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The Witcher 2 ~Assassins of Kings~
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The Witcher 2 ~Assassins of Kings~Would you please move that arse of yours?
En 2007, un nouveau studio Polonais, CDProjekt, entrait sur la scène du jeu de rôle PC avec The Witcher. Ayant pour l'occasion fait des merveilles du vieil Aurora Engine de Bioware, le jeu avait su adapter sans aucun souci l'univers d'Andrzej Sapkowski, l'auteur de la saga ayant inspiré le jeu. Reconnu en majorité pour sa narration et son ambiance au détriment d'une grande liberté, Geralt de Riv avait su marquer les esprits... Et c'est un euphémisme que de dire que cette suite était attendue. Chronique d'une séquelle mutante.
I'm a friend of non-humans. I have an offerIl s’appelait Geralt de Riv, c'était un Sorceleur. Un tueur de monstre mutant, entraîné dans les conditions les plus rudes depuis l'enfance, rendu presque albinos par l'ingestion de mutagènes. Torturé par l'amour tragique qu'il entretenait avec la belle Yennefer dans la saga littéraire polonaise, il a depuis le premier The Witcher totalement perdu la mémoire, après une longue période pendant laquelle tout le monde le pensait mort. Tout joueur du premier opus se souviendra de cette fin qui mettait en scène une tentative d'assassinat sur le roi Foltest de Temeria stoppée in extremis par Geralt ; et a encore en tête les yeux jaunes, caractéristiques des sorceleurs, du coupable. Depuis l'évènement, Foltest s'est pris d'affection pour Geralt et le trimbale partout où il va, comme garde du corps ; entendez porte-bonheur sur patte avec épée à deux mains en prime. Ce dernier s'exécute de bon gré, mal gré, motivé par la présence de Triss Merigold, la conseillère du roi, à ses côtés.
Et pourtant lorsque le jeu s'ouvre, Geralt est en prison, bien attaché à l'intérieur de sa cellule. Vernon Roche, commandant des forces spéciales Témeriennes décide d’interroger le captif sur les évènements du siège du Château de la Valette à l'issu duquel Geralt fut emprisonné. Finalement, Vernon croira en l'innocence de Geralt et décidera de le laisser s'échapper pour qu'il puisse partir à la poursuite du vrai coupable qui se révélera également être la clé de sa mémoire égarée. Le jeu propose de reprendre son personnage du premier opus. En conséquence, deux objets seront importés si vous les avez obtenus dans le premier jeu (l'armure du corbeau et l'épée d'argent AeronDight) sans déséquilibrer le jeu bien entendu, et quelques références à votre partie seront glissées dans certains dialogues. Rien de bien important, mais ça a le mérite d'exister. Dans le monde des RPG occidentaux, The Witcher se classe dans la catégories des jeux "story-driven" ayant pour principale ambition de fournir une histoire fouillée et évolutive, mettant de ce fait de côté une partie de la liberté qui fait l'apanage d'autres jeux de rôles comme les Elder Scrolls ou les Gothic, plus open-world. En ce sens, le soft de CD Projekt se rapproche plus des derniers titres de Bioware structurellement parlant, plus linéaires. Un tel jeu se devait donc de fournir un bon scénario pour oser concurrencer les mastodontes du genre. Et, comme pour le premier opus, la réussite est totale, et l'histoire constitue le plus gros point fort du jeu. C'est avec une joie non dissimulée que l'on retrouve l'univers sombre très médiéval de The Witcher, ses personnages fouillés et bien écrits et sa superbe ambiance soutenue par un monde réellement vivant. En effet, grâce à un système similaire au premier, les habitants vaquent à leurs occupations, discutent, se baladent, réagissent à votre passage, vont dormir la nuit, s’abritent lorsqu'il pleut, et caetera. Et cette immersion, cet univers et ses personnages se couplent à une histoire profonde aux implications politiques sordides dans la plus pure tradition du Trône de Fer (pour ne citer que lui), et à des choix moraux tous compliqués à faire et qui peuvent changer une grosse partie de l'aventure (lieux visités, quêtes proposées, histoire). Quelques scènes sexes beaucoup moins complexées que de coutume se retrouvent également dans l'aventure. Enfin pour terminer cette encensement en règle, on ajoutera qu'outre l'écriture toujours aussi soignée des dialogues, le jeu traite les thèmes matures et sérieux qu'il aborde - tels que la xénophobie, le terrorisme, le fanatisme - avec une justesse rare. En outre, les doutes de Geralt concernant ses(vos) choix, quelques peuvent être ses pensées et répliques cyniques sur le fonctionnement du monde, sont amenées de façon extrêmement subtile. Le système de dialogue, s'il se présente toujours sous la forme d'une liste, a subi une refonte réussie et propose maintenant de choisir entre différentes "idées générales" de réponse, à la manière d'un Mass Effect. Il existe d'ailleurs divers moyens d'influencer ces dialogues via les compétences : la persuasion, l'intimidation