Après trois opus l'ayant imposé comme une série phare du T-RPG,
Disgaea revient en 2011 sur PS3 avec un quatrième épisode qui a la lourde tâche de succéder à ses aînés, tout en apportant son petit lot de nouveautés dont... l'arrivée de la HD !
Encore une fois,
NIS fait mouche dans son style si particulier.
But dood, why?
Les sardines entre l’huile et les aromates
Valvatorez le Tyran, voila un nom dont la simple évocation a fait trembler nombre de démons et d'humains redoutant sa puissance démesurée. Mais bien du temps a passé, et le voilà aujourd'hui le vampire le plus célèbre du monde des démons - devenu simple Valvatorez - prisonnier d'une promesse faite à une jeune femme qu'il ne peut se résoudre à briser, trop enfermé dans ses nobles convictions, se condamnant à ne plus boire une goutte de sang humain et à perdre une grande partie de ses pouvoirs. Sa superbe perdue, il s'est réfugié aux enfers avec son fidèle serviteur Fenrich pour devenir formateur des âmes humaines matérialisées sous forme de pingouins bleus, les fameux "prinnies", et nourrit une obsession inexplicable pour les sardines.
Mais cette paisible existence sans trop d'intérêt - au grand regret d'un Fenrich nostalgique - va être troublée lorsque le "gouvernemort" va décider d'exterminer les prinnies à qui il a pourtant promis des succulentes sardines, et briser une promesse, hors de question ! C'en est trop pour Valvatorez, qui bien malgré lui va se retrouver à la tête d'une rébellion pour remettre les choses en ordre, sauver les prinnies afin de leur donner les sardines promises, empêcher l'inutile et incompétent Axel de prendre le pouvoir dans le sous-monde, avant de se lancer dans des quêtes d'encore plus grande envergue comme sauver le monde, parce qu'on est quand même dans un J-RPG qui se moque des codes du genre. Et tout ça, grâce à sa foi sans faille en la puissance des sardines fraîches.
On ne va pas se mentir, les Disgaea n'ont jamais particulièrement brillé par la complexité et l'intérêt de leur scénario, privilégiant allègrement l'aspect loufoque et les séquences décalées succulentes. Cependant, force est de constater que cet opus fait un petit effort et propose une histoire un peu plus travaillée qu'à l'accoutumée, plaisante et intéressante à suivre malgré son côté parfois prévisible et qui se dévoile au fur et à mesure notamment à coup de nombreux flashbacks plutôt accrocheurs.
L'ensemble est servi par un casting haut en couleurs qui ne manquera pas d'étaler sa douce folie tout au long du jeu : l'addiction aux sardines de Valvatorez, la jeune Fuka au look de prinny persuadée de ne pas être décédée mais de se trouver dans un rêve, l'étrange Desco qui veut devenir boss de fin... On regrettera juste que ça ne se renouvelle pas suffisamment au cours des 10 chapitres principaux (le post-game étant clairement à part), finissant par tourner en rond et un peu lasser.
Copy. Paste. Dood.
Je suis un homme d'hommage. Les rouages essentiels du gameplay restant (presque) toujours les mêmes dans les Disgaea et comme je ne suis pas payé au mot (ni même tout court, après réflexion), je me suis dit, pourquoi ne pas faire comme NIS : du copier coller ? Je vais donc ici citer à quelques détails près ce qui avait été écrit lors de la sortie de Disgaea D2. Par moi-même.
Rappel visant les non initiés :
Les Disgaea sont des purs T-RPG avant tout tournés vers le gameplay riche et l'humour déjanté. On se trouve donc face à une succession de missions réparties sur dix chapitres principaux, entrecoupées par de petites balades dans le modeste quartier général. Là, on y trouve le strict minimum : les boutiques, le vendeur de compétences et capacités via les points de mana, le centre de soin, l'assemblée pour faire voter légalement, par la corruption ou par la force tout un tas de propositions (création de combattants humanoïdes ou monstres, bonus pour le prochain combat, accès à des missions secrètes pour obtenir de nouvelles recrues, augmentation de la qualité des objets disponibles en boutiques, réincarnation de ses combattants pour optimiser leur progression...), les accès aux différents mondes, et bien sûr, des démons aux dialogues très savoureux qui évoluent avec le scénario. Une fois ce lieu central quitté, place aux missions et donc aux combats, parce que bordel, Disgaea, c'est surtout ça !
Les combats, on commence à bien les connaître : tour par tour séparé en phases alliées et ennemies avec une équipe allant jusqu'à dix unités ; déplacement par case avec système de damier ; blocs colorés (géoblocs) influençant l'environnement qu'il faut utiliser ou modifier intelligemment à son avantage, voire détruire quand ils sont trop limitants ; possibilité de porter alliés et ennemis pour les lancer ou les empêcher de jouer ; attaques combinées par des alliés adjacents ; cartes parfaitement étudiées pour proposer des situations variées et pousser le joueur à réfléchir un minimum... Les affrontements sont toujours aussi bien étudiés et intéressants à jouer, forçant à utiliser les nombreuses possibilités pour progresser sans encombre. Même quand elle permet de s'en sortir, la simple force brute est rarement la voie la plus efficace.
