Darksiders avait su surprendre. Un énorme pot-pourri de gros titres pour un jeu d’aventure relativement réussi. Si certaines idées étaient bien exploitées, l’ensemble souffrait néanmoins d’un manque flagrant d’identité. L’avis des joueurs était divisé. Ce deuxième épisode se charge de reprendre la même formule, de l’enrichir et surtout, de nous mettre dans la peau du deuxième cavalier de l'Apocalypse. Oui, cette fois, la Mort, c’est nous !
Tout est bien sauf la fin
C’est la fin des temps… L’équilibre a été rompu. La Terre est détruite. War, un des quatre cavaliers, est accusé d’avoir déclenché l’Apocalypse trop tôt. Il doit maintenant être jugé pour ses crimes. Mais son frère, Death, ne l’entend pas de cette oreille et décide de partir dans sa propre quête : prouver son innocence.Le Gardien des Secrets est son premier objectif… Il doit savoir. Il doit trouver le moyen de restaurer l’humanité. Il doit sauver War…Darksiders II reprend la bonne formule de son aîné et va directement piocher sa trame de fond dans le Nouveau Testament : l’Apocalypse. Cela a de grisant que l’on découvre un tout nouveau monde, complètement dévasté où tout est possible, tout est à faire. Une idée qui fonctionne bien et souvent mise en œuvre avec succès dans les jeux vidéos –
Shin Megami Tensei III et
Fallout pour ne citer qu’eux.
Bref, c’est morbide et en plus on contrôle la Mort, que demander de plus ?
Qu’on laisse les scénaristes aller jusqu’au bout de leurs idées, peut-être… Car si Darksiders avait déçu bon nombre de joueurs grâce à sa magnifique fin complètement bâclée, ce deuxième se paie le luxe de faire encore pire ! Il fallait oser…
Et c’est une très grande déception tant l’aventure elle-même est assez riche en nouveautés et rebondissements. La narration est réussie, bien plus que dans le premier épisode et surtout plus soutenue grâce à un doublage de qualité remarquable et des personnages secondaires convaincants. Les lieux visités sont justifiés et crédibles et, chose rare, l’ensemble dispose d’un background correct qui ne laisse jamais place au vide. Sans compter que les scènes marquantes s’enchaînent sans jamais se ressembler et tout, jusqu’à la fin, nous promet monts et merveilles.
Mais non, il a fallu qu’ils s’arrêtent comme ça, en plein milieu. Un teasing intolérable pour un éventuel troisième épisode.
Un air de déjà-vu…
Le gameplay construit autour de War, dans le premier épisode, ne cessait de nous rappeler une multitude de grands titres du jeu vidéo.
Portal,
God of War,
Zelda,
World of Warcraft pour les plus évidents. Plus que des clins d’œil, ils empêchaient presque
Darksiders de se forger sa propre identité.
Darksiders II lui, réussit son pari et redore le blason de la franchise.
Plus fines et mieux ancrées au sein de l’aventure, les différentes mécaniques de gameplay arrivent cette fois à convaincre et à nous faire oublier les références dont elles sont issues.
Cela dit, rien de véritablement novateur n’est à prévoir. On nage en terrain connu.
Une grande carte, des donjons, des armes à acquérir pour avancer, des boss à défourailler et un peu de promenades équestres sur Despair, votre fidèle monture squelettique.
Une différence majeure est cependant à signaler : un côté rpg/hack’n slash bien plus présent !
Tout d’abord, Death possède tout un arbre de compétences qu’il faudra bien étudier pour se construire son parfait combattant. Cela passe par le renforcement des aptitudes physiques directes, bien évidemment, mais aussi par des skills permettant d’invoquer toute une armée de morts-vivants. À vous de faire les bons choix pour faciliter votre avancée en fonction de votre style de jeu.
À côté ce cela, vous aurez maintenant une ribambelle assez incroyable d’équipements en tout genre. Lâchés par des ennemis ou découverts dans des coffres, votre inventaire en sera très vite rempli. Et l’idée géniale, c’est que vous pourrez les faire évoluer. Fusion, jauge d’exp, et même amélioration chez le forgeron, on s’en donne à cœur joie et notre Death peut devenir en un rien de temps surhumain (!).
Bref, un ajout notable qui renforce l’immersion du joueur dans l’univers de l’Arbre de Vie. C’est du tout bon.
…mais grandement amélioré !
Death est aussi bien plus agile que son frère War. Et cela influe considérablement sur le gameplay.
D’une part en raison de la présence de nombreuses phases de plateforme que l’on peut très vite rapprocher de la série des
Prince of Persia. Notre avatar se déplace en effet avec une aisance assez incroyable sur les murs et il faut avouer que c’est particulièrement jouissif de le voir ainsi arpenter nombre de donjons à une vitesse complètement folle.
Les lieux explorés gagnent du coup en verticalité et leur découverte est bien plus agréable que la relative linéarité au sol du premier épisode. On passe un temps fou à dénicher la plateforme qui va nous amener à l’artefact caché. Ce petit plaisir non dissimulé d’exploration – facile – au travers d’un personnage capable de tout faire.
Du coup, cela influe directement sur le cœur du gameplay. De manière globale, on passe bien plus de temps à explorer qu’à combattre, ce qui, auparavant avec War, était l’opposé.
