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Horizon Zero Dawn
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Horizon Zero DawnRetour aux origines du monde
Ces dernières années, la scène du RPG occidentale a pris du poids. De très nombreux titres ont vu le jour, la plupart dans un univers médiéval, et la puissance des nouvelles consoles ont permis aux développeurs d'ouvrir les vannes pour nous inonder jusqu'à l’écœurement de mondes ouverts et de quêtes annexes. Néanmoins, tout le monde sait que la prise de poids amène au manque de souffle et au final, comme un p'tit gros, le monde des RPG occidentaux a du mal à se mouvoir, passant sont temps à procrastiner et à nous présenter des Arlésiennes. Heureusement, il y a des jours de prise de conscience, des jours ou l'on se remet à croire aux innovations, aux grandes découvertes. Et quand les créateurs de la saga Killzone pensent qu'il est temps de faire bouger les habitudes, ils décident de nous envoyer le messie que nous attendions. Ce messie prend la forme d'une héroïne charismatique, dans un monde nouveau qui nous ouvre les portes d'une grande aventure. Bienvenue dans Horizon Zero Dawn. CHASSE, PECHE, MACHINES ET TRADITIONSLa Terre, dans un futur lointain. La technologie n'est plus que le souvenir d'une civilisation disparue que l'on appelle Les Anciens. Les êtres humains sont retournés à un mode de vie primitif, composé de tribus et de croyances divines sans fondement. L'Homme n'est plus le chasseur mais la proie face à un prédateur de métal, des machines au comportement proche des animaux de jadis, puissantes et mortelles. Au milieu de cette nature féroce, une enfant nommée Aloy grandit sans connaitre ses origines et apprend de son tuteur les rudiments de la survie. Dans quelle but ? Afin de devenir digne de son clan et de pouvoir percer le secret de sa naissance. Dans un monde ou ne pas avoir de mère vous condamne à une vie de paria, la jeune fille n'aspire qu'à une chose, découvrir l'identité de sa génitrice.
Cependant, l'aventure d'Aloy ne va pas se cantonner à une simple recherche généalogique. Lorsque le destin s'en mêle, ce n'est jamais bon pour les héros de jeu vidéo et la belle rouquine ne fera pas exception, se retrouvant rapidement propulsée au rang de port étendard de sa tribu. Elle va alors entreprendre le voyage d'une vie dans ce vaste monde rempli de dangers, de secrets et de peuplades encore méconnues. Ainsi débute le récit d'une chasseuse de machine, parcourant les terres sauvages en quête de vérité, sur elle-même mais aussi sur l'histoire de son monde et le passé de l'humanité.
En règle générale, lorsqu'on pense post-apocalyptique, on imagine immédiatement un monde fait de métal rouillé, d'air souillé et de villes ravagées. L'univers proposé par Horizon Zero Dawn est bien différent. Nous sommes ici sur une terre redevenue vierge rappelant davantage la préhistoire. Mais il s'agit bien du futur, aussi il n'est pas rare, au détour d'un ravin, de trouver un passage souterrain menant à des ruines ancestrales dans lesquelles on pourra découvrir un décors totalement différent, composé de portes automatiques, d'ordinateurs holographiques et autre installations de haute technologie. C'est durant ces explorations que l'on pourra découvrir certains vestiges du passé et tenter de comprendre ce qui a fait du monde ce qu'il est. À la surface, les êtres humains sont regroupés dans des tribus aux origines et coutumes variées. On retrouve différentes influences culturelles que ce soit avec le clan des Noras, mélange du peuple inuit et amérindien ; les Kardjas, à mi-chemin entre l'orient et les aztèques ou encore les Oserams, rappelant davantage les premières civilisations du Moyen Âge. Autant d'identités, d’accoutrements et d'architectures, participent à la richesse de l'univers et renforcent la notion de voyage initiatique amené par le scénario. Mais pour rallier les quelques colonies sûres, il vous faudra traverser des régions infestées de machines et de bandits. Votre meilleur atout sera l'environnement et vous devrez tirer profit de toutes les cachettes qui vous permettront de chasser efficacement ou de traverser une zone sans y laisser la vie. Ainsi va le monde pour Aloy, une terre de dangers et de mystères où quelques lieux peuplés, allant du village de huttes à la cité de pierre, viendront offrir un instant de