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Solatorobo: Red The Hunter
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Solatorobo: Red The HunterRed's chronicles
Si l'on se souvient de Tail Concerto, c'est pour le génie de Nobuteru Yuki (Vision d'Escaflowne, Chrono Cross) ou bien pour la qualité des scènes d'animation qui ornaient avec brio le titre de CyberConnect 2. Plus de dix ans après, le studio rempile avec une suite spirituelle du nom de Solatorobo: Red the Hunter. Tout paraît semblable, du staff débauché à l'univers mis en place. Mais cette fois-ci, la boite nipponne a pu profiter d'un large temps de battement qui va, semble-t-il, faire toute la différence. Préparez vous à embarquer dans une aventure puissante emplie d'un onirisme planant.
Red the hunterChasseur dans la république de Sheperd, Red Savarin parcoure les îles flottantes qui jonchent le ciel azur à bord de son vaisseau l'Asmodeus, accompagné de sa sœur Chocolat. Son fidèle destrier, un robot nommé Dahak, ne le quitte jamais et constitue sa plus grande arme, mais aussi son outil de travail. C'est dans ce monde peuplé d'autochtones chiens et chats anthropomorphes assistés par des machines de toute sorte que l'histoire de Solatorobo prend place. Les tribulations de notre canin de héros nous mèneront très vite à prendre part à un conflit qui met en jeu des forces qui le dépassent et qui vont s'avérer être la clé de sa mémoire perdue.
D'emblée, on doit se rendre à l'évidence, on ne peut nier l'essence volontairement classique du récit de Solatorobo. De même que l'on ne peut se soustraire à admettre la totale maitrise du scénario et de l'univers. En effet les retournements de situation sont légions et font preuve d'assez d'inventivité pour relancer notre engouement pour cette aventure qui fleure bon la fable merveilleuse. Par conséquent, ingéniosité et talent seront les maître-mots qui guideront la réalisation d'une atmosphère saisissante, laquelle laissera difficilement indifférent. Initialement, le jeu se veut très posé et propose une ambiance légère, presque bon enfant avec un second degré très présent. L'occasion pour le joueur de s'émerveiller en toute quiétude de la patte CyberConnect 2 qui fait mouche à chaque fois. On découvre le genre graphique totalement unique du soft, cette harmonisation des styles entre le crayonné old-school du 2D et la modélisation en cel-shading irréprochable de la 3D. Chaque décor est une occasion supplémentaire pour se rendre compte du savoir-faire du studio en la matière. L'intime complicité qui s'installe entre les bruitages, les animations des environnements et le dessin à proprement parler laisse pantois. On ressent une alchimie, presque une symbiose indescriptible qui fait que l'on se sent à l'aise, comme chez soi. Pas de faux pas, aucune fausse note ; Solatorobo marche droit et accorde ses violons pour qu'au final l'ambiance graphique nous éblouisse, tout simplement. Puis vient la seconde partie du jeu, qui verse un petit peu plus dans le sérieux, sans jamais sombrer dans le mélodramatique mais en gardant plutôt une partie de cette légèreté qui est une grande force du titre. Pendant cette séquence, les cut-scénes se font plus nombreuses, et surtout plus impressionnantes que jamais. Toujours en conservant ce mélange dimensionnel et toutes les qualités qui font la force des décors, ces passages réussissent à accomplir un exploit notable sur DS : apporter une dimension spectaculaire à l'événement. Avec l'emploi astucieux du double écran durant tous les passages marquants, CyberConnect 2 parvient à décupler la puissance de l'instant de façon à ce que le joueur puisse assister - si ce n'est contempler – à cette fantasmagorie issue du génie des développeurs. Pas de doute, la Nintendo DS crache ses tripes. C'est en sus pour cela que certaines chutes de framerate pourront venir s'immiscer ça et là durant vos déambulations. Au final, Solatorobo véhicule ces sentiments que les grands classiques à vocation plus ou moins épique tels les Grandia ou les Lunar savent nous procurer : cette fragrance d'aventure, cette émanation mélancolique et cet arôme homérique des grands crus. No boue terre houxImpliqué au cœur de cette histoire, un casting des plus appréciables. Pour peu que le style "furry" ne rebute pas, on pourra se délecter d'un character-design bien senti, très varié (de très nombreux PNJ possèdent un design unique) et surtout d'une qualité exceptionnelle. Comme sur Tail Concerto, on retrouve Nobuteru Yuki à la palette, cette fois-ci plus inspiré que sur sa précédente production. On s'attache alors facilement à ces petites boules de poil dont le côté "tout mignon" aura vite fait d'emporter notre adhésion. Très rapidement, notre attention est ainsi totalement captée et on se surprend à ne plus vouloir lâcher la console, tant on arrive à ressentir le soin, l'amour du détail et du peaufinage apporté. De ce fait, le scénario a beau être quelque peu convenu, on le suit sans aucun problème. Le cheminement demeure toutefois très efficace et la narration est de qualité, malgré quelques lourdeurs dans certains dialogues.