Et qui dit exploration dans un monde semi-ouvert dit soucis d’ergonomie et retours sur nos pas incessants, trop souvent gonflants ? Détrompez-vous, c’est ici diablement bien pensé et rien ne sera plus agréable que de revenir dans une zone déjà parcourue pour en découvrir tous ses secrets.
Car, à l’instar d’un
Xenoblade, vous pouvez à tout moment vous téléporter où bon vous semble, et cela, sans aucune contrainte. Ajoutez une carte retraçant toute votre avancée, le menu vous aidant à vous y retrouver et un level design réussi et suffisamment clair toujours savoir où aller, se situer, et y dénicher le petit élément qu’il nous manquait (Pierres du Passeur – Reliques – Parchemins – Pages du Livre des Morts – et j’en passe). Oh, et on peut appeler Despair où bon nous semble – avec quelques limites bien entendu.
Jamais contraignant, toujours fun, on se plaît très vite à vouloir tout explorer dans ses moindres détails.
Sachant que, pas mal de quêtes annexes sont présentes dans cet univers, une bonne trentaine d’heures seront au programme pour peu que l’on compte aller botter les fesses de Bheithir, Sylvesang ou autre scélérat perdu dans un coin de la campagne.
En somme,
Darksiders II possède un gameplay vraiment réussi enterrant tranquillement son aîné.
Une direction artistique inspirée...
Techniquement,
Darksiders II utilise le même moteur 3D que le premier épisode : le
Oblivion de
Vigil. Ne faisant déjà pas partie de ce qu’il se faisait de mieux à l’époque, c’est avec une certaine crainte que l’on découvre les premières scènes du jeu.
Sans surprise, certains éléments accusent le poids des années et il ne sera pas rare, selon votre machine, de voir certaines textures s’afficher tardivement. Ces dernières manquent d'ailleurs cruellement de finesse et la modélisation générale – décors/personnages - reste assez sommaire.
Cependant et il faut le souligner,
Darksiders II arrive à nous décoller la rétine plus d’une fois !
La direction artistique du titre propulse l’ensemble à des millénaires du premier épisode ! Cette fois-ci, les décors sont incroyablement bien inspirés, les couleurs bien choisies, et chaque lieu, chaque donjon possède sa propre identité visuelle. Entendez par là que certaines contrées seront à la limite de la bichromie et qu’une explosion de nuances du même ton viendra titiller vos yeux. L’introduction est un magnifique exemple, tout en tons de bleu et de blanc du meilleur goût. Jamais sans excès.
Vraiment une belle prouesse visuelle que d’arriver à nous fournir de tels tableaux, de telles compositions, avec une modélisation si sommaire et une technique juste correcte. Un simple coup d’œil aux différents screenshots suffira à vous convaincre.
Bien entendu, le travail de
Joe Madureira en tant que directeur artistique, est ici à souligner. Il nous livre un design en or massif possédant bien plus de caractère que le premier épisode. Finie la DA classique cartoonesque ne rappelant que trop
World of Warcraft et autres productions de fantasy mainstream. Ici on a enfin un jeu à l’identité originale, propre et surtout détonante !
C’est beau, c’est classe et sert grandement le plaisir d’exploration. Du bon boulot.
... pour une bande sonore réussie
C’est une figure bien connue des fans d’
Assassin’s Creed ou autres
Hitman qui vient ici nous concocter la bande sonore du titre :
Jesper Kyd ! Un très bon mélodiste maintes fois récompensé.
Loin de la violence – relative – des compositions du premier épisode, signées
Cris Velasco et
Scott Morton, l’OST de
Darksiders II se veut plus calme, jouant bien plus sur l’atmosphère du lieu que l’on visite que sur l’aspect épique orchestral – souvent pompeux – de ce type de production. Un ensemble bien plus nuancé donc qui sert grandement le caractère « gigantesque » de l’épopée de Death. Moins marquant que celle du premier épisode, mais assurément plus adaptée.
Notons tout de même quelques perles à écouter d’urgence, comme
Guardian theme – transcendant toute la scène correspondante dans le jeu,
The Crowfather avec sa sublime montée et surtout…
The Corruption. Une piste qui, à l’image de
Tera dans
Final Fantasy VI, force le joueur à s'arrêter et tendre l’oreille. Simple, mais incroyablement efficace.
Une bande sonore loin d’être marquante, mais sans aucun doute réussie.
Darksiders II est étonnant. Il comble beaucoup de défauts du premier épisode tant au niveau du gameplay que de la narration. Il nous offre un aspect visuel assez incroyable qui, aidé de sa bande sonore, fournit au titre une dimension poétique presque unique en son genre. Plus riche, plus longue, plus prenante, l’épopée de Death est assurément un grand moment. Seulement la fin ne peut laisser qu’un goût amer et désagréable en bouche. Une fausse note malvenue et pénalisante qui gâche grandement cette magnifique aventure.
19/05/2013
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- L'aspect RPG revu à la hausse
- Esthétiquement sublime
- La narration réussie
- Le gameplay et son ergonomie
- Death
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- La fin bâclée
- Au final, trop peu de choses le relie à Darksiders...
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TECHNIQUE 3.5/5
BANDE SON 3.5/5
SCENARIO 3/5
DUREE DE VIE 4/5
GAMEPLAY 4.5/5
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