paix dans sa vie d'aventurière. C'EST BEAU, UN MONDE POST APOCALYPTIQUE LA NUITDisons le tout net, Horizon Zero Dawn est l'une des plus grosses claques graphiques de la génération actuelle, s’alignant aisément sur The Witcher 3 et même le surpassant sur certains aspects. Les décors, tout d'abord, offrent une qualité rarement atteinte grâce à une gestion de l'éclairage parfaite mettant en valeur un level-design soigné. Il est donc courant de s'arrêter quelques secondes, le temps de remettre sa mâchoire en place, lorsqu'on se promène dans une vaste plaine et qu'on aperçoit au loin une ville nichée à flanc de montagne. On prend également plaisir à constater que les collines que l'on voyait au loin ne constituent pas un vulgaire plan de fond mais bien des zones accessibles. Le jeu propose un terrain immense, certes avec ses limites mais entièrement praticable et adroitement construit, effaçant cette aspect "enclos" que l'on retrouve malheureusement dans bon nombre de mondes ouverts. Constituant un aspect important du gameplay, les décors ont donc hérité d'une grande attention sans que le reste ne soit négligé pour autant. En effet, alors que très loin d'ici, dans la galaxie d'Andromède, des colons humains ne parviennent plus à contrôler leurs maxillaires (#pique) ici les habitants disposent non seulement de textures digne d'une console next-gen, mais également d'animations faciales parfois troublantes de réalisme. On retrouve des phases de dialogues propres au format RPG occidental avec un champ contre champ basique mais néanmoins efficace. Aloy quant à elle, est la caution charmante du jeu ayant emprunté ses traits à la ravissante actrice Hannah Hoekstra, mais ne vous méprenez pas… nul fan service et autre excès de sensualité ici bas. Notre héroïne réussit ce tour de force peu courant d'être attirante sans décolleté ou shorty. Une femme à forte personnalité, au regard envoûtant et au sourire ravageur, voilà les atouts principaux de notre jeune chasseuse. Il est d'ailleurs plaisant de constater que Guerrilla n'est pas tombé dans la facilité. Les développeurs ont su donner naissance à une protagoniste qui donnera des papillons dans le ventre, sans sortir du contexte de son univers.
On constate également une bonne finition technique pour une expérience de jeu fluide et propre, seuls quelques glitchs anecdotiques durant les conversations seront relevés. Un seul souci au final, la gestion de la camera durant les affrontements dans des lieux fermés. En effet, la prise de vue assez rapprochée amène quelques difficultés de positionnement et peuvent s'avérer stressant voir fatals durant certains combats car on ne sait plus vraiment où se situent nos ennemis. Il s'agit là d'un problème récurrent dans les TPS, que The Witcher 3 était parvenu à gommer en proposant une vue légèrement surélevées dans les donjons. Cependant, cette petite zone d'ombre ne gâchera pas la qualité globale du titre qui se pose comme une nouvelle référence technique du genre. Enfin, dans la catégorie "Inutile et Indispensable", on notera la présence d'un mode photo très complet permettant d'immortaliser le jeu à tout moment. La possibilité de jouer avec la caméra, l'éclairage et divers effets vous garantira de très beaux fonds d'écran voire même, pourquoi pas, de très belles captures dans le cas ou vous seriez rédacteur pour un site spécialisé dans les RPG. Bien que cette fonction soit superflue, elle a le mérite d'exister et prouve surtout que les développeurs sont plutôt fiers de leurs travaux en matière de graphismes, à juste titre. Y'A L'BON CHASSEUR ET LE MAUVAIS CHASSEURS'il y a un aspect par lequel Horizon Zero Dawn s'éloigne du genre RPG, c'est bien son gameplay. Loin d'être mauvais, il est néanmoins plus proche d'un jeu d'action et rappelle beaucoup (trop ?) Rise of The Tomb Raider. Contrôler Aloy est un vrai plaisir. Du simple déplacement à l'escalade en passant par les phases d'infiltration, tout se fait de manière intuitive. Les affrontements demanderont un léger temps d'adaptation car, à la différence de la plupart des TPS, le titre ne propose pas (ou peu) d'assistance de visée. Il vous faudra donc gagner en dextérité, d'autant que le dynamisme des combats nécessitera de frapper vite et juste sous peine de se retrouver en mauvaise posture. L'arsenal de la jeune chasseuse n'est malheureusement pas très