Après le succès de son héritier spirituel de
Baldur's Gate,
Dragon Age: Origins,
Bioware décide de sortir une extension pour ce dernier.
Cependant, la boîte canadienne n'a jamais été connue pour fournir de bons addons. Celui-ci dérogera-t-il à la règle ?
Nouvelle histoire
Au début de cette nouvelle campagne, le joueur aura le choix d'importer son personnage ou d'en créer un nouveau. Les choix les plus importants de la partie importée seront conservés, cependant, on peut importer sa sauvegarde même si le personnage principal était mort à la fin du jeu de base. Il sera considéré comme ayant survécu, et fort de cette résurrection miraculeuse, il pourra se lancer corps et âme dans Awakening. Si en revanche on décide de créer un nouveau personnage, on incarnera un garde des ombres fraichement arrivé de la contrée d'Orlaïs qui commencera niveau dix-huit accaparé d'un équipement solide.
Nommé au poste de commandeur garde de la contrée d'Amaranthine, pour réprimer les dernières engeances qui sont restées à la surface malgré la défaite de l'archidémon, notre personnage se voit dans l'obligation de rallier le fort Bastel en compagnie de Maïhri, jeune guerrière éprise de justice. Cependant, la place forte se voit justement attaquée par ces maudites créatures et la libérer devient votre but. C'est en déambulant dans les couloirs de fort Bastel que vous rencontrerez vos premiers compagnons se défendant face à l'engeance. Vous y retrouverez d'ailleurs Oghren, le nain déjà culte de DAO, qui bien évidemment reconnaitra son ancien ami si une sauvegarde a été importée. La rencontre avec une engeance qui parle bouleversera tout ce que vous pensiez savoir sur ces horreurs et mettra en avant le principal mystère de cette extension : la véritable nature de l'engeance.
C'est donc la région d'Amaranthine, ancien fief du Hiarl félon Howe, un des comtés de Férelden, que l'on explorera. Malgré ce "zoom" sur la carte de DAO, le background de cette nouvelle région est beaucoup moins étoffé. Alors, on pourra se dire que c'est un addon et que par conséquent, c'est normal... mais il y avait matière à faire bien plus, même sur une région déjà intégrée au monde de DAO.
De même, vos nouveaux compagnons, toujours aussi excellents dans leur caractère, ne seront pas assez développés, car trop peu de dialogues avec eux seront proposés. En effet, vous ne pourrez effectuer qu'environ quatre dialogues avec vos nouveaux "amis": un à leur recrutement, deux au fort et un dans leur quête annexe. Il résulte de cela des personnages moins fouillés et moins intéressants, des personnages qui font un peu coquilles vides sans passé malgré des caractères bien trempés.
La trame souffre d'une durée de vie trop courte : environ huit heures pour finir le scénario. C'est vraiment faible, d'autant plus que si l'histoire se révèle agréable à suivre, on reste sur sa faim car on eut apprécié un peu plus de développement, notamment sur le personnage de l'Architecte, engeance mystérieuse qui sera au centre des attentions. L'histoire est au final expédiée, avançant trop peu au début, on pouvait s'attendre à un final explosif : il n'en est rien, deux révélations et c'est le boss final...
Grosbill
Concernant le gameplay et le mode de création et d'évolution des personnages, rien n'a changé bien évidemment et les mécaniques de jeu sont détaillées dans la
review de
Dragon Age: Origins.
Sachez que cette extension est placée sous le signe du grosbillisme : en effet, même l'équipement le plus rare de
DAO, obtenu à la sueur de votre front, en ayant complété le jeu à 100% ne fera pas le poids face au nouvel arsenal disponible dans
Awakening. Pour accentuer cet abus déjà presque total,
Bioware a eu la bonne idée de rajouter une ligne de talent dans chaque voie choisie qui offre généralement quatre talents bien croqués, entendez par là, complètement "cheatés". Mais ce n'est pas tout car, en plus d'avoir rajouté deux nouvelles spécialisations par classe, voilà que les développeurs canadiens permettent au joueur de choisir trois spécialisations par personnage au lieu de deux dans le jeu de base (on notera en plus de tout cela, de nouvelles lignes de compétences toutes aussi abusives). Le seul ajout vraiment appréciable, et qui à mon sens aurait dû être présent dans
DAO, est la fabrication de runes d'enchantement, une compétence d'artisanat très sympathique.
De plus, il est intéressant de noter que "notre pied a toujours rendez-vous avec les mêmes culs d'engeances" que dans la campagne principale, pour paraphraser notre nain préféré. Ces engeances feront un peu l'effet d'ennemis obsolètes qui périront en deux voire trois coups tandis que les quelques nouveaux ennemis peineront à ralentir votre groupe, ou rouleau compresseur... Veuillez rayer la mention inutile.
