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Terror of The Stratus
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Terror of The Stratus
Terror of The Stratus
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Terror of The StratusMysticisme et déluge de grenaille
Nude Maker, c’est Infinite Space, ce Space Opera sur Nintendo DS peu reluisant mais diablement addictif. Si la technique n’y était pas, la critique avait plutôt bien accueilli le premier RPG du studio nippon. Avec Senritsu No Stratus, la donne change largement. Les développeurs se lancent en effet dans la production d’un Action-RPG plutôt nerveux et mettent cette fois-ci le paquet sur la réalisation. Sur la PSP, la terre de Falcom et de ses Ys en pagaille, Senritsu No Stratus a-t-il le potentiel nécessaire pour créer la surprise ?
Evangelion je t’invoqueSenritsu No Stratus prend place dans une sorte de néo-Tokyo en proie à l’invasion des memes, des aliens qui assimilent la technologie humaine pour ensuite la retourner contre les populations. Venus depuis la Lune, ces êtres ont d’ores et déjà décimé une bonne partie de l’humanité. Mais cette dernière n’a bien sûr pas l’intention de se laisser faire et comme dans tout néo-Tokyo qui se respecte, une cellule de défense fut créée. Entre autres artilleries lourdes et gigantesques canons laser, un mécha se charge de trancher les plus gros spécimens de ces monstres. Le héros, Seishiro, est le nerf de cette cellule de défense. Après avoir été victime des memes en ayant vu sa sœur mourir sous ses yeux, il est contraint de se joindre à la résistance et deviendra le pilote du mécha après que son prédécesseur soit tragiquement décédé.
Si cette ébauche de scénario sonne comme un écho aux meilleures heures d’Evangelion, ce n’est vraiment pas pour rien. Le soft est un hommage vibrant à l’anime d’Hideaki Anno. Il en reprend les codes et le sel qui ont fait sa réussite. Les memes ont tout des anges, ces étranges créatures qui débarquent après le « Second Impact » dans la série nippone. Certaines séquences de Senritsu No Stratus sont caractérisées par le même aspect très sanglant et cru que l’on trouve dans Evangelion. Jusque dans les codes vestimentaires des protagonistes, on ressent l’inspiration flagrante de Nude Maker. N’en déplaise aux amateurs de japanimation. Mais par delà cet énorme clin d’œil qui concerne le fond et l’univers du soft, le développeur décide d’insister sur la forme afin de tout mettre en œuvre pour que le joueur (japonais en théorie, faut-il le rappeler) se sente chez lui. Avec Senritsu No Stratus, on est effectivement en présence d’une réalisation très typée anime. A commencer par le découpage en chapitres avec crédits à la fin et introduction en grandes pompes au début, rappelant ainsi la structure des épisodes successifs d’un anime. Un certain Sakura Taisen avait emprunté le même chemin en son temps. Toutefois cela ne s’arrête pas là. Pour accentuer l’impression que l’on « joue » vraiment à un anime, Nude Maker a littéralement incorporé une myriade de scènes qui semblent être directement issues de ces dessins animé japonais. Du reste, lorsque les moyens faisaient défaut, le studio a préféré user de plans fixes, façon visual novel, pour les moments les moins importants de l’histoire. L’avantage des procédés employés ici, c’est l’apport en vivacité au récit. Les personnages - qui bénéficient d’un character-design soigné et exemplaire - semblent réellement prendre vie, jusque dans les dialogues les plus banals où l’on ne s’est pas contenté de coller de simples artworks fixes, mais plutôt d’apporter un brin de dynamisme avec tout un panel d’expressions varié. C’est toute une mise en scène qui au final voit son potentiel décuplé. Let’s beginEt au vu de la tartine de parlotte que le joueur va devoir se coltiner, ce n’est réellement pas de trop. Le soft n’est en effet pas avare en dialogues. Même s’il faut relativiser ce constat, car le soft ne dure qu’une quinzaine d’heures, le fait est que Nude Maker a voulu apporter une certaine consistance à l’univers de Senritsu No Stratus. C’est donc chose faite, puisqu’aucun protagoniste n’est réellement en défaut de personnalité. Dans le monde restreint qu’est celui du soft, chaque personnage arrive à se faire sa place dans l’intrigue. Intrigue qui mêlera d’ailleurs enjeux internationaux, trahison et morts, avec ce que cela implique d’introspection du héros. A ce cocktail s’ajoutera une histoire d’amour en filigrane qui fera, encore une fois, usage d’un stéréotype issu de la japanimation : le tsundere. Dans le même registre, on retrouvera une petite dose de fan-service comme les japonais l’aiment habituellement, c'est-à-dire avec maillots de bain, eau et bouées gonflables.