développé. En plus de vos deux armes principales, un arc et une lance, vous n'aurez droit qu'à un maigre éventail d'outils secondaires pour vous défendre ; à savoir une fronde pour chatouiller vos opposant et de quoi les entraver avec un lance-corde, quelques pièges ou encore une lance-cable électrifié. Vous pourrez cependant avoir recours à de l'artillerie lourde durant certaines bastons en prélevant le canon d'une machine sur son cadavre afin d'arroser copieusement les plus costauds. Aloy dispose également d'une importante garde robe, chaque tenue offrant certains avantages parmi la résistance élémentaire, la défense physique ou le renfort de discrétion. Il ne s'agira donc pas de rechercher le meilleur équipement mais de revêtir l'accoutrement le mieux adapté à la situation. Vous aurez également la possibilité de modifier ces éléments grâce à des pièces appelées bobines, ces dernières viendront augmenter ou ajouter des attributs d'attaque ou de défense. La notion bricolage n'est d'ailleurs pas à prendre à la légère (monde sauvage oblige) et il vous faudra apprendre à fabriquer vos munitions et autres objets de soins. Certes, de nombreux marchands croiseront votre route, mais il ne suffira pas d'être riche pour vous approvisionner et vous devrez souvent compléter votre paiement par quelques matériaux de récupération. Que ce soit des composants sur les machines ou bien des plantes, la collecte occupe une place importante dans le jeu et sera nécessaire à votre survie.
Également bien pratique, vos gadgets high-tech vous faciliteront grandement la tache. Le focus tout d'abord, petit appareil issu de l'ancien monde, fera office de scanner afin d'évaluer le nombre d’ennemis à la ronde ou bien d'entrevoir le cheminement prédéfini d'une machine afin de la contourner ou d'y poser un piège. Vous dénicherez également au cours de votre aventure un dispositif de contrôle qui une fois greffé à votre lance vous permettra de pirater toute sorte de technologies mais surtout les machines qui vous entourent. Vous pourrez alors retourner un ennemi contre ses semblables ou même, selon son espèce, en faire une monture afin de battre les routes plus rapidement. De nombreux autres secrets seront à découvrir et renforceront votre arsenal futuriste, mais pour cela il vous faudra plonger de plain-pied cette univers afin d'en sonder le moindre secret. UN VÉRITABLE PÈLERINAGESoyons honnête avec ceux qui se pose encore la question, Horizon ne vous tiendra pas captif devant votre écran durant 200 heures et ne propose pas non plus des centaines de quêtes et donjons. Une fois de plus, le titre affiche son côté hybride, proposant une durée de vie supérieure aux jeux d'action / aventure mais bien inférieure à la plupart des RPG occidentaux. Comptez donc une soixantaine d'heures maximum pour exploiter cet univers dans son intégralité.
En dehors de la trame principale relativement courte, diverses missions secondaires vous seront proposées, allant du service le plus basique au mini-scénario. Ces aventures secondaires ne sont cependant pas légion et la longévité du titre tiendra davantage aux différentes collectes que vous devrez mener. On se retrouve donc un peu frustré face à ce manque de diversité, d'autant qu'il y avait largement matière à varier les plaisirs. Au final, le pèlerinage d'Aloy, fil rouge de l'histoire, se voit entrecoupé de nombreuses phases de "farfouillage" dans la nature et quelques PNJ en détresse. Du contenu supplémentaire riche est bien évidemment une qualité sur le principe, mais peut devenir polluant s'il surplombe la trame principale. Aussi, bien que Horizon possède sans hésitation l'un des meilleurs scénarios de science-fiction, digne d'une production cinématographique, ce dernier voit son rythme continuellement brisé par de nombreux événements annexes plutôt anecdotiques. Si en revanche vous êtes amateurs d'exploration, de ceux qui ont tendance à ratisser les zones de fond en comble pour y trouver le moindre item, vous serez conquis. Comme toute terre désolée, l'architecture complexe des lieux obligera le joueur à se promener un minimum pour découvrir les conteneurs ou autres artefacts uniques. Cette chasse au trésor ne se fera pas dans la détente car il ne sera pas rare de tomber sur un troupeau de machines au détour d'une ruine, l’ennemi étant omniprésent dans la plupart des régions sauvages.
