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Persona 5
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Persona 5Awakening From Ordinary Life
On pourra dire qu'Atlus aura pris son temps pour préparer la sortie de ce nouvel épisode, 8 longues années pendant lesquelles l'éditeur/développeur n'aura eu de cesse d'exploiter jusqu'à plus soif le filon Persona 4. Une fois n'est pas coutume on prend les mêmes et on recommence, et c'est avec plaisir que l'on retrouve les principales têtes pensantes de la série aux commandes. De quoi aborder avec sérénité cet opus tant attendu qui reprend encore une fois les bases instaurées depuis le troisième volet. On ne change décidément pas une équipe qui gagne.
Usual SuspectIntenses, les premières minutes de jeu le sont certainement. Autant le dire franchement, Persona 5 démarre sur les chapeaux de roues et nous immerge dans son univers presque immédiatement. Vous, le "Joker", mystérieux leader du désormais célèbre groupe de voleurs d'un genre bien particulier, êtes pris au piège en plein casse et tentez vainement d'échapper à l'immense déploiement des forces de police qui vous encerclent. Car oui, vous avez bel et bien été trahi par l'un de vos compagnons et le gouvernement entend bien mettre définitivement un terme à vos agissements. Roué de coups et drogué, vos derniers jours de liberté semblent maintenant comptés, mais pas avant d'avoir avoué vos crimes et répondu aux innombrables questions que soulèvent vos actions qui ont bouleversé le Japon ces derniers temps.
Retour en arrière, nous voici maintenant au début de l'année scolaire, plusieurs mois auparavant. Vous êtes ce que la société qualifie vulgairement de délinquant, suite à un incident dont vous n'étiez pourtant pas responsable. En résulte votre transfert dans un lycée de Tôkyô et un nouveau domicile chez un ami de la famille tenant un modeste café. Votre réputation vous précédant, et la tradition immuable du héros muet dans la série étant encore une fois respectée, il va de soi que seuls vos choix vous permettront d'influer sur l'appréhension des gens autour de vous et d'en tirer les bénéfices via les fameux "Social Links" toujours présents mais rebaptisés "Coopérations" pour l'occasion. Tout comme ses récents prédécesseurs, le rythme du jeu se verra calqué sur ceux de Persona 3 et 4, c'est à dire au jour le jour, où chaque activité fait avancer les différents moments de la journée. Désormais la marque de fabrique des Persona, le mélange RPG/vie lycéenne fonctionne toujours à merveille, ajoutant de nombreuses sous-intrigues à l'histoire, et pimentant votre quotidien entre deux intenses "Palais". Mourning PalaceLa matérialisation de la personnalité des différents boss que vous traquerez tout au long du jeu prendront la forme de donjons que l'on appelle "Palais". Incarnation de leurs pires travers et de leur véritable identité, votre but sera de vous y introduire afin de dérober leur "trésor", leur bien le plus précieux, pour qu'ils confessent leurs crimes dans le monde réel. Et il faut bien admettre que ces endroits torturés nous offrent des niveaux à la fois uniques en terme de visuel, et surtout absolument brillants d'un point de vue level design. Oubliez les dédales peu inspirés des anciens Persona, ici le joueur est sans cesse surpris de par la nature même du décor, des petites énigmes disséminées ça et là, et de tous ces évènements inattendus qui arrivent sans crier gare et qui renouvellent en permanence une exploration déjà passionnante. Les développeurs ont même intégré un système d'infiltration, voleur oblige, qui vous permettra de vous cacher derrière des murs ou n'importe quel élément du décor pour surprendre vos adversaires et avoir l'avantage. Une jauge d'alerte est d'ailleurs constamment affichée à l'écran au cas ou les ennemis vous apercevraient, faisant grimper le compteur et vous menaçant d'expulsion s'il arrive au maximum.