et l'utilisation d'un des signes du sorceleur. Pour finir sur une légère touche négative, il est regrettable de constater que le dernier acte du jeu est un peu trop court, et que la fin, si elle reste satisfaisante, n'a pas l'éclat de celle du premier opus. De plus, j'émets quelques doutes quant à la possibilité de profiter totalement de l'histoire sans avoir un minimum lu les bouquins, la mémoire de Geralt étant un des éléments centraux de la trame. Rien de bien grave cependant, car nous avons ici un des meilleurs scénario évolutifs jamais vu dans un RPG. SorcelolUn des points qui avait divisé la communauté concernant The Witcher premier du nom était son système de combat. Il se basait sur des clics de souris en rythme, et nous rendait finalement plus spectateurs des enchaînements très chorégraphiés du Sorceleur, que véritables acteurs de notre victoire. Les changements opérés sur cet opus déplairont probablement à ceux qui aimaient ce système de combat et sa facilité globale de prise en main. En effet le nouveau système de combat est beaucoup plus technique et le joueur y est beaucoup moins passif. Geralt dispose de deux coups d'épée différents, le coup rapide et le coup puissant, chacun attribué à un bouton de la souris et le joueur peut créer des combos en temps réel combinant ces deux coups, et les fameux signes du sorceleur qui font leur grand retour dans cet opus. L'utilisation d'un signe coûte un point de vigueur, tout comme l'utilisation d'une parade (on commence le jeu avec deux d'entre eux), ceux-ci se régénérant lentement en combat. Le système fait en définitive penser à une sorte de "Batman Arkham Asylum meets Gothic" : il hérite du système de ciblage de ce dernier et de son éternelle mais légère imprécision, maîtrisable avec l'expérience, et de l'importance du timing. Il est également très facile de passer d'un ennemi à l'autre, de caser une magie entre deux coups d'épées. Tout cela étant combiné avec la possibilité d'effectuer des roulades, on obtient un système qui gagne beaucoup en contrôle et en dynamisme par rapport à celui du premier opus, mais qui est également beaucoup plus exigeant, nécessitant un temps d'adaptation assez élevé. La courbe de difficulté du soft se rapproche d'ailleurs énormément de celle d'un Gothic : difficile au début, et plus facile alors que l'on approche de la fin .Sachez qu'un playthrough en normal requerra, du moins jusqu'à la moitié de la partie, l'utilisation de toutes les possibilités mises à disposition du joueur, à savoir le système d'artisanat (qui se passe en méditation et qui ne nécessite plus l'utilisation d'un feu de camp) permettant de fabriquer des potions pour se doper avant le combat, des bombes à l'efficacité dévastatrice, ou des pièges vous permettant de gagner du temps. Les sorts et les objets se sélectionnent via une semi-pause active (le temps est énormément ralenti) prenant la forme d'un menu radial très pratique d'utilisation. Le gain en terme de plaisir ludique et de challenge est énorme, malgré quelques arrachages capillaires qui peuvent survenir en cours de prologue. Un nouvel étalonL'immersion, ce gros point fort du jeu que j'ai évoqué plus avant, est évidemment soutenue par des graphismes qui sont tout bonnement hallucinants de beauté. Tout : textures, éclairages, végétation, modélisation, animations... tout est parfait, magnifique et varié. Le pendant d'un jeu qui n'est ni plus ni moins qu'un nouvel étalon graphique sur PC est de toute évidence la nécessité d'une grosse configuration, même si les graphismes en "low" demeurent on ne peut plus corrects et n'ont rien à envier à la plupart des RPG récents. Seules les animations faciales semblent avoir bénéficié d'un soin inférieur : la synchronisation labiale est bonne mais les visages restent un peu trop inexpressifs. Cette quasi-perfection technique (on échappe pas à quelques bugs) est au service d'une direction artistique fabuleuse, rendant l'aventure extrêmement contemplative. Tragiques, sales, complexes mais beaux, sublimes... Ces personnages qui poursuivent tous leurs propres buts sans se soucier un instant de ce qui les entoure, se faisant un ennemi de chaque opposant, se détruisent les uns les autres dans une zizanie sanglante qu'on suit avec autant de dégoût que de passion. En son cœur, il y a Geralt - vous, moi - dont les choix aussi cornéliens que dépourvus de manichéisme influencent réellement ces conflits. Et quand une telle profondeur scénaristique est accompagnée par une technique irréprochable, par une ambiance visuelle et sonore fabuleuse, et par un gameplay exigeant et tactique, c'est que l'on a affaire à un grand jeu de rôle. Digne suite du premier, The Witcher 2: Assassins of Kings, malgré quelques petits défauts qui ne pèsent pas lourd, est tout simplement un des meilleurs RPG jamais réalisés.
The Witcher 2 ~Assassins of Kings~
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