Au final, malgré quelques regrets quant à la narration, le bilan demeure positif. On se perd volontiers dans l'univers d'Horizon Zero Dawn grâce aux nombreuses interactions avec notre entourage couplé à une ambiance des plus envoûtante.
N.B. : Depuis l'arrivée du patch 1.30, il vous est désormais possible de recommencer l'aventure en New Game +. Également, un niveau de difficulté "Hardcore" est disponible permettant, si vous en venez à bout, de débloquer quelques options de personnalisation supplémentaires pour Aloy tels que de la peinture faciale ou différentes couleurs pour votre Focus. Ces bonus sont certes de l'ordre du gadget, mais on en a vu pondre des DLC payants pour moins que ça.MODE CINÉMALe sound design a toujours été la corde sensible de ce type de réalisation car un doublage de mauvaise qualité ou un manque d'ambiance peut totalement ruiner la dimension cinématographique que le jeu tente de transmettre. Horizon ne commet pas de faux pas ici non plus, offrant une prestation des plus aboutie. Les titres possédant une aussi bonne version française, dans l'écrit comme dans l'oral, sont (malheureusement) assez rares. Le niveau du doublage rejoint (encore une fois) celui de The Witcher 3 offrant du naturel dans le jeu d'acteur et le déroulement des conversations. La version originale est comme toujours un cran supérieure mais ne constitue pas LA seule version potable non plus. Le seul problème, et pas des moindres, vient de la synchronisation labiale. En effet, il arrive fréquemment de voir un personnage continuer à agiter les lèvres alors que sa phrase est terminée. Triste constat, d'autant que dans l'ensemble le titre donne l'impression que l'on est en train de regarder un film, vient ensuite cette désillusion, ce rappel à l'ordre, lorsque Aloy se met blablater sans qu'aucun son ne sorte de sa bouche. À noter que ce défaut est évidemment absent dans la langue de Shakespeare.
Les compositions musicales ne sont pas en reste et une fois de plus, Guerrila Games a fait appel à Joris de Man à qui l'on doit les travaux de la série Killzone. Ce dernier change complètement de registre pour nous offrir des mélodies bien plus proche du spirituel et du mystérieux, notamment avec le thème principal (ou Aloy's Theme) qu'accompagne la douce voix de Julie Elven. D'autres morceaux méritent également le détoure, comme le galvanisant Years of Treaning, reprenant la ligne principale ou encore le thème de la cité de Meridian, emprunt de sonorités à la fois celtiques et orientales.
En définitif, la qualité des musiques, des doublages et de l'atmosphère amènent une véritable alchimie qui propulse le jeu à un niveau largement supérieur à la moyenne. Hormis le problème lié à la synchronisation labiale, le sound design est orchestré à la perfection et contribue grandement aux nombreux frissons provoqués par le titre. On ne fait pas que jouer à Horizon, on vit Horizon. Dans une ère de stéréotypes vidéo-ludiques, faite d’héroïnes sexy, de démons et de mondes enchantés, Horizon : Zero Dawn réussit à nous garder sur notre bonne vieille Terre tout en nous offrant de l'émerveillement et du fantastique. La jeune Aloy parvient à rejoindre notre cher Geralt de Riv sur le podium des aventures next-gen que l'on se doit de vivre si l'on aime les belles histoires et et les expériences uniques. La perfection n'existant pas, on retiendra certes quelques bémols quant au gameplay, mais ils demeurent si petits face à tous les points positifs que leur abstraction se fera sans effort. Guerrila Games nous gratifie là d'une production exemplaire dans sa globalité et prouve qu'il est encore possible aujourd'hui d'offrir de la nouveauté dans le monde des jeux vidéo.
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