Très réussie, cette nouveauté apporte évidemment beaucoup de sel à l'exploration et s'ajoute à l'excellent système de combat au tour par tour. Ultra dynamique de par sa mise en scène rythmée et ses nombreuses possibilités, on retrouve l'indispensable 'Hold-up' lorsque tous les ennemis sont assommés, et les personnages sont maintenant tous équipés d'armes à feu histoire d'apporter encore plus de variété au gameplay. Importé de la série mère Shin Megami Tensei, vous serez également capables de dialoguer avec vos adversaires pour les recruter dans vos rangs, ou bien encore d'interrompre le tour de jeu de l'un de vos compagnons au profit d'un autre afin de pleinement profiter des faiblesses ennemies. Car évidemment, jouer intelligemment de ces dernières demeure primordial pour espérer s'en sortir, tout en rendant les affrontements toujours plus stratégiques. Inutile de préciser qu'une fois n'est pas coutume l'éternelle Velvet Room d'Igor vous permettra bien sûr de faire l'apprenti sorcier avec les nombreux Persona du jeu, afin de les fusionner ou de les renforcer. Be Your True SelfComme mentionné plus haut, les "Coopérations" jouent ici le même rôle que les "Social Links", à savoir nouer des liens affectifs avec les membres de votre groupe ou des différents PNJ vivants dans la mégalopole japonaise. Se greffer à leurs vies vous permettra non seulement de varier l'aventure avec leurs petites histoires, parfois touchantes, parfois plus graves, mais toujours intéressantes, et aussi de gagner de nouvelles compétences passives souvent très utiles durant la partie RPG. Un autre aspect du jeu parallèle à la complétion des objectifs obligatoires de l'histoire principale, est la présence du "Mementos". Ce dernier n'est autre qu'un gigantesque donjon où chaque niveau se génère aléatoirement, à l'image des Chalice Dungeons de Bloodborne. Car si nos héros auront déjà fort à faire avec les grands criminels de l'histoire, il ne faudra pas oublier pour autant de venir en aide aux gens harcelés à leur travail, maltraités par leurs proches ou bien encore brimés à l'école. Toutes ces quêtes annexes se résoudront dans ce fameux Mementos, où vous pourrez vaillamment corriger les mauvaises attitudes des personnes en faute, tout en roulant fièrement à bord de votre classieux camion-chat.
Atlus a également pensé à tout afin de rendre l'univers toujours plus vivant, en offrant la possibilité de faire des petits boulots après les cours, d'acheter et de jouer aux jeux vidéo (avec quelques petits clins d'œil bien sympathiques d'ailleurs), de lire des livres, d'aller au cinéma, etc. Tout ceci, et à l'instar de la Coopération, augmentera certains traits de votre personnalité tels que le charisme, l'intelligence ou bien encore votre gentillesse, ce qui aidera également à pousser plus loin vos relations envers les autres. Bien entendu tout cela reste sommaire in-game et ne sera la plupart du temps que résumé ou sous forme de mini jeux basiques, mais tout cela participe à rendre tout de même l'univers qui gravite autour de vous plus crédible. Bas les masquesFidèle à ses concepts, l'histoire de ce nouveau Persona gravite autour de thématiques fortes liées à notre société et ses mœurs. Rares sont les RPG évoluant dans des ambiances contemporaines, encore plus rares sont ceux traitant de sujets intimement liés à la condition humaine, et ses problèmes du quotidien moderne. Exploitation des masses, corruption, suicide, quête d'identité, harcèlement sexuel ou moral forment un échantillon de tout ce que traite l'histoire du dernier né d'Atlus, et posent également une réflexion intéressante sur la notion de justice. Au delà du simple statut de RPG japonais, jamais la thématique des "masques" dans la série n'a été aussi bien exploitée que dans cet opus, puisant à merveille dans tout ce que la société produit de pire en terme d'idéologie ou de comportement. Persona 5 se veut à la fois réaliste, parfois cynique, mais aussi très drôle, et apporte indéniablement un vent de fraîcheur plus que bienvenu en terme de scénario, dans ce genre si codifié qu'est le RPG. Toujours passionnant et surprenant, le jeu se dévore littéralement et la centaine d'heures nécessaires pour terminer l'aventure ne suffit même pas à lasser.
On l'a vu, Persona 5, non content d'offrir un jeu au gameplay très complet et le luxe d'un level design de très haute volée, se permet également de pousser son concept beaucoup plus loin que ses prédécesseurs. Mais plus impressionnant encore, il serait absolument impensable de passer sous silence la fabuleuse et incroyable direction artistique des génies de chez Atlus. Tout dans cet opus transpire la classe, le style, même le moindre menu ou temps de chargement est un régal pour les yeux. Qu'il s'agisse de la disposition des options, du magasin d'équipement, de l'écran de fin de combat, ou bien des attaques combinées, tout est impeccable, beau, ingénieux, classieux. Ce travail de finition exemplaire est absolument remarquable et force le respect vis à vis des artistes qui ont œuvré sur ce jeu. Shigenori Soejima n'est évidemment pas étranger à cette réussite, son trait si reconnaissable donnant littéralement vie aux différents protagonistes, sans oublier les excellentes compositions de Shoji Meguro, très variées, qui parachèvent un tableau déjà exceptionnel. Persona 5 ne se contente pas d'améliorer toutes les qualités de la série, il en gomme également tous les défauts. Formidable expérience contemporaine se jouant des pires travers de la société moderne, possédant un système de combat en béton armé, une direction artistique de folie, une durée de vie phénoménale, ou encore un level design génial et j'en passe. Atlus signe là un véritable chef d'œuvre au souci du détail qui force l'admiration, véritable apogée du savoir-faire de l'éditeur en matière de RPG. Impressionnant.
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