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Chantelise
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ChanteliseA Tale of Two Sisters
Chantelise est le premier jeu - et le premier RPG (le second étant Recettear, dont vous pouvez ici même lire la review d'un type trop cool) du petit cercle de doujingame EasyGameStation, originellement paru en 2006 au pays du soleil levant. Depuis, l'eau a coulé sous les ponts et le jeu est arrivé début 2010 dans nos vertes contrées à la surprise générale (et au prix de nombreux reports), en moquant pour l'occasion le pays de l'oncle Sam. Avec Chantelise, on a droit à un petit action-RPG sans prétentions et pétri de bonnes intentions, qui mérite bien quelques lignes sur Legendra, au moins pour pallier à certains écrits qui font, à tort, mauvaise presse.
Fly Me To The Moon~Chantelise, c'est l'histoire de Chante et Elise (Chante et Elise... Chantelise... vous suivez ?) deux sœurs qui apprennent à leurs dépends que les légendes sont rarement fausses dans le monde du RPG. La rumeur disant que les gens sortant les nuits de lune rouge sont maudits par une sorcière ne freine pas vraiment les gamines, attirées malgré elles à aller admirer le flamboyant astre. Et ce qui devait (évidemment) arriver arriva : une malencontreuse rencontre et un évanouissement plus tard, voilà que Chante, l'ainée, se retrouve dans la peau d'une petite fée. Une situation qui durera quelques années jusqu'au jour du ras-le-bol, et voilà le duo lancé sur les routes pour retrouver la trace de ladite sorcière, afin de briser la malédiction.
Inutile de chercher de l'originalité où il n'y en a pas, l'histoire est très bateau dans le fond et dans la forme. On alterne phases de jeu et de scénario sans vraiment sourciller durant les 5 chapitres qui composent l'aventure. L'histoire se veut un tantinet sérieuse et se laisse suivre jusqu'au dénouement final, sans pour autant être piffable à des kilomètres. Correct en somme, mais pas l'intérêt premier du jeu. Chante et Elise VS the WorldUne quête qui ne sera pas évidemment de tout repos et qui va impliquer un tabassage en règle de quelques tonnes de monstres dans des lieux divers et variés. La structure du jeu est celle d'un dungeon-RPG, un unique village servant de point de départ et plusieurs donjons à explorer, donjons eux-même séparés en plusieurs niveaux qu'il faudra totalement nettoyer pour ouvrir la porte jusqu'au suivant ; et cetera jusqu'à un boss bien corsé (heureusement, le jeu est plutôt clément, toutes les salles déverrouillées le resteront si on est amené à manger un game over, d'autant plus qu'on peut sauvegarder à n'importe quel moment). Pas de grandes énigmes ou de terribles dédales, parfois quelques séquences de plateforme pour varier un peu et quelques pièges vicieux, mais le tout reste très linéaire du début à la fin.
Chantelise brille avec son gameplay simple et efficace : une touche pour l'attaque, une pour la magie, une pour le saut, une pour le "lock" (à la manière d'un Zelda 3D), et une combinaison saut+attaque pour un "dash" et des commandes parfaitement expliquées par un court tutoriel au début du jeu. Le duo sait meuler comme il faut, et il serait idiot de le juger au sourire débile qu'il arbore constamment : Elise est une épéiste rapide qui s'occupe de gérer le combat rapproché, tandis que la petite Chante est une magicienne hors pair (et les fées utiles, ça court pas les rues !). Il faudra user et alterner les talents des deux sœurs pour progresser, certains ennemis étant plus sensibles voire insensibles à l'épée ou à la magie, et vice versa. Pour Elise, pas de secrets, on fonce dans le tas et on hache menu avec la grâce d'un boucher écossais. Pour Chante, c'est un peu plus subtil : elle doit auparavant absorber des pierres magiques pour avoir recours à la magie, pierres s'obtenant soit en tuant du monstre, soit dans les éléments du décor. Elles peuvent être utilisées une par une, ou être mixées pour créer de nouveaux sorts, en faisant attention à l'ordre dans lequel elles sont ramassées (la dernière pierre ramassée est la première utilisée) afin d'obtenir une combinaison valable, qui peut varier d'un simple boost physique à un bon gros météore qui one-shot tout.
