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Nioh: Bloodshed’s End
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Nioh: Bloodshed’s EndSur un malentendu ça peut marcher
En théorie, si vous avez suivi l'actualité de Nioh et de ses extensions vous connaissez la musique. Arrivé au troisième DLC, la structure doit être bien rodée : Team Ninja aura publié quelques patchs améliorant des détails de gameplay, puis élaboré une trame narrative d'une maigreur diaphane, laissant paraître quelques nouvelles zones à explorer tout en apprivoisant la dernière arme additionnelle, pour quelques heures de plus à arpenter les contrées japonaises. Et vous auriez raison, aucune justification à ce qu'il en soit autrement. Et pourtant...
Ton manqueEt pourtant il y a, pour parler de façon soutenue, une gonade dans la soupe miso. Ce qui catalysait l'envie de rechausser les getas au moment de la sortie de Dragon of the North et de Defiant Honor, au contenu déjà maigrelet, c'était bien la présence d'une nouvelle arme à maitriser. Or, ici l'absence d'annonce lors de la campagne promotionnelle n'était pas là pour entretenir le suspense, mais bien pour passer sous silence l'absence pure et simple de nouveauté. Vous avez bien lu, pas de nouvelle arme à se mettre sous la dent, alors que ce truc est vendu au même prix que les autres soit dix balles à peu près. Ce procédé de flemmard avide vous est "gracieusement" offert par Koei Tecmo, qu'on applaudit bien fort.
C'est peut-être parce qu'ils savent pertinemment qu'ils ont merdé que le développeur a inclus plusieurs skills supplémentaires pour chaque type d'armement, qui souvent viennent combler une lacune du gameplay initial. Même si toutes n'ont pas les mêmes honneurs (le Ninjutsu ne gagne qu'un type de parchemin quand l'Onmyô en chope quatre), ça homogénéise les armes et c'est plutôt sympa, mais clairement ce petit coup de pouce ne comblera pas le manque. Ce mini coup de gueule passé, abordons les menues nouveautés en termes scénaristiques et autres features qui, sans casser trois pattes à un canard ont le mérite d'exister. Elles. CliffhangerLa campagne hivernale de l'assaut d'Osaka touche à sa fin et William arpente les décombres du château à la recherche de Yodogimi et son éminence blonde Maria. Mais les deux dames qui servent d'antagonistes aux extensions ont plus d'un tour dans leur sac, et n'hésitent pas à se servir massivement de leurs réserves d'amrita pour créer de nouvelles abominations. Pas de gros changements de bestiaire, juste des slimes un peu plus puissants et des Oni qui gagnent encore un peu plus de masse musculaire et de bras (les effets des stéroïdes sûrement).
La Conclusion du Bain de Sang évoque quelques moments de l'histoire japonaise et son cortège de relations entre daimyos et serviteurs illustres, mais, très honnêtement, si vous êtes là pour l'histoire you're doing it wrong, comme on dit en bon français. Le vrai problème du scénario, c'est qu'en concentrant ses vagues prétentions cinématiques sur des personnages annexes, il oublie totalement qu'il a une trame narrative à conclure. On assiste du coup à une non-fin pour William et sa Némésis dont le combat se déroulera probablement sous d'autres auspices. Bref, si vous vous attendiez à une vraie conclusion vous l'avez dans l'os et en serez quittes pour jouer à un futur probable Nioh 2. Ce qui était certainement le principal point de mire de Team Ninja. L'extension se rattrape-t-elle au moins sur les autres tableaux ? Même pas. En terme d'innovation on fait face à un puits sans fond. Into the abyssSi les quelques missions additionnelles tentent d’égayer l’amer constat, avec quelques idées bienvenues dont une bataille d'endurance à un contre cent ou une succession de duels face à des maîtres d'armes, elles ne feront pas oublier le manque de motivation manifeste. Le dernier niveau est quasiment un décalque de celui du vanilla, avec son ascension d'une forteresse dont le clinquant ne fait heureusement pas ramer la console, et son boss rush qui précède l'ultime adversaire de la saga. Ce combat original a de la gueule et demande du doigté, sans pour autant fournir l’impression d'aboutissement qu'on devrait avoir à ce moment du jeu. Devant ce soufflé qui retombe, on en sera quitte pour partir dans les annexes, affûter nos armes, en prévision du dernier mode de difficulté "Way of the Nioh" qui ne change une nouvelle fois pas un broc des précédents, si ce n'est en termes de statistiques des ennemis.
Et le meilleur moyen pour ça, c'est de fréquenter massivement la (seule) nouveauté du dernier patch, accessible aux possesseurs des DLC : l'Abysse. Derrière ce nom se cache un mode survival sous forme d'un boss rush (oui, encore) qui s'étend à l'infini, ou presque. Mais qui aura la patience de descendre au niveau 999 ? Je vous le demande ! En gardant à l'esprit que le boss qui apparaît augmente de force à chaque palier franchi et, surtout, que William se retrouve affligé de malus dès lors qu'il entre dans les limbes, du type : baisse d'agilité, ennemis boostés, renforts constants, création de zones piégées impossibles à dissiper, altérations d'état et autres joyeusetés. Le seul moyen de contrecarrer lesdits handicaps est de partir naviguer sur le Styx et triompher des quatre petites épreuves qui vous y attendent. Tout le dilemme est donc de continuer pour l’appât du gain, au risque de tomber sur plus fort que soi ou de succomber face aux handicaps, ou s'échapper comme un pleutre, mais avec ses possessions intactes. Mais pourquoi s’infliger ça ? Tout simplement parce qu'il s'agit du seul moyen viable à ce moment du jeu pour booster les équipements à des niveaux encore jamais atteints. Dans l'Abysse, une pièce d'armure ou une arme peut être "corrompue", auquel cas elle devient impossible à équiper mais augmentera ses propriétés à chaque boss battu, et de plus en plus vite à mesure qu'on s'enfonce dans les profondeurs. Ce n'est qu'au moment où l'on remontera à la surface qu'on découvrira l'étendue des améliorations. Encore une fois, une simple course à la puissance, aussi efficace que répétitive. Bloodshed's End réussit l'exploit de décevoir une attente quasiment inexistante. On prévoyait a minima que ce dernier DLC nous apporterait une ultime arme supplémentaire et une conclusion digne de ce nom. Il ne contient aucun des deux. Entendons-nous bien, Nioh reste une valeur sûre de cette année et ses extensions ne font que renforcer l’intérêt qu'aura la future version complète de l'action-RPG hardcore. Mais en l'espèce, payer au prix fort ce qui n'est qu'un remballage cosmétique de ce que le jeu propose déjà frise l'escroquerie.
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