Malgré certaines incartades où l’ambiance est plutôt bon enfant, de façon globale, l’atmosphère du titre se situe quelque part entre le mélancolique, l’électro et le psychédélique, en fonction des moments. Elle se trouve comme piégée dans un mélange assez singulier et qui parait opposer plusieurs composantes non miscibles. Pourtant Nobuko Toda arrive à en faire un tout harmonieux grâce à sa superbe bande-son. Il faut dire que la dame est une grande du jeu vidéo puisqu’elle a composé certaines des pistes les plus emblématiques de la saga Metal Gear Solid. La compositrice se trouve ici un nouveau style, qui tranche assez avec ses précédents travaux. Elle arrive à conférer à Senritsu No Stratus cet aspect un peu mystique sans lequel il ne serait plus tout à fait lui. Cela passe notamment par l’emploi de chants avec des sonorités plus ou moins altérées couplées à des riffs parfois endiablés de guitare, accordant ainsi au passage une touche moderne aux mélodies : une nécessité pour être en phase avec le néo-Tokyo. Dans le registre vocal toujours, on notera la bonne voire excellente performance des doubleurs japonais, d’une justesse rare et surtout omniprésents (la quasi-totalité des dialogues sont doublés). Et pour cause, Aya Endo et Mamoru Miyano qui doublent les deux personnages principaux ont une belle carrière derrière eux dans, je vous le donne en mille, l’anime. Endo a cependant doublé Leanne dans Resonance of Fate, Miyano Flynn dans Tales of Vesperia et Zael dans The Last Story, entre autres. A la sauce Ys ?Senritsu No Stratus est un action-RPG, mais de ceux qui possèdent une composante RPG juste assez proéminente pour qu’ils soient appelés ainsi. Sur ce registre là, on peut facilement faire l’analogie avec la saga des Ys, bien que cette dernière fasse une part bien plus belle à l’exploration que le soft de Nude Maker. Expliquons cela. Dans Senritsu No Stratus, la customisation est relativement linéaire. Tout votre équipement ne peut s’acquérir que via une borne située dans votre QG duquel s’organisera tout le soft. Votre arsenal est ainsi débloqué au fur et à mesure de votre avancée et il n’y a pas d’alternatives possibles à cela, de la même façon que dans la plupart des Ys, vous forgez vos équipements l’un après l’autre en parallèle avec votre progression. Dans les deux cas, il s’agit basiquement du moyen de mettre en forme la montée en puissance des personnages. Les similitudes ne s’arrêtent pas là puisque Senritsu No Stratus reprend une composante d’Ys Seven qui est celle du changement de personnage en combat. En effet, avant de partir explorer les terres dangereuses peuplées de memes, il vous faudra constituer une équipe de trois lurons - Seishiro le héros est toujours imposé – pour aller botter du cul d’alien. Il vous reviendra alors de choisir les personnages en fonction des styles de combat qui vous plaisent le plus, du double pistolet à la bonne vieille hache en passant par les grenades ou le combat au corps à corps. Une fois aux prises avec l’adversaire donc, vous pouvez à n’importe quel moment intervertir vos personnages selon la configuration des ennemis et leurs patterns. Ceci étant dit, n’espérez pas faire la totalité du jeu avec un seul personnage, car comme dans certains jeux de combat, mettre vos combattants en réserve permettra de régénérer progressivement leur vie. Un mécanisme qui s’avère salvateur tant les objets de soin coutent cher.
Intéressons nous maintenant à la moelle des affrontements. On pourrait qualifier le gameplay de nerveux, mais il l’est toutefois moins qu’un Ys: The Oath In Felghana. Toujours est-il que les joutes bougent bien et les super attaques sont disponibles assez souvent pour pouvoir ressentir un sentiment jouissif de destruction sans se lasser. D’autant plus que la multitude de types de combat apporte une variété bienvenue. En revanche, la répétitivité parvient à s’installer par un autre moyen, celui de la structure des chapitres. En effet, le cheminement est toujours le même : premièrement en début de chapitre les ennuis arrivent avec une invasion de memes. Puis le héros part explorer une zone pour récupérer des infos sur la situation et sur les monstres en parlant avec des PNJ et en nettoyant le secteur. Puis il faut rentrer au bercail pour donner les infos. Après cela vient la phase de combat en mécha contre le boss du chapitre. Ce schéma est répété à l’identique dans chaque chapitre. Ceci dit, la répétitivité n’a pas le temps de s’installer bien longtemps au vu de la courte durée de vie du titre. Mi-figue, mi-raisinSenritsu No Stratus possède une petite particularité qui concerne son exploration. Celle-ci se fait en effet en side-scrolling. Il s’agit là d’un mécanisme plutôt original, mais ne permet pas la création d’espaces ouverts avec de beaux et larges panoramas. Certains me rétorqueront qu’il s’agit de la PSP, et que Nude Maker a usé de ce mécanisme comme d’un cache-misère pour éviter de s’aventurer dans ce qu’ils n’auraient pas su maitriser. Certes, et c’est plutôt astucieux d’ailleurs, car conséquemment la technique reste très correcte et les décors, quoique succins et souvent semblables, sont réussis. Cela n’empêche toutefois pas quelques vilaines chutes de framerate par moments lorsque l’écran est un peu trop chargé.
Du reste, la maniabilité du titre est plutôt agréable et la difficulté progressive n’est pas sans déplaire à l’éventuel challenger qui se voit mis au défi. J’accorderais juste un point noir aux quelques phases de plateforme qui polluent vraiment l’exploration puisqu’elles sont particulièrement approximatives et ratées. Le joueur n’aura alors aucun mal à tomber dans le vide, même lorsqu’il sera sûr d’avoir réalisé un saut parfait. Et une chute est égale à une mort et un retour au début du secteur que vous êtes en train d’explorer, ce qui signifie un autre passage forcé par ce même point où vous êtes tombés. Le cercle vicieux est alors enclenché. Senritsu No Stratus c’est avant tout deux choses. La première un brillant hommage à l’anime japonais et à Evangelion. La seconde une ambiance tout à fait singulière portée par une bande-son à la fois mystique et épique. L’ensemble est servi par une réalisation plus que correcte et dynamique, tout comme l’est le gameplay qui remplit à merveille son rôle, celui de divertir le joueur. On accroche par conséquent facilement au titre de Nude Maker comme on en décroche difficilement, un peu de la même façon qu’un bon anime chronophage nous phagocyte notre vie sociale. Certains pourraient donc regretter sa courte durée de vie. Qu’ils se rassurent, Senritsu No Stratus est explosif.
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Terror of The Stratus
Trailer
Opening
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