►
Compendium
►
Galeries
►
Médias
►
Le Site |
Drakengard
> Articles > Review
DrakengardShin Panzer Musô
Mélange d'action, de beat'em all, de shoot, et de jeu de rôle, Drakengard est un titre hybride qui se démarque par une ambiance malsaine et une histoire dramatique. Le tout est en décalage avec ce que nous avons l'habitude de voir dans les productions japonaises.
Sur le papier, la recette semble prometteuse. Voyons à quel point les développeurs ont réussi leur pari. Une histoire oséeCavia est un jeune studio de développement indépendant qui a été fondé en 2000 à Tokyo. Drakengard est leur 4ème titre et le second pour le compte d'Enix.
Le jeu se déroule durant une ancienne époque où les dragons volent dans les cieux. Dans ce monde, l'Empire rase les pays les uns après les autres pour les "remodeler" à leur guise. Tout commence lorsque l'un des royaumes est attaqué par les forces de l'Empire. Il se trouve que Caim, le héros du jeu, est un roi de L'Union qui s'oppose à l'Empire. Les deux forces se livrent un combat violent afin de contrôler la Déesse qui protège l'harmonie dans le monde. Trois "grands sceaux" sont cachés dans trois sanctuaires sacrés à travers le monde, et un quatrième qui unit et protège les trois autres est incarné à l'intérieur d'une femme, la Déesse. La légende raconte que si ces trois sceaux sont brisés, les dieux eux-même vont se manifester et semer les graines de la résurrection. On raconte que ces graines vont ramener la providence à l'humanité. Une histoire conventionnelle à première vue, mais le joueur va très vite constater qu'elle n'a rien de classique et ceci grâce au déroulement, en particulier pour un RPG japonais. En effet, le récit du jeu atteint une dimension très tragique, beaucoup de personnes vont mourir, et plus on avance dans le jeu, plus l'histoire prend des tournures imprévisibles, les événements se déroulent rarement comme on l'avait envisagé. L'ambiance quant à elle est puissante et surtout renforcée par des compositions musicales hallucinantes. Une violence barbare et un souffle malade et malsain règnent et donnent une sensation d'étouffement. De ce coté là, c'est réussi et l'immersion est totale. Tout ceci rend le titre très mature : les personnages sont adultes, l'ambiance très sombre et le jeu est assez violent de manière générale. Il y a donc du sang, de la douleur et de la souffrance. Le jeu suit un système de chapitres regroupés au sein de parties que le joueur parcourt de façon linéaire. Il n'y a pas de world map dans le sens classique du terme, il y a juste une carte qui sert à accéder essentiellement les quêtes secondaires. La complétion d'un chapitre donné ouvre la voie vers le suivant, et parfois si certaines conditions sont remplies, le joueur peut accéder à des chapitres cachés, et donc à des événements qui complètent le scénario. Un détail important : on peut revenir sur les chapitres déjà complétés autant de fois qu'on le souhaite. En suivant ce principe, Drakengard donne accès à 5 fins différentes qui dépendent des chapitres complétés et d'autres critères. Du coup, la durée de vie s'en retrouve impactée et les joueurs qui veulent voir toutes les fins doivent s'armer de patience car la tâche ne se révèle pas facile, et surtout bien longue. En gros, si vous voulez juste finir le jeu, ceci est faisable en 25 heures mais si vous voulez aller plus loin et tout voir, il faut compter pas moins de 50 heures. Quant à la difficulté, il y a un mode facile et un mode normal qui sont proposés, et ça reste d'un niveau moyen avec le mode normal, donc il n'y a pas vraiment de prise de tête. La durée de vie est ainsi très correcte, à condition que le joueur ne se lasse pas, car le gameplay est loin d'être passionnant. Je m'appelle CaimLe héros du jeu s'appelle Caim, le roi de son royaume qui se retrouve attaqué par l'empire.
