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Dawn of Mana
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Dawn of ManaIl est temps de se lever
Lorsque les grands frères qui vous ont précédé ont fait, de diverses manières, l'honneur de la famille, il peut être largement délicat de venir prendre leur suite. Vous pouvez avoir de beaux atours, une voix suave et provoquer tout de même quelque méfiance, un peu comme si vous cherchiez seulement à profiter des traces laissées par vos glorieux prédécesseurs pour vous faire une place sous le meilleur des soleils. Et quand vos grands frères s'appellent Seiken Densetsu, quand, en plus, le dernier de la lignée avant vous (Children of Mana) n'a pas totalement convaincu les observateurs, le chemin qui vous conduira peut-être à la gloire, c'est certain, ne sera pas seulement bordé de fleurs. Beauty of ManaCe qui fait le charme de la série Seiken Densetsu, à savoir un enrobage toujours succulent (au moins pour son époque), est présent dans cet épisode : la scène d'introduction, présentant d'emblée l'intrigue comme un conte lointain des origines, vous plonge tout de suite dans une ambiance colorée (qui s'assombrit à mesure que le jeu avance), naïve, bien servie par une 3D remarquable pour le support et par une bande originale enchanteresse. Les voix prêtées aux différents esprits (qui nous rappellent que nous avons bien affaire au petit frère de la bande) ne laissent aucune place au doute : c'est bien dans le même bois chatoyant qu'a été forgé Dawn of Mana. Et, avec le recul, s'il y a bien une qualité qui n'a jamais quitté la série, c'est bien sa superbe esthétique.
Cet agrément de sens n'est jamais démenti par le jeu : les zones (immenses) présentent des décors réussis et des créatures qui métamorphosent dans une belle 3D des monstres que nous croisons (et, accessoirement, exterminons joyeusement) depuis maintenant plus de vingt ans. Ajoutez à cela une animation rarement prise en défaut et vous obtenez ce que vous attendez d'un rejeton de la famille Seiken : un jeu bien fini et séduisant. Si la bande originale reste au jugement des goûts de chacun, elle remplit parfaitement son rôle, et souffrira sans doute seulement (nous y reviendront) d'une éternelle comparaison avec les thèmes qui nous ravissent depuis des lustres. Les compositeurs (et Kenji Ito - celui du tout premier épisode) ont noblement rempli leur tâche et restent dignes de la brillante Epée Mana ! Cette esthétique de premier ordre cohabite avec un confort de jeu qui n'est cependant pas optimal : la caméra peut parfois jouer des tours et, si le personnage répond au doigt et à l’œil, les phases de plate-forme posent tout de même quelques problèmes. Rien d'insurmontable, mais un petit bémol tout de même de ce côté-ci. Legacy of ManaAu risque d'en faire presque un peu trop (on retrouve vraiment les monstres habituels, et même parfois des boss déjà affrontés par le passé), Dawn of Mana affirme et revendique tout au long de l'aventure une appartenance tenace à la série : il s'agit d'une terre au centre de laquelle se trouve un Arbre Mana, qui attire bien des convoitises et qui, s'il nourrit le monde, peut, mal employé, se retourner contre la vie même. Le scénario est prévisible : seule une intervention d'un héros qui se trouvait là presque par hasard (sinon pour sauver sa copine qui, on s'en doute, va devenir la déesse tant attendue) peut remettre de l'ordre dans tout ça, puisqu'un quidam mal intentionné (rappelant furieusement Julius ou le Chevalier Noir) a décidé de plonger le monde dans les Ténèbres afin de le dominer. Je n'invente rien, ce sont les esprits de Mana eux-mêmes qui nous racontent cette histoire, sous forme de chapitres d'ailleurs - ce qui appelle une remarque.
