environ, et possédant un challenge très progressif. C'est donc un excellent moyen de s'entraîner et de faire du leveling au cours de l'aventure, même si aller au bout des cent étages de ce donjon est un véritable parcours du combattant. Il faudra attendre l'après fin du jeu pour s'y attarder, clairement. Une fois ce Rangeon terminé, un autre donjon aléatoire se débloquera, le Newgeon. Ici, plus de pitié, les ennemis sont très violents et montent en niveau très rapidement. Un challenge de taille, qui nécessitera de très nombreuses heures de jeu avant d'être maîtrisé. Enfin, une troisième série de donjons aléatoires est disponible, uniquement en multijoueur. Car oui, le jeu possède un mode multi, jouable à deux en local uniquement. Autant dire qu'il est difficile de profiter de ces nouveaux donjons, d'autant plus que le multijoueur souffre de beaucoup de ralentissements. Ce n'est clairement pas le point fort du jeu. Enfin, notons que le jeu propose une véritable encyclopédie de l'univers ainsi qu'un livre des monstres, possédant plusieurs statistiques intéressantes sur ceux-ci tels que le nombre de rencontres, les dommages causés ou la faiblesse des ennemis. En somme, la durée de vie est excellente, et peut-être trop grande même pour que la motivation de profiter de l'intégralité de l'expérience soit conservée par tout le monde.
Cladun: This is an RPG n'a pas vraiment eu l'attention qu'il mérite. Plaisant visuellement et musicalement, tactique, long et parfois hilarant, c'est un bon jeu, à la fois différent et fidèle aux habitudes de Nippon Ichi. Certes le constat n'est pas parfait, et des limites dans le gameplay ou des sauts de difficulté un peu trop accentués se font ressentir, mais Cladun reste une véritable bouffée d'air frais sur PSP.
25/03/2013
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- Musiques sublimes
- Gameplay très stratégique
- L'humour
- Excellente durée de vie
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- Difficulté irrégulière
- Le gameplay se renouvelle peu finalement
- Peut-être trop long ?
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TECHNIQUE 3/5
BANDE SON 4.5/5
SCENARIO 3.5/5
DUREE DE VIE 4/5
GAMEPLAY 3.5/5
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