Passé la première map servant à l'entrainement, le jeu démarre vraiment, et les choses sérieuses commencent. On fait face à un jeu bourrin et dynamique, les monstres arrivent par paquets et cognent dur, et on a vite fait de voir son capital HP fondre comme neige au soleil si l'on ne fait pas gaffe, particulièrement au début car il n'est pas très haut, d'autant plus qu'il n'y a ni recovery time (ce petit moment d'invincibilité après être tombé à terre), ni objets de soin mis à part ceux lâchés aléatoirement par les monstres. De plus, inutile de compter sur le leveling comme solution, puisqu'il n'y en a pas : les stats et capacités d'Elise dépendent uniquement de son équipement, et son total de points de vie de potions qu'elle doit ingurgiter ; le tout étant soit achetable, soit trouvable dans des coffres. Il est toujours possible d'aller farmer pour amasser de quoi dévaliser les échoppes - dont l'inventaire est renouvelé à chaque chapitre - mais le prix d'achat d'un objet doublant à chaque fois qu'on l'acquiert (et à contrario, son prix de vente est lui dégressif) rend la manœuvre rapidement obsolète. Chantelise offre un minimum et demande un maximum, on ne compte que sur ses petites mimines pour avancer, même si on est loin du niveau de certains ténors du genre. Coté technique, le jeu sent bon le rétro. Un mélange des genres 2D / 3D assez grossier digne de la grande ère 32-bits avec tout ce que cela implique de textures baveuses, un peu plates, et de sprites pixelisés : un ensemble mignon néanmoins assez pauvre, mais pas une agression visuelle non plus. Si le bestiaire n'est pas vraiment reluisant (une dizaine de monstres différents recyclés à chaque nouveau donjon) il y a en revanche un véritable effort fait sur la construction des cartes du jeu, chacune étant unique dans son design, certaines étant même très agréables pour les yeux par de sympathiques effets de lumière ou de couleur. La bande son est agréable et diversifiée et dessert très bien l'ambiance légère du jeu, tout comme le doublage japonais, correct dans l'ensemble et qui aide à donner une personnalité aux divers personnages. Le jeu se targe en plus d'une traduction de bonne qualité, et en 5 langues s'il-vous-plait (anglais, espagnol, allemand et italien en plus du français). Mais là ou cela pêche vraiment au niveau technique, c'est avec la gestion de la caméra. Entièrement manuelle et très lente à réagir aux commandes, elle devient d'un seul coup boostée aux stéroïdes si on utilise le lock, parfois même un peu trop : il suffit d'un affrontement dans une zone à relief ou simplement d'un saut pour passer dans le dos de son adversaire pour que celle-ci s'affole, voulant absolument se recadrer dans le dos d'Elise. Il n'y a pas de juste milieu, la caméra est soit trop molle, soit trop rapide, et demeure souvent la cause de nombreuses frustrations (et surtout de nombreux KOs).
Concernant la durée de vie, au grand maximum 10 heures sont suffisantes pour venir à bout de la storyline. Un chiffre qui peut gonfler un peu si on s'attèle à la recherche des donjons bonus, des coffres secrets (chaque carte du jeu en possède un à dénicher, et qui s'acquiert après résolution d'une énigme ou d'une épreuve liée à l'environnement), à la pêche (histoire d'échanger la poiscaille contre des items uniques) ou pour les plus acharnés au mode Time Attack. Ce dernier consistant à boucler les cartes le plus vite possible, ce qui n'apporte rien à part un petit sentiment d'accomplissement faute d'un de fierté, vu qu'il n'y a aucun moyen de comparer en ligne ses performances avec celles d'autres joueurs. Chantelise est assez moche. Assez court. Assez linéaire et répétitif. Un soft pas révolutionnaire pour un sou mais plus que respectable pour du boulot amateur, au feeling très sympathique et au gameplay efficace pour peu d'être réceptif au côté assez cheapos qui se dégage du jeu. Chantelise est un bon représentant du doujingame si on désire s'y intéresser, catégorie peu représentée hors des frontières japonaises (et qui ne le sera probablement pas avant un moment... pour l'anecdote, DHM Interactive, l'éditeur du jeu qui s'y était tenté a coulé après moins de 2 ans d'existence), d'autant plus qu'il ne faut pas une config' monstrueuse pour le faire tourner.
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