Contrairement aux épisodes précédents (dans la série principale tout du moins, car n'oublions pas qu'un Legend of Mana et un Children of Mana sont seulement des cousins), Dawn of Mana n'offre pas la possibilité de parcourir un monde qui s'ouvre petit-à-petit : le jeu séparé en chapitres l'est en autant de niveaux. Et même si les niveaux sont très grands, la sensation de liberté ressentie dans les épisodes précédents est un peu altérée ici : en ce qui me concerne, ce fut là ma principale déception. Accompagnée de celle de voir disparaître complètement villages et PNJ pour transformer le jeu en un Action-RPG très orienté action. Battles of ManaIl est indéniable que la série principale a toujours tenté quelques expériences de gameplay, qu'il s'agisse de la barre de charge du premier épisode, des fameux pourcentages du second (et de son anneau de commande) - système grosso modo repris dans le suivant. Ce dernier-né n'échappe pas la règle et propose un système surprenant : au début de chaque niveau, le héros repart au niveau 0 (Attaque, HP, Magie) et doit cogner du monstre pour se (re-)faire une santé. Pas seulement cogner, d'ailleurs puisque, très tôt dans le jeu, le héros obtient une sorte de fouet qu'il dit utiliser pour manoeuvrer les adversaires et, surtout, les balancer sur des objets ou sur d'autres monstres pour les sonner : ainsi fait, ils libèrent alors des médailles chaque fois qu'ils sont frappés, lesquelles augmentent alors les statistiques du héros. Or, si ce système peut paraître surprenant au premier abord - pour ne pas dire frustrant - il se révèle plutôt engageant à long terme : non seulement il évite les pics de difficulté, mais il pousse en plus à jouer ("détruire" serait sans doute le terme le plus précis) de façon un peu plus subtile qu'à l'habitude. Reconnaissons d'ailleurs ce mérite aux créateurs d'avoir vraiment remis leur chef-d'oeuvre sur le métier, là où ils auraient pu se contenter de nous servir notre propre nostalgie en 2D. Eh oui ! Même les vieux briscards vont devoir, avec humilité, ré-apprendre à jouer à Seiken Densetsu, quand bien même ils auraient retourné des dizaines de fois les épisodes précédents. Il est à noter que le jeu propose trois niveaux de difficulté, ainsi que des emblèmes à débloquer qui augmentent les stats du héros. La difficulté (au moins en Facile et en Normal) en fait une aventure agréable à suivre, mais avec quelque challenge tout de même sur la fin. Mention spéciale aux boss, très réussis et un peu corsés sur la fin tout de même ! Pour une quinzaine d'heures de jeu, l'ensemble est honorable. Ajoutez à cela un mode vous proposant une série de combats à réaliser dans un temps limité pour obtenir un jeu au contenu satisfaisant. Back to the ManaAvec les années, et surtout avec la parution, une décennie plus tard, de Trials of Mana (puis de Visions of Mana), le jugement sur cet épisode mal-aimé se révèlera peut-être plus contrasté. Les tentatives d'orienter le gameplay vers quelque chose de plus original ne connaîtront finalement pas de véritables aboutissements lorsque la série, les progrès techniques aidant, aura trouvé sa véritable carburation en 3D intégrale. En regardant un peu en arrière, tout de même, et lorsque l'on sait ce que la PS2 aura offert (notamment avec les épisodes de Kingdom Hearts), peut-être l'équipe de développement a-t-elle tout de même pris la mauvaise route ? Il est difficile d'être juste avec Dawn of Mana. Qu'aurions-nous pensé ou attendu du même jeu s'il avait eu un nom différent ? Est-il vraiment possible de mettre sur le même plan un A-RPG sorti parmi des dizaines d'autres avec ses frères qui étaient à l'époque le fleuron d'un genre sous-représenté sous nos latitudes ? Loin de m'acharner sur le sort de Dawn of Mana - comme un nostalgique aigri - je préfère au contraire rendre grâce à sa superbe esthétique, à son système de combat original, à son scénario charmant (et tout-à-fait digne de la série principale), et à quelques-uns de ses boss mémorables. Bien sûr, je regrette que le monde ne soit plus ouvert et qu'il n'y ait plus de villages. Mais enfin, il faut bien se décider à un moment : voulons-nous, après tout, toujours jouer au même jeu en faisant mine d'appeler la nouveauté ?
Dawn of Mana
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