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Lionheart: Legacy of the Crusader > Commentaires :

Lionheart: Legacy of the Crusader

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1 commentaire
Takhnor

le 23/01/2016
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Ah Lionheart. Ou l'histoire d'un gâchis monumental.

Des RPG à base historique il y en a, mais relativement peu par rapport à ceux à base Fantasy, ou de Science Fiction ou de Space Fantasy. Et la plupart du temps, ils concernent des époques clefs habituelles : Moyen-Âge et Âge d'or de la Piraterie, principalement.

Ici, Lionheart est un jeu prenant place dans une uchronie à base historique mêlée de Fantasy, se déroulant à la Renaissance, sachant que les événements divergents ont eu lieu au Moyen-Âge et dont ont été témoins Richard III et Saladdin, entraînant une trêve nécessaire entre les nations chrétiennes et musulmanes dans le but de s'unir contre les hordes de créatures magiques.
Ainsi le Vieux Monde a vu apparaître des êtres issus des mythes antiques un peu partout, et il a été intéressant de voir les conséquences, comme les croisades et appels au jihad se retournant vers ces envahisseurs, les ordres de chevalerie ayant une attitude différente selon la culture vis à vis de la magie, avec l'Inquisition qui mène une traque sans merci contre tout être doué de magie. Tout en sachant que la Reconquista a été altérée, et que la "Conquète du Nouveau Monde" n'a pas été aussi aisée qu'en réalité.

Alors, déjà, cela crée une grosse incohérence, car il est quasiment impossible après une telle divergence d'obtenir les mêmes personnalités importantes qui ont vécu au XVe-XVIe siècle, mais bon c'est quand même sympathique de croiser De Vinci, Machiavel, Torquemada, Cervantès, Galilée, Cervantès, Shakespeare, Cortès, et d'autres*. Cela crée totalement une ambiance toute particulière.

*
voire le fantôme de Jeanne d'Arc !


La VO est d'excellente qualité, l'écriture des dialogues plutôt bonne (si je me souviens bien, Chris Avellone avait fait quelques travaux d'écriture également), et graphiquement, le moteur Velocity est intéressant là où les jeux Infinity Engine commençaient à accuser leur âge : le Veloctiy incorpore bien mieux les personnages modélisés en 3D dans un environnement iso en 2D. Et l'interface est assez agréable. À côté de ça, on visite un peu le Vieux Monde, ce qui part d'une bonne idée. Le jeu se joue comme un Fallout première génération, c'est à dire sans réelle possibilité de gérer ses compagnons à la Baldur's Gate, sauf que le tout est en temps réel, s'éloignant définitivement des possibilités tactiques. Lionheart sera d'ailleurs le dernier jeu historiquement à proposer le S.P.E.C.I.A.L. à l'ancienne, bien que prouvant que le système peut s'adapter.


Mais voilà, le jeu a été rushé et ça se voit. Très clairement.

D'abord, Lionheart n'acceptait à sa sortie qu'une résolution en 800x600 (qui lui fut beaucoup reprochée), alors... que le jeu peut accepter bien plus ! Il existe d'ailleurs un mod (sorti bien après, ça montre à quel point Lionheart fut boudé et oublié) qui permet facilement d'obtenir des résolutions plus convenables (surtout pour celles et ceux qui veulent jouer un personnage balistique).

Ensuite, sur la carte du vieux monde, ont été coloriées les nations que l'ont doit (normalement) visiter. Sauf que le Saint Empire Romain Germanique, qui est pourtant mis en avant sur la carte, est complètement zappé !

Pour celles et ceux qui ont déjà joué à Divine Divinity, vous vous souvenez de la dernière grande zone qui est vide de PNJ et où le jeu se transforme en pur hack n' slash ? Ça faisait environ 10-20% pour Divine Divinity. Et bien, pour Lionheart, ça tape dans les 50%. Oui. 50%. La moitié du jeu. On passe à la moitié du jeu d'un RPG à la Fallout orienté action à du brut hack n' slash bas du front. Certes, l'interface est quand même bien inspirée de Diablo, mais au début dans Barcelone, l'ambiance et le gameplay ne donnaient pas l'impression qu'on s'en tiendrait là dès l'arrivée en France (et encore certains donjons espagnols pouvaient présager le pire).

Et enfin, comme si ce n'était pas suffisant, la dernière zone (qui n'est bien sûr remplie que d'ennemis) est... quasiment vide ! Certes les ennemis sont costauds, mais là on sent vraiment que Lionheart a été bâclé. Le dernier bâtiment relève un peu, et les possibilités non martiales lors du combat final sont louables (il a été vraisemblablement été réalisé au moment de l'écriture des dialogues avant le "remplissage" de la zone), avec en plus un "cliffhanger" pouvant présager une suite.

Je n'ai pas parlé des musiques, mais les productions d'Inon Zur sont très agréables et collant à l'ambiance, surtout quand on sait que de son propre aveu (si je ne dis pas de bêtises), il les a expédiées en une journée.

Et je n'ai pas abordé un point épineux concernant l'époque : où sont les armes à feu ? Où sont les traits à poudre ? Je suis d'accord qu'il existe une certaine compétition et redondance avec des sorts de magie offensive, mais il n'en est pas fait mention. On sait que la poudre noire existe et est utilisée à des fins militaires, mais impossible de jouer un arquebusier. Pourtant, Arcanum avait réussi à faire coexister ces deux éléments, deux ans auparavant.

Au final, tout, mais alors tout, donne dans la déception. On n'est pas face à un jeu moyen ou sans ambition, mais face à un jeu amputé de la moitié de celle-ci. Un jeu qui aurait peut-être pu être une référence s'il avait tenu ses promesses. Qui aurait ouvert la voie à d'autres RPG Fantasy uchroniques. Et donné envie d'explorer davantage l'époque de la Renaissance. Mais au lieu de ça, et certes, cela se comprend, Lionheart a sombré, tout comme Black Isle.

Lionheart peut être appréciable pour qui n'est pas gêné par les A-RPG et Hn'S, et qui n'a pas énormément d'attente. Mais j'avoue que j'ai rarement été aussi déçu devant tant de potentiel.
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