Et puis, il y a le monde des objets (l'Item World), typique de la série. En s'immisçant dans nos propres objets, on peut en augmenter les caractéristiques sous réserve de réussir les combats qui s'offrent à nous. L'endroit idéal pour s’entraîner, faire progresser rapidement ses héros, remplir de façon conséquente son porte-monnaie et récupérer de nombreux objets rares. Sans oublier les pirates qui arrivent sans crier gare et dont on peut prendre le bateau pour ensuite pouvoir visiter l'objet sur des étages précis encore plus généreux. Mais attention, le challenge est très vite relevé, et une défaite cuisante nous renvoie à l'extérieur la queue entre les jambes. Ou presque : l'objet ne sera pas altéré, l'expérience est tout de même conservée.
Si le gameplay un brin complexe demande pas mal d'apprentissage pour les néophytes, le jeu n'est pas avare en tutoriels obligatoires et en explications fournies dans le QG. Et une fois l'ensemble maîtrisé, c'est la panacée. Pas trop de difficulté pour voir le bout de la trame principale malgré quelques missions ardues, mais bien plus de défi dans le post-game et surtout l'exigeant mais toujours aussi bon et diabolique "Land of Carnage". Des dizaines et dizaines d'heures de jeu en perspective pour qui voudra amener ses héros vers le Graal absolu, le mythique niveau 9999, puis vers la maximisation de toutes les stats via les cycles de réincarnation. Quand on aime...
Pour l'amour de la démesure
Évidemment, il y a quand même quelques nouveautés intéressantes qui ont débarqué, et que les habitués de la série vont devoir apprendre à maîtriser.
Tout d'abord, on débloque assez tôt dans le jeu la possibilité de fusionner deux monstres en combat pour en créer un géant. Plus fort, pouvant assommer des adversaires rien qu'en passant sur leur case et disposant d'une zone de dégâts accrue, il est en revanche moins mobile et plus facile à atteindre par les troupes ennemis. Les deux monstres impliqués gagnent de l'expérience et des points de mana, une manière idéale de les faire progresser plus rapidement.
Ensuite, on assiste au retour du magichange introduit dans Disgaea 3 qui consiste pour une unité humanoïde à utiliser un monstre comme arme pendant plusieurs tours. Outre le gain de nouvelles techniques et de statistiques selon celles du monstre utilisé, cela permet également de faire progresser les deux unités rapidement.
Mais Disgaea 4 pousse le concept encore plus loin, en permettant de débloquer la possibilité d'utiliser deux monstres en même temps pour jouer deux fois en un même tour, et notamment des géants issus de fusions. Je vous laisse imaginer le résultat, dont les ennemis abuseront sur les cartes avancées !
N'oublions pas la possibilité d'aller visiter le monde intérieur d'un personnage ("Chara Worlds") pour améliorer celui-ci et débloquer toutes sortes de nouvelles compétences. Un système similaire à ce que proposait déjà Disgaea 3 avec son "Class World".
Enfin, Valvatorez partant en croisade contre le gouvernement suprême, il doit constituer son propre gouvernement, dont les membres obtiendront divers bonus selon le poste occupé. Au fur et à mesure de sa conquête, le vampire pourra placer des bâtiments sur les territoires occupés et disposer ses troupes intelligemment autour pour bénéficier des effets qu'ils confèrent sur des zones aux formes variées. Et bien entendu, essayer de les cumuler sur une même case. Un système vite prenant, à mi-chemin entre Tetris et un mini-jeu de construction, dont l'utilité est bien plus grande qu'elle n'y parait de prime abord.
Bref, toujours plus complet, toujours plus intelligent, toujours plus fun, Disgaea continue de se poser comme une référence du genre.
Look at me!
Disgaea 4 est une petite révolution technique pour la série. Oui, après un
Disgaea 3 qui aurait pu tourner sur PS2 et ne rendait pas forcément super bien sur les télévisions haute définition, NIS a franchi le pas, place à la HD !
Bon, on se calme, cela ne concerne que les sprites et les artworks, et si ces derniers sont magnifiques et joliment animés, les sprites semblent eux tout droit sortis d'un jeu en flash. Après, les aires de combats restent vides et sommaires, du coup l'ensemble n'est pas toujours très homogène.
Mais franchement, quel fan de
Disgaea s'en soucie ?
Au son, on retrouve toujours l’indéboulonnable
Tenpei Sato qui reste fidèle à ses valeurs et revient avec des musiques toujours parfaitement dans le ton, soutenant à la perfection les situations grotesques, mais aussi celles plus sérieuses. Une bande son aussi riche que de qualité, encore une constante de la série phare de
NIS.
Enfin, si la trame principale peut se boucler relativement vite (une trentaine d'heures), le contenu global est tellement riche qu'il pourra occuper de très très longues heures supplémentaires. A chacun ses ambitions, et son investissement.
Lors de la sortie de chaque nouveau Disgaea,, un même constat s'impose : ça ne se renouvelle pas beaucoup, les avancées techniques sont timides, mais finalement, qu'est ce que c'est bon. Pour les joueurs qui adhèrent au gameplay et à l'univers décalé de la série, ce sont encore des grosses dizaines d'heures de pur plaisir qui s'offrent à nous avec ce quatrième opus réussi, le dernier avant de changer de génération de console. Avec autant de succès ?
30/03/2015
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- Richesse du contenu
- Gameplay complet
- Adaptabilité
- Humour
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TECHNIQUE 2.5/5
BANDE SON 4/5
SCENARIO 3/5
DUREE DE VIE 4.5/5
GAMEPLAY 4.5/5
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