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Drakengard 3
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Drakengard 3Une vengeance fugace
Après de nombreux déboires et décisions chaotiques, suite aux exigences pas toujours pertinentes d'un marché sans pitié, Drag-on Dragoon 3 voit le jour près de huit ans après Drag-on Dragoon 2 sur PS2. Comme vous avez pu le voir dans notre récente preview, la chronologie désirée par les auteurs intégrait NieR, mais après la perte de Cavia et la mise du projet entre les mains d'Access Games, ce nouveau Drakengard - son nom occidental - nourrit bien des incertitudes. Quelques reports en cours de route et le jeu est enfin disponible sur les étalages japonais en cette fin d'année 2013, nous allons donc voir si tout ce marasme était bien nécessaire.
PrologueDrakengard 3 est la préquelle du premier Drakengard. L'histoire conte une terrible guerre qui ravageait les terres désormais en proie aux flammes. Alors que l'espoir semblait être un luxe inaccessible, cinq créatures descendirent des cieux, les "Intoners", pour mettre fin aux conflits et régir le monde qui était alors divisé en plusieurs régions. Le calme semblait être revenu quand bien plus tard, une des Intoners s'appelant One décide de se réunifier avec toutes les autres pour amener définitivement la paix sous une même bannière. Malheureusement, ce n'est pas du goût de Zéro, la sixième Intoner laissée sur la touche pour trahison et qui ne comptait point offrir une telle opportunité à "ses sœurs". Accompagnée du dragon Mikhaïl, Zero provoque la colère et l'incompréhension de ses semblables qui lui donneront le châtiment ultime, la mort. Par chance, ou malchance c'est selon, Zero survivra. Cet événement renforcera sa haine et son désir de faire couler le sang, alors que Mikhaïl ayant perdu une partie de ses pouvoirs se voit considérablement rajeuni.
Drakengard 3 propose un récit d'héroïc-fantasy nimbé de sang. Car en effet, ce dernier coule à flot et la violence est une vertu pour notre anti-héroïne. Au cours de sa quête, peu nombreux seront les hommes - les apôtres - à l'accompagner en échange de quelques services sexuels, mais encore faudra t-il les libérer de leurs fardeaux auprès des Intoners. N'attendez pas de séquences particulières à ce niveau, car hormis une poignée de répliques le sujet est presque totalement occulté, mais ce n'est pas le seul. Les auteurs ont effectivement décidé de mélanger un aspect plus mélancolique avec une surcharge de violence gratuite enrobée d'une mise en scène un brin burlesque, laissant la part belle à un humour noir pas toujours du meilleur goût. Si la première scène "choc" du jeu ne laisse pas indifférent, on restera un peu déçu que la suite manque autant de créativité, comme si l'histoire se cherchait encore et toujours au fil de la progression. D'ailleurs, la trame principale s'avère très insuffisante, elle n'apporte presque aucune réponse et elle laisse la part belle à la suggestion et à l'imagination fertile des joueurs. Ça, c'est au début. Cependant à l'instar des jeux Cavia, il y a un envers du décor. Et il n'est pas certain que la sympathique idée qui en émergera justifie toutes les incohérences précédentes, y compris pour les fans, malgré quelques références aux anciens Drakengard. En somme, l'histoire est à prendre au second degré, et on en sort avec une impression mitigée rehaussée d'une certaine frustration tant il semblait y avoir la place pour faire plus subtil. On se consolera donc avec quelques phrases amusantes lors des niveaux, puisque nos personnages ont un gros penchant pour les critiques acerbes en pleine bataille. On regretta CaviaQui aurait pu penser qu'un jour on regretterait Cavia, un des studios les moins doués en programmation du giron Square Enix ? Il va falloir vous faire une raison, car Access Games a probablement battu le record de défauts techniques. En fait, à peu près tous les soucis de programmation possibles sont réunis dans le jeu, et il serait le candidat idéal pour montrer tout ce qu'il ne faut pas faire dans les écoles de jeu vidéo.
Au risque d'en faire l'inventaire, il semble inévitable de proposer le tour de ce qui vous attend : textures immondes, bugs graphiques, collisions hors sujet, clipping, caméra en panique, IA en carton, pixellisation, aliasing, ralentissements, pathfinding à la rue, micro-freeze et temps de chargement intempestifs... Si jamais vous n'avez vraiment pas de chance, le jeu plantera également, obligeant à le relancer. Et ce n'est pas le patch correctif de 500Mo qui vous sauvera. Le constat est sans appel et c'est presque un scandale de sortir un jeu dans de telles conditions au prix fort, au point que NieR - pourtant pas exempt de reproches - passe pour une référence à côté. Maintenant on note également des artifices bienvenus comme l'introduction en images de synthèse absolument magnifique, violente et sanglante certes, mais avec une Zero à la beauté écarlate qui nous rappelle l'époque où les cinématiques étaient perçues comme une récompense à l'égard du niveau graphique du jeu. Les menus sont également bien agencés avec une direction artistique de belle tenue. Les jolis artworks de Kimihiko Fujisaka nous rappelle qu'il s'agit bien d'un Drakengard. Cela ne suffira pas toutefois à occulter le festin d'accrochages de la partie principale, quand bien même les effets spéciaux sont réussis et le rendu sanguinolent de la tenue de Zero convaincant. Les protagonistes, moins massacrés que le reste, ne s'en sortent pas trop mal et les ennemis réservent de temps en temps de bonnes surprises, mais pas sûr que cela convienne à la majorité d'entre vous. Fort heureusement, Emi Evans et Keiichi Okabe sont associés pour nous offrir le probable point inattaquable du jeu : ses musiques. Tantôt agressives, tantôt douces et mélancoliques quand ce ne sont pas des chansons d'un autre monde qui nous bercent, on ne peut que saluer le travail du duo. Cela dit, l'ensemble n'est pas vraiment parfait, comme si la cohabitation s'était faite au prix de quelques sacrifices et surtout de l'utilisation dans le jeu pas toujours judicieuse. Rien de trop dommageable au final tout de même, sans oublier la qualité du travail sur les doublages et les bruitages qui font exactement ce qu'on leur demande. Drag-on MusouDrakengard 3 est un beat'em all massif avec des éléments RPG. Enfin ça c'était avant, puisque dorénavant le côté "Musou" laisse davantage de place à un beat'em all dirigiste dans la plus pure tradition. La structure du jeu vous propose de participer via un recueil aux différents chapitres de l'histoire, eux-mêmes décomposés en versets. A chaque verset sa mission, et un onglet supplémentaire accueillera toute la partie relative aux missions optionnelles. Ainsi les missions de la trame se décomposent en trois axes : d'abord les phases beat'em all où vous ne contrôlerez que Zero, ensuite les phases où vous dirigez le dragon. Ce dernier aura des niveaux en environnement cloisonné et d'autres qui s'apparentent à une sorte de shoot'em up sur rail.