Petit "fun fact" qui finira de vous convaincre de l'intérêt des personnages : les dialogues sont ponctués d'onomatopées. Rien de sorcier en soi, sauf qu'elles s'avèrent être toutes en français, et ce même dans la version originale japonaise du titre. Vous aurez ainsi le plaisir d'entendre des "sapristi" ou des "la classe !" dans un accent délicieusement japonais. Loin d'être anecdotique, cela ajoute une bonne dose de fun et pourra prêter à sourire lorsque vous découvrirez de nouvelles intonations. Même s'il s'agit évidemment là d'un coup de marketing, tout ce qui relève du français étant très prisé au Japon. Un mot sur la bande-son par ailleurs : on prend les mêmes et on recommence. En effet, Chikayo Fukuda qui officiait déjà sur Tail Conerto (et aussi .hack) revient nous gratifier de ses mélodies qui siéent particulièrement bien à l'ambiance hétéroclite du titre. On notera surtout la performance de la chanteuse Tomoyo Mitani sur le thème de l'opening "And Then To CODA". Opening qui par conséquent se révèle être assez transcendant, en plus de la qualité et de la fluidité de l'animation sur DS. Grab and throwLe gameplay de Solatorobo: Red The Hunter ne vous fera pas avoir des migraines et ne vous torturera pas pendant d'éventuels cauchemars. Au contraire, on aura rarement vu plus simple. Une touche de saut, une pour attraper, et en voiture Ginette ! Red se sert du Dahak, son robot, pour se déplacer et neutraliser ses adversaires (parce que oui, dans Solatorobo, on ne tue pas les ennemis). Il vous suffira de saisir votre opposant puis de le lancer pour lui faire des dégâts et en venir à bout. "Mais c'est incroyablement répétitif ton histoire gringo !". Oui et non. Le pari était ici de réussir un système de combat simple, sans prise de tête, mais qu'il fallait savoir renouveler d'une manière ou d'une autre pour que le joueur ne s'ennuie pas. Et CyberConnect 2 ne s'en sort au final pas si mal que cela. Même si parfois la redondance sera tellement flagrante que cela pourra un peu vous ennuyer, la plupart du temps les combats sont plutôt inventifs et tellement courts que vous n'aurez pas le temps de le remarquer. Ici, le renouvellement passe par la façon de tuer ses ennemis et leur pattern, qu'il faudra quelque fois observer avant d'entreprendre une offensive à l'aveugle. Ne nous voilons cependant pas la face, Solatorobo reste extrêmement facile à jouer et les combats ne sont pas excessivement nombreux. Le gameplay viendra néanmoins se compléter au début de la seconde partie du jeu, avec quelques coups en plus, mais jamais rien de fantastique. Quoi qu'on en dise et aussi simplet que soit le système de combat, les développeurs ont réussi à y insuffler suffisamment de dynamisme pour que le tout reste plaisant à jouer. Et pour ceux qui ne jurent que par les stats et l'amélioration, sachez que Red gagne bel et bien de l'expérience pour monter de niveau, de même que l'on pourra customiser un tantinet le Dahak.
Mais Solatorobo c'est aussi une foultitude de mini-jeux amusants, un petit peu de la même façon que Final Fantasy Crystal Chronicles: The Crystal Bearers savait le faire. On retrouve ainsi le vol de Tail Concerto, de loin l'élément le plus ludique de ce dernier ; ou bien un simili de Mario Kart avec des avions, etc. Ces petits interludes sont très bien élaborés et chacun d'eux est précédé d'un bon tutoriel. Cela m'amène à parler des quêtes, élément central du jeu puisqu'il vous faudra impérativement en remplir certaines afin de poursuivre l'aventure. Comme tous les éléments du soft, elles bénéficient d'une attention spéciale. Toutes ou presque profitent d'une mise en scène assez singulière, d'une histoire particulière et de PNJ uniques qui la font vivre. Ces annexes constituent en réalité tout un petit monde, celui de Solatorobo. A travers elles, tout prend vie, l'univers paraît plus consistant et on s'immerge alors volontiers plus en avant dans l'expérience proposée. Il s'agit sans conteste d'un excellent moyen pour profiter au maximum de la richesse des magnifiques environnements et de l'humour du titre. StraightCyberConnect 2 a peut-être un peu pêché par excès de zèle en faisant en sorte que le joueur ne se perde pas. Le soft est très dirigiste, trop même. Certes, c'est une intention louable que de vouloir guider le joueur et d'assurer la réussite du casual. Cela dit, les développeurs en ont fait beaucoup trop. Entre un mémo de l'objectif en cours dans le menu, un indicateur sur la mini map et des dialogues très lourds qui rappellent quinze fois l'objectif en dix lignes (j'exagère à peine), on suffoque très vite et le joueur peut aisément se sentir un peu trop oppressé par tous ces artifices, pour la plupart inutiles. S'ensuit une sensation regrettable d'un plaisir entaché par l'agacement. On se consolera avec un menu très riche en contenu (sound test, images, cinématiques à revoir, bibliothèque qui enrichit le background) qui jouit d'une interface pratique, dans lequel on pourra passer pas mal de temps sur la vingtaine d'heures engrangées sur le titre.
A noter pour finir que Solatorobo regorge de références à Tail Concerto. On pourra notamment rencontrer les protagonistes du titre PSX, cela pour la simple et bonne raison que Red et Waffle (le héros de Tail Concerto) sont des contemporains. Les deux histoires se déroulent donc en parallèle et quelque part, cela semble logique une fois que l'on boucle Solatorobo. Solatorobo résulte de dix années d'un dur labeur accompli à la sueur du front de l'artisan joailler qu'est CyberConnect 2. On y discerne toutes les composantes d'un long travail d'orfèvre : l'immense soin apporté à chaque élément, la volonté d'obtenir un résultat sans commune mesure et le resplendissant éclat d'un bijou poli à l'extrême. Solatorobo est pétri d'amour et ceci, le joueur le ressent. Entre une patte graphique singulière mais ô combien savante et un souci du détail qui pousse à la perfection, l'héritier de Tail Concerto a toutes les qualités requises pour s'imposer sur DS. Si vous rêvez de vous plonger dans un univers onirique à souhait qui tire merveilleusement parti du cinéma d'animation japonais, lancez vous !
Solatorobo: Red The Hunter
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