Le jeu ne présentera alors presque plus aucun challenge même en mode difficile, le mode cauchemard n'offrira même pas la difficulté du mode normal de
DAO. La pause active n'est presque plus sollicitée, le jeu est moins tactique, et devient presque une sorte de hack'n slash par moment.
Heureusement, les combats restent agréables, dynamiques et bien mis en scène, comme dans le jeu d'origine, donc on ne s'ennuiera pas, mais pourquoi diable une telle baisse de difficulté ?
Finesse
Malgré la sacrée dose de violence et de brutalité pure présente dans cette extension, tout n'est pas à jeter, loin de là, car si une chose reste toujours aussi excellente, ce sont bien les dialogues.
Bien écrits, bien doublés, immersifs, intéressants, les dialogues du jeu de base émerveillaient encore plus par la finesse dans le choix de la réponse. Certaines pouvaient avoir des effets assez importants sur le déroulement de la trame, certains choix étaient très moraux, et on hésitait par deux fois avant de cliquer sur la réponse. Ici, c'est encore plus fin : les choix sont plus nombreux et plus cornéliens. Ils affecteront plus vos compagnons, que vous pourrez rallier à votre opinion via des persuasions pas toujours facile à réussir, ou que vous devrez combattre le cas échéant.
Ces choix et ces dialogues serviront admirablement le scénario, et, parfois teintés d'humour décalé, ils arracheront souvent un sourire au joueur. On se prêtera avec grand plaisir aux parlementaires avec des engeances douées d'intelligence, avec les nobles dirigeant fort Bastel, ou avec les esprits de l'immatériel.
On note encore une fois l'impossibilité de parler quand on le souhaite à sa fine équipe, ainsi que l'absence de romances et des séances de drague à la lueur du feu de bois, qui animaient les nuits aux campement.
Un autre voyage à Férelden
Graphiquement, l'addon est tout à fait similaire au jeu de base, c'est à dire en retard techniquement. Les rendus sont globalement aussi inégaux, mais donnent parfois de très belles choses. Cependant, ce qui frappe plus, c'est un style de paysage qui ressemble beaucoup trop à ceux que l'on avait pu rencontrer en parcourant Férelden. "Logique" me direz-vous, "on est toujours en Férelden !", il n'empêche qu'un peu plus d'imagination et de diversité aurait pu être agréable.
Arborant une ambiance plus sombre que les décors de
DAO qui n'étaient déjà pas des modèles de paysages gais et champêtres, les lieux de
Awakening seront tout de même agréables à parcourir, malgré leur taille relativement limitée.
Musicalement, c'est toujours aussi bon et le travail d'
Inon Zur est toujours aussi bien mis en valeur. On note vaguement quelques nouveaux thèmes, mais pourquoi rechigner lorsqu'une bande-son aussi magistrale que celle de
DAO est reprise dans cet addon ?
C'est au niveau de la durée de vie que
Awakening déçoit le plus. Il ne faudra donc pas plus de huit heures pour terminer le scénario. On pourra en compter environ douze de plus si on compte réaliser toutes les annexes du jeu, qui sont d'une qualité bien moindre pour la plupart. Heureusement pour sauver ce contenu annexe, la gestion de fort Bastel propose quelques quêtes plutôt sympathiques dont des parlementaires avec les nobles ou une enquête sur un complot visant à vous assassiner ainsi que les quêtes des compagnons qui sont globalement réussies.
Awakening est une extension décevante, malgré une base clairement excellente. Supprimant certains petits éléments du gameplay, facilitant les combats, il en ressort une extension empreinte de grosbillisme qui fait un peu "gros DLC" sur la forme et bien mieux sur le fond. Malheureusement, le scénario et les personnages très prometteurs ne sont pas assez mis en valeur à cause de la faible durée de vie de l'histoire principale.
On a donc un addon loin d'être indispensable, qui satisfait durant l'histoire et beaucoup moins lors des annexes. De plus, le constat est d'autant plus dur au vu du prix de cette nouvelle campagne, en particulier sur consoles.
28/03/2010
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- L'architecte
- Finesse dans les choix et les dialogues
- Le casting
- L'OST d'Inon Zur
- Les combats toujours sympathiques...
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- ... mais vraiment trop faciles et moins stratégiques
- Lieux trop similaires à ceux de DAO
- Une histoire sympathique mais beaucoup trop courte pour être exploitée suffisamment
- Annexes dispensables voire lourdes
- Dialogues avec les compagnons au camp quasi supprimés
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TECHNIQUE 3/5
BANDE SON 4.5/5
SCENARIO 3/5
DUREE DE VIE 2.5/5
GAMEPLAY 3.5/5
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