Caim est un héros peu commun dans la mesure où l'avenir de ce monde le laisse indifférent. S'il se bat, c'est uniquement par plaisir. Il aime tuer, le sang et la souffrance. Seul son petit royaume et sa sœur comptent pour lui. Tout le reste n'est que cendre et destruction. De plus, Caim, sur le point de mourir lors d'une bataille, pactise avec un Dragon rouge afin que ce dernier lui donne sa force et lui permette de survivre. Les voici donc unis dans la vie comme dans la mort, dans le bonheur comme la souffrance, si l'un saigne, l'autre hurle. Une magnifique histoire, cruelle et sanglante, va se tisser entre les deux protagonistes, une relation très ambiguë pleine de haine et de douleur. En retour du pacte, Caim doit payer un prix. En effet, chaque pacte laisse un symbole "tatoué" sur une partie du corps de la personne concernée. Celui de Caim l'a frappé dans sa langue, ce qui l'a privé de la capacité de parler, le voilà donc héros muet malgré lui. Quelle ironie du sort, d'autant que le héros muet est fréquent dans les RPGs japonais, notre héros a perdu cette faculté pour se retrouver comme ces personnages clichés. Caim est un personnage très sombre, très intéressant et qui a une personnalité très complexe. Les épreuves épouvantables qu'il a endurées ont forgé sa personnalité, et ont fait de lui un personnage très fort, remarquable et charismatique. De la même façon, les alliés qui se joignent à Caim durant son aventure n'ont aucun désir de sauver ce monde qui est en train de sombrer en ruines. S'ils aident le héros, c'est pour leur propre intérêt. Voilà le genre de personnages qu'on ne voit pas très souvent dans un RPG et c'est l'une de particularités de Drakengard. Le jeu traite de sujets matures d'une façon peu conventionnelle, le ton est donné dès le départ et cette façon de procéder ne plaira pas à tout le monde. Mix Shoot/Beat them allLe gameplay de Drakengard alterne entre trois types de combats: sur terre, en rase-motte ou dans les airs sur le dos du dragon.
Commençons par les combats sur terre. Ces derniers rappellent inévitablement la série Dysnasty Warriors (Shin Sangoku Musô). Les missions terrestres se résument donc à occire des centaines voire des milliers d'ennemis en mitraillant le bouton action. C'est là que l'on voit tout de suite qu'il y a quelque chose qui cloche. Si le système est simple, les mouvements du personnage restent rigides et peu variés. De plus, le système de caméra est très gênant à l'intérieur des bâtiments. Les missions sont limitées en temps et le joueur se retrouve à massacrer des ennemis sans arrêt avant la fin du temps imparti. Même s'il y a un large choix des armes (épées, grandes épées, lances..), l'ensemble reste très limité en ce qui concerne l'utilisation, et seules certaines armes se révèlent utiles. Le joueur doit donc essayer ce qu'il a sous la main pour choisir l'arme qui lui convient le mieux. Le gameplay accuse un manque flagrant de profondeur pour un RPG, oubliez tout ce qui est customisation de votre personnage. En dehors des armes il n'y a rien d'autre à utiliser, ni d'objet ni d'équipement. Bien qu'il y ait de l'expérience gagnée et des niveaux qui montent, ça n'impacte que la barre de vie du joueur et rien d'autre. Cependant, les armes ont chacune 4 niveaux qu'on peut atteindre une fois qu'un certain nombre d'ennemis tués a été atteint avec ladite arme. Ceci lui permet de devenir de plus en plus puissante, de faire des combos plus longs, et surtout d'agrandir la barre de magie car chaque arme possède son propre sort. Concernant le deuxième mode de combat, toujours sur terre, il est possible d'invoquer le dragon à condition de se trouver dans un endroit bien dégagé, car encore une fois il y a une très mauvaise gestion des collisions et il arrive que le dragon refuse de venir car il y a un petit rocher pas loin, le genre de petits détails vraiment énervant. Une fois la bestiole invoquée, il est possible de terrasser les ennemis en grand nombre avec le souffle du dragon, à condition qu'ils ne soient pas équipés d'armures qui reflètent la magie. On se retrouve donc