Commençons par la phase beat'em all puisqu'elle représente près des deux tiers du jeu. Finis les niveaux ouverts et les milliers d'ennemis, ici ce sera bien si vous arrivez à une cinquantaine de troublions et le level design est, à deux ou trois exceptions près (un peu de plates-forme) particulièrement linéaire. En son sein, vous serez conviés à occire tout ce qui se présente à vous : soldats, golem, les (maudits) archers, mages noirs, ogre, cerbère et j'en passe. Certains d'entre eux, assez gros, vous donneront même l'occasion de faire un peu de démembrement que vous verrez aisément à cause de l'aliasing qui orne les jonctions. En parallèle, quelques caisses renferment des orbes de soin et des trésors comptabilisés en fin de mission, ainsi que trois coffres spéciaux qui eux offriront argent, armes et de quoi les upgrader. Pour s'y prendre, les actions sont simples puisque vous pouvez sauter, faire une esquive, vous protégez et bien sûr attaquer grâce aux touches triangle et carré. La protection peut faire office de contre et l'esquive est essentielle à maîtriser contre les ennemis coriaces ou une meute de loups, mais attention à la jauge d'endurance qui est ponctionnée sous votre barre de vie (elle remonte très rapidement). D'ailleurs, c'est également le cas des attaques avec le triangle qui correspondent à la fonction "spéciale" de l'arme, et qui peut être mise en combo avec le carré (un menu sur haut du pavé directionnel montre les enchaînements). Ces actions relativement basiques pour le genre sont légèrement bousculées par la touche R2 qui permet, via un effet de ralenti dans l'action, de changer d'arme. Les armes sont divisées en quatre catégories : il y a l'épée (trois types suivant sa longueur), la lance (pour briser les boucliers ou obstacles), le disque (pour atteindre à distance) et les gants (le corps à corps). Grâce à la fameuse touche R2 vous switcherez d'une arme à une autre dans le même combo avec un peu de pratique et c'est là tout l'intérêt du gameplay. Par exemple les squelettes qui ressuscitent ne peuvent être vaincus qu'en sabordant la garde du bouclier (lance) et en leur brisant les os dans la foulée (gants). C'est un type de combinaison comme un autre et il ne tiendra qu'à vous de tester les différentes possibilités. Ce système est assez fun car, et c'est un point incontestable, Zero se prend très bien en main et les sensations sont plutôt funs avec un joli temps de réactivité. La cerise sur le gâteau, où si jamais la caméra vous a fait perdre de la vie, c'est que vous pourrez appuyer sur bas du pavé de direction pour un accès à quelques objets salvateurs. Criant vengeance comme notre Intoner, vous massacrerez tous les ennemis possibles jusqu'à être recouvert de sang, synonyme que la jauge tout à gauche de la barre de vie est prête à l'activation via les sticks, vous mettant temporairement dans un mode berserker dévastateur.
L'autre type de missions concerne votre dragon. Dans la partie shoot'em up vous avez l'esquive et une poignée d'attaque qui vont de la charge à la boule de feu (le mode berserker est aussi valide) pour des séquences pas bien palpitantes. L'autre session, un peu plus technique, se rapproche légèrement du gameplay classique avec de menus ajustements dans les attaques, et il est toujours rigolo de cracher des flammes en pourchassant des fuyards qui juste avant vous criblaient de flèches dans le dos. En dehors des phases scénarios, un menu permet d'acheter des objets, des armes, d'upgrader vos équipements (il faut des objets spéciaux) et de choisir deux partenaires parmi les quatre hommes qui vous accompagnent (et qui ne servent à rien). Le dernier élément disponible viendra des quêtes optionnelles, répétitives et fatigantes à base d'épreuves chronométrées ; elles sont cependant essentielles pour acquérir expérience, argent et récompense. Tout cumulé, la vingtaine d'heures semble constituer une bonne moyenne pour la plupart des joueurs. Il n'y aura pas eu de miracle après un développement aussi houleux, Drakengard 3 est un véritable naufrage technique et un jeu vidéo dans l'ensemble plus que moyen. Pourtant, malgré une histoire moins limpide et moins bien écrite que par le passé, le titre offre de bonnes sensations manette en main et il reste un défouloir sympathique à l'humour noir controversé. Sans concessions donc, on peut dire que l'attente est bien trop généreuse envers une telle disgrâce, mais en prenant l'expérience en seconde chance et pas trop chère, elle pourrait satisfaire les plus téméraires d'entre vous le temps d'une vengeance sanglante.
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