en rase-motte à balayer les ennemis en groupe, ce qui accélère et surtout évite de trop s'ennuyer à répéter pendant une heure les même gestes. Enfin, le dernier mode de combat se joue dans le ciel, sur le dos du dragon. Sielaa rappelle un peu la série Panzer Dragoon de Sega, notamment le système de lock, le jeu s'apparente aussi et surtout à la série Ace Combat de Namco. Pas étonnant, étant donné qu'une partie de l'équipe a bossé sur cette série. Cette partie du jeu est relativement bien faite et elle sauve un peu le ratage des missions au sol. À noter que la grande partie des boss du jeu s'affrontent en chevauchant le dragon, et que le dragon évolue au cours du jeu pour devenir de plus en plus puissant. Mais attention, en dehors des combats il n'y a rien d'autre au niveau du gameplay. Pas d'exploration, ni de visite de villages, ni de gestion de l'inventaire. On se rapproche beaucoup d'un pur jeu d'action. En plus des influences citées plus haut au niveau du gameplay, il y en a d'autres qui concernent l'univers. On ressent largement celle du Seigneur des Anneaux (terre du milieu, paysages très similaire aux films), et surtout certains éléments qui proviennent de Dungeons & Dragons comme le Beholder. Bref, il y a pas mal de références qui ont été exploitées dans le jeu avec plus ou moins d'adresse. Mais ce qu'on retient surtout, c'est que le gameplay du jeu est un mix Shoot them up et Beat them all assez raté, surtout la partie Beat them all. Même s'il y a un aspect RPG dans le gameplay, cela reste très limité car il se contente du strict minimum et c'est vraiment dommage. Techniquement faibleLa première chose qui frappe le joueur dans Drakengard est sa laideur. Les décors sont sommairement modélisés, et les extérieurs sont vides. Et pour empirer encore la chose, l'affichage est très limité, les ennemis n'apparaissent sur l'écran qu'à quelques mètres du joueur, et ceci quelque soit leur nombre. En intérieur, la modélisation n'a pas bénéficié de plus de soin. C'est toujours aussi vide et on se contentera de quelques textures sommaires, répétitives et moches. Le personnage se retrouve souvent bloqué par un mur invisible qui le sépare de quelques mètres du vrai obstacle, la gestion des collisions est vraiment risible et grossière. Et pour couronner le tout, la gestion de la caméra est atroce dans les endroits fermés.
Quant aux personnages, si sur les artworks ils sont très réussis, leur modélisation en 3D en revanche est ratée. De plus, les doublages anglais sont tout simplement mauvais, ce qui n'aide pas à les apprécier. Et ça ne s'arrête pas là, de nombreux ralentissements s'invitent dans l'action dès que le nombre des ennemis devient assez important. En rase-motte, il y a même un temps de latence systématique quand le dragon fait un demi-tour. La liste est longue, le jeu n'a bénéficié d'aucun soin technique. C'est vraiment le gros point noir, avec le gameplay répétitif et limité. Les cinématiques précalculées sont en revanche bien faites, même si certaine modélisations restent douteuses. L'esthétique générale du jeu est pourtant cohérente et plutôt réussie, ce qui sauve un peu le jeu du désastre. La bande son, quant à elle, s'intègre parfaitement dans l'ambiance du jeu. Il n'y a pas beaucoup de thèmes mémorables mais la musique est souvent bien adaptée à la situation. Des thèmes étouffés qui alimentent les combats, des répercussions qui se répètent pour donner une sensation de stress ou la musique générale qui prépare un combat, c'est toujours bien trouvé. Nous voilà devant un titre original mais un peu ambigu, les qualités du jeu étant en dent de scie. Certains aspects comme les personnages, le scénario ou l'ambiance en général sont bien réussis, tandis que d'autres sont médiocres, surtout les graphismes qui sont atroces et le gameplay qui est raté en raison de sa répétition et de la gestion approximative des animations et collisions, bien qu'il possède de bonnes inspirations.
C'est bien dommage, car le titre était très prometteur sur le papier.
Drakengard
> Commentaires :
Drakengard
Commentaires
[